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Pascal Pavageau démissionne de la tête de FO après les révélations sur un fichier interne

Mercredi 17 Octobre 2018

Pascal Pavageau a annoncé mercredi sa démission de la tête de Force ouvrière, à peine six mois après son élection comme secrétaire général, à la suite de la révélation par le Canard enchaîné d'un fichier controversé sur les dirigeants du troisième syndicat français.

"Je démissionne", a déclaré M. Pavageau à l'AFP. Il ne cache pas son amertume dans un courrier dont l'AFP a obtenu copie, et qui, a-t-il indiqué, sera son unique expression publique.

"Pour l'ensemble de ces documents et ces erreurs de fonctionnement qui ternissent l'image de notre organisation ainsi que mes actions, je vous présente sincèrement mes excuses", écrit-il. "Visiblement, la cabale ne s'arrêtera pas là. Je savais qu'en acceptant le mandat de secrétaire général, tous mes actes seraient passés au crible, mais jamais à ce point".

Il y adresse un réquisitoire contre les "camarades", à qui il demande ironiquement d'être "fiers du mal" qu'ils lui ont "fait, ainsi qu'à l'organisation, en choisissant de faire passer vos intérêts personnels, votre petit pouvoir ou votre aigreur avant tout", sans donner d'explications détaillées sur l'existence du fichier controversé.

L'ancien secrétaire général fustige ceux qui souhaitent que "certains tiroirs ne soient jamais ouverts". "La première chose que vous avez cherché à m'imposer d'arrêter est la mise en place d'un audit sur l'état des finances internes", laisse-t-il entendre.

"En lisant son courrier, on voit qu'il ne se rend pas compte à quel point son fichier insultant pour certains dirigeants a fait du mal en interne", a réagi un responsable d'union départementale.

La direction élargie de Force ouvrière, composée de 35 membres, avait prévu une réunion mercredi matin à Paris pour évoquer l'avenir de Pascal Pavageau à sa tête. Cette réunion, qu'il avait tenté en vain, lundi, de reporter au 29 octobre, le temps de tenter de rallier des dirigeants à sa cause, a été maintenue pour décider de convoquer le parlement du syndicat (CCN) et de "tourner la page" Pavageau, selon un de ses membres.

Certains dirigeants espèrent pouvoir recentrer au plus vite le syndicat sur les sujets importants du moment: réforme des retraites, négociation sur l'assurance chômage et élections professionnelles dans la fonction publique en décembre.

- "Déclaration des Droits de l'Homme" -

Le fichier affublait une centaine de dirigeants de FO de qualificatifs comme "niais", "complètement dingue", "anarchiste", "bête" ou encore "trop intelligent pour entrer au bureau confédéral".

La révélation a fait l'effet d'un électrochoc en interne. Dès vendredi, Frédéric Homez, secrétaire général de la fédération métallurgie, avait invité Pascal Pavageau à prendre "lui-même la décision de démissionner". Lundi, ce dernier, réputé "réformiste", s'était allié à un confrère appartenant au bord "trotskiste" de FO, Hubert Raguin, à la tête de la fédération de l'enseignement, pour réclamer le maintien de la réunion de mercredi.

Lundi, à l'issue de la réunion hebdomadaire de la direction resserrée (Bureau confédéral) de FO à laquelle Pascal Pavageau était absent, comme quatre autres dirigeants, les neuf responsables présents ont publié un communiqué cinglant sur la "gravité de la situation".

"Nul ne doit être inquiété pour ses opinions", écrivent-ils, citant la déclaration des Droits de l'Homme, ajoutant que "nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation".

"Tout doit donc être mis en œuvre pour condamner et sanctionner en conséquence toute pratique incompatible avec ces principes fondamentaux et les valeurs et statuts de la confédération Force Ouvrière", avaient-ils insisté. 

Après avoir obtenu une copie du fichier, la Cnil s'est rendue au siège de FO vendredi pour "un contrôle sur place" dont l'instruction est toujours en cours.

Les rares soutiens de Pascal Pavageau avaient tenté de minimiser l'impact du fichier, voyant dans les demandes de démission une bataille rangée entre d'un côté les défenseurs d'une ligne "réformiste", basée sur la concertation avec l'exécutif, défendue par Jean-Claude Mailly, l'ancien numéro un du syndicat; et de l'autre, les partisans d'une ligne plus offensive, celle de Pascal Pavageau, adepte de manifestations et d'alliances avec les autres organisations syndicales.
 
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