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Macron accuse Bolsonaro d'avoir menti, s'oppose au traité Mercosur

Vendredi 23 Août 2019

Le président français et son homologue brésilien
Le président français et son homologue brésilien
BIARRITZ (Reuters) - La France a accusé vendredi le président brésilien Jair Bolsonaro d'avoir "menti" à Emmanuel Macron sur ses engagements climatiques lors du sommet du G20 et annoncé "dans ces conditions" son opposition au projet de traité de libre-échange entre le Mercosur et l'Union européenne.
 
"Compte tenu de l'attitude du Brésil ces dernières semaines, le président de la République ne peut que constater que le président Bolsonaro lui a menti lors du Sommet d’Osaka", a dit une source de la présidence française à la veille de l'ouverture du sommet du G7 de Biarritz.
 
"Les décisions et propos du Brésil ces dernières semaines montrent bien que le président Bolsonaro a décidé de ne pas respecter ses engagements climatiques ni de s’engager en matière de biodiversité", a-t-elle ajouté. "Dans ces conditions, la France s’oppose à l’accord Mercosur en l’état."
 
En juin à Osaka au Japon, les pays membres du G20 dont le Brésil fait partie, ont conclu un accord sur le climat, à l’exception des États-Unis comme lors des deux précédents sommets.
 
L'accord de libre-échange conclu il y a quelques semaines entre la Commission européenne d'une part et l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay d'autre part suscite l'inquiétude des agriculteurs et des écologistes.
 
A la question de savoir si Emmanuel Macron, qui a fait du respect de l'accord de Paris sur le climat une condition sine qua non pour toute signature d'accord commercial, avait parlé de sa décision à ses partenaires européens, la source à l'Elysée a indiqué que la question serait abordée "demain de vive voix" lors du sommet du G7.
 
"Sa position est conforme à ce qu’il avait dit à Osaka où il avait eu l'occasion de s'entretenir avec le président brésilien", a-t-elle rappelé. "Il lui avait indiqué que le maintien dans l'accord de Paris ainsi que des engagements clairs en matière de biodiversité étaient des conditions indispensables de notre soutien à cet accord."
 
"MENTALITÉ COLONIALISTE"
 
Cette annonce survient au lendemain de la diffusion de plusieurs tweets de Jair Bolsonaro, accusant Emmanuel Macron d'avoir une mentalité "colonialiste" après le rendez-vous fixé via Twitter par le chef de l'Etat français à ses homologues du G7 pour parler à Biarritz "de l'urgence" des feux en Amazonie, qui constituent selon lui une "crise internationale".
 
"La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes soient discutées au G7 sans la participation de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au 21e siècle", a tweeté le président d'extrême-droite.
 
Egalement inquiet de l'attitude du président brésilien face aux incendies qui ravagent la forêt amazonienne, le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a lui aussi menacé vendredi de voter contre l'accord entre le Mercosur et l'Union européenne.
 
Selon une source diplomatique française, des discussions étaient en cours vendredi entre conseillers diplomatiques pour que des "initiatives concrètes" soient prises à Biarritz face aux incendies.
 
L'"urgence climatique" en Amazonie exige "une action urgente à la mesure du défi", a estimé Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International, dans un communiqué transmis à Reuters.
 
SATISFACTION DE LA FNSEA
 
Fruit de 20 ans de négociations, la conclusion fin juin de du projet de traité Mercosur-UE suscite l'inquiétude dans plusieurs pays dont la France, où ses détracteurs évoquent une "concurrence déloyale" et des risques en matière sanitaire et environnementale.
 
En juillet, Paris avait déjà fait part d'"interrogations légitimes" sur trois points concernant le traité de libre-échange, notamment sur la question des filières sensibles et du respect de l'accord de Paris sur le climat et prévenu qu'elle ne le signerait pas "à n'importe quel prix".
 
"Je salue la décision de sagesse d'Emmanuel Macron de bloquer la signature de l'accord Mercosur", a réagi sur Twitter la présidente du principal syndicat agricole français, la FNSEA, Christiane Lambert. "Les arguments de la FNSEA ont été entendus. Les agriculteurs suivront les débats au sommet du G7 avec intérêt."
 
Le député écologiste Matthieu Orphelin a pour sa part salué "une bonne nouvelle pour le climat et la biodiversité".
 
"Il faut maintenant que les autres pays européens, et en particulier les membres du G7, rejoignent la position de la France et de l’Irlande et qu’ils s’engagent à ce que tous les prochains accords commerciaux se mettent au service de la bataille pour le climat et la biodiversité", ajoute l'ancien élu La République en marche, désormais non inscrit, dans un communiqué.
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