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Macron suscite la controverse en évoquant le maréchal Pétain

Mercredi 7 Novembre 2018

CHARLEVILLE-MEZIERES, Ardennes (Reuters) - Emmanuel Macron a jugé mercredi “légitime” l’hommage qui sera rendu aux huit maréchaux de la Première Guerre mondiale, dont le maréchal Pétain, soulignant la complexité de l’homme, “grand soldat” en 14-18 ayant fait des “choix funestes” en 39-45.
 
Organisée samedi aux Invalides par l’état-major des armées et le gouverneur militaire de Paris, une cérémonie prévoit de rendre hommage aux maréchaux qui ont dirigé les combats pendant la Grande Guerre et oeuvré pour la victoire finale.
 
“Le déroulement de la cérémonie ne prévoit aucunement un hommage à Philippe Pétain”, souligne-t-on à l’état-major.
 
Cinq maréchaux sont inhumés aux Invalides - Foch, Lyautey, Maunoury, Fayolle et Franchet d’Esperey - et seront les seuls à être nommément cités, précise-t-on.
 
Des gerbes seront successivement déposées sur les tombeaux du maréchal Foch et du maréchal Lyautey, puis au caveau des gouverneurs, où sont inhumés les maréchaux Maunoury, Fayolle et Franchet d’Esperey.
 
Outre Pétain, les autres maréchaux sont Joffre, enterré à Louveciennes (Yvelines), et Gallieni, inhumé à Saint-Raphaël (Var).
 
“Le samedi 10 novembre ne seront honorés que les maréchaux présents aux Invalides : Foch, Lyautey, Franchet d’Esperey, Maunoury et Fayolle”, avait souligné sur Twitter l’Elysée au terme d’une journée dominée par la polémique suscitée par les propos du président, en marge de son périple “mémoriel” pour marquer le centenaire de la Grande Guerre.
 
“Le maréchal Pétain a été pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat, c’est une réalité de notre pays, c’est aussi ce qui fait que la vie politique, comme l’humaine nature, sont parfois plus complexes que ce qu’on pourrait croire, on peut avoir un grand soldat et avoir conduit à des choix funestes durant la Deuxième” Guerre mondiale, a dit le chef de l’Etat à la presse à Charleville-Mézières (Ardennes).
 
“Je considère qu’il est tout à fait légitime que nous rendions hommage aux maréchaux qui ont conduit aussi l’armée à la victoire et que cet hommage soit rendu, comme il l’est d’ailleurs chaque année par l’armée française”, a-t-il plaidé. “Je ne fais aucun raccourci mais je n’occulte aucune page de l’Histoire.”
 
“RACCOURCIS DOUTEUX”
 
Chef de l’Etat français sous l’occupation allemande, le maréchal Pétain est mort sur l’île d’Yeu (Vendée) à l’âge de 95 ans, en détention. Le vainqueur de la bataille de Verdun en 1916 avait été condamné à mort après la Seconde Guerre mondiale pour “intelligence avec l’ennemi” et “haute trahison”, mais sa peine avait été commuée en réclusion criminelle à perpétuité en raison de son âge avancé.
 
Cette condamnation exclut, précise l’Elysée, l’entrée du maréchal au Panthéon au nom de “Ceux de 14” et de la France combattante, dont Emmanuel Macron a annoncé la panthéonisation mardi lors d’un déplacement aux Eparges (Meuse). Malgré les mises au point de la présidence, la réprobation a été vive.
 
Le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Francis Kalifat s’est dit “choqué qu’on puisse rendre hommage à un homme qui a été frappé d’indignité nationale en 1945, dans un procès qui a été fait au nom du peuple français” et a jugé l’hommage “complètement inapproprié.”
 
Le député socialiste Luc Carvounas a dénoncé “une insulte à la mémoire de nos héros français, citoyens, résistants et militaires, aux familles juives déportées de la Seconde Guerre mondiale”.
 
“Macron cette fois-ci, c’est trop ! L’Histoire de France n’est pas votre jouet”, a fustigé pour sa part le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.
 
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux s’est élevé contre une “fausse polémique” et des “raccourcis douteux” lors du compte rendu du conseil des ministres, qui s’est tenu à Charleville-Mézières.
 
“Pour le dire clairement, Pétain a servi la patrie en 14 et il l’a trahie en 1940”, a-t-il dit, citant les propos du général de Gaulle qui estimait en 1966 que “la gloire acquise” par le maréchal Pétain lors de la Première Guerre mondiale “ne saurait être contestée ni méconnue par la patrie”.
 
“C’est simplement cela qui sera honoré samedi aux Invalides”, a-t-il ajouté.
 
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