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Malaise au Vatican : Castex rencontre le pape, en pleine tempête pour l’Église de France

Mardi 19 Octobre 2021

Un formulaire de signalement de délit a été mis à disposition de tout ecclésiastique en juillet 2020 pour rendre compte de faits criminels. Mais le Saint-Siège a confirmé la primauté du secret de la confession.
 
Le premier ministre Jean Castex a été reçu lundi matin au Vatican par le pape François, avec qui il a évoqué l’épineuse articulation entre la dénonciation de faits criminels et le «secret de la confession» après les révélations retentissantes sur les abus sexuels dans l’Église catholique en France.
 
Jean Castex, accompagné de son épouse, est arrivé peu avant 10h au Vatican où il a été reçu en audience privée par le souverain pontife.
 
«On a évoqué évidemment la situation de l’Église en France, le rapport Sauvé. Son discours consiste à dire que c’est courageux de la part de l’Église de France d’avoir fait son travail. Il fait confiance à l’Église de France pour tirer les conclusions. Il se réjouit qu’il n’y ait pas de déni», a déclaré Jean Castex à la presse à l’issue de l’audience au cours de laquelle les deux hommes ont échangé en espagnol.
 
«Ce n’est pas un scoop: l’Église ne reviendra pas sur le dogme du secret de la confession. Mais il faut à tout prix trouver les voies et moyens pour concilier cela avec le droit pénal, le droit des victimes. Il en a tout à fait conscience. C’est un travail au long cours», a-t-il ajouté.
 
La visite de Jean Castex, prévue de longue date afin de célébrer le centenaire du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège, a été bousculée par l’actualité après la publication le 5 octobre  des conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase).
 
Des milliers d’abus sexuels
 
Le rapport Sauvé dresse un état des lieux «accablant» en estimant à quelque 216’000 le nombre de mineurs victimes de prêtres, diacres et religieux depuis 1950 en France. Le pape François a exprimé sa «honte» et sa «douleur» après la publication de ce rapport.
 
En France, le débat s’est aussi noué autour du secret de la confession, que le président de la Conférence des évêques de France (CEF) Emmanuel de Moulins-Beaufort avait jugé «supérieur aux lois de la République», avant de rétropédaler en évoquant une «formulation maladroite».
 
Le Vatican lui-même marche sur des œufs: d’un côté, un formulaire de signalement de délit a été mis à disposition de tout ecclésiastique en juillet 2020; de l’autre, le Saint-Siège a confirmé la primauté du secret de la confession, le confesseur étant simplement encouragé à «tenter de convaincre le pénitent» d’alerter des personnes en mesure, elles, de saisir la justice.
 
Jean Castex, qui a indiqué avoir invité François en France, lui a offert un maillot signé de Lionel Messi, le compatriote du pape argentin qui évolue désormais au PSG, ainsi qu’une première édition illustrée par Tony Johannot de «Notre-Dame de Paris», le roman de Victor Hugo, datant de 1836.
 
Le pape lui a offert une mosaïque représentant des vignerons avec l’inscription «Que le fruit des vignes et du travail de l’homme devienne pour nous le breuvage du salut».
 
Jean Castex a ensuite visité la Chapelle Sixtine et la basilique Saint-Pierre en compagnie du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et du chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian.
 
Diplomatie européenne
 
Dans l’après-midi, Jean Castex sera reçu par le chef du gouvernement et ancien patron de la Banque centrale européenne Mario Draghi.
 
L’occasion d’incarner davantage le réchauffement des relations entre France et Italie, marquées par des épisodes de tension, notamment sur la question migratoire quand le leader d’extrême droite Matteo Salvini était ministre de l’Intérieur.
 
Le sujet s’invitera évidemment de nouveau à la table des discussions, alors que la France exercera à partir du 1er janvier la présidence tournante de l’Union européenne.
 
Dans ce cadre, Paris compte faire du renforcement des frontières de l’Europe une de ses priorités, en mettant notamment en place des camps d’enregistrements sécurisés aux principales portes d’entrée sur le continent, dont l’Italie.
 
L’enjeu est d’amener Rome à mettre en place ce filtrage, qui conditionnera une «politique de solidarité», c’est-à-dire l’attribution de fonds, objet de négociations serrées à Bruxelles depuis un an.
 
Enfin, Jean Castex et Mario Draghi devraient affirmer leur volonté de voir aboutir rapidement le projet de traité du Quirinal, initié en 2017 pour donner «un cadre plus stable et ambitieux» à la coopération franco-italienne, sur le modèle du traité de l’Élysée entre France et Allemagne. (AFP)
 
 
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