Connectez-vous

«Les États-Unis ne sont pas une vraie démocratie» (Valerie Mims, Démocrate)

Mercredi 4 Novembre 2020

«C’est désespérant. Regardez cette Amérique qui vote Trump! Même après sa gestion calamiteuse de la pandémie, qui a fait plus de 230 000 morts aux États-Unis, l’élection présidentielle reste extrêmement serrée. Imaginez ce que ça serait s’il n’y avait pas eu la crise du Covid!»
 
C’est peu dire que la démocrate Valerie Mims est pessimiste pour les chances de Joe Biden. Installée à Genève depuis 2003, elle est une ancienne fonctionnaire du Département d’État américain (c’est-à-dire le Ministère des affaires étrangères) et a jadis travaillé comment assistante législative à la Chambre des Représentants (équivalent de notre Conseil national).
 
À 8 h ce mercredi matin, le candidat démocrate à la Maison-Blanche avait certes engrangé 220 voix de grands électeurs, contre 213 pour Donald Trump. Mais le président ne lui a cédé que l’État de l’Arizona. Ce ne sera pas suffisant pour atteindre les 270 voix, c’est-à-dire la majorité du Collège électoral. Parmi les «États pivots» qui pourraient aider Joe Biden, le Michigan de Valerie Mims n’a pas l’air de vouloir pencher du côté démocrate. «On va encore nous dire que l’électorat afro-américain ne s’est pas mobilisé. Mais où sont donc les femmes blanches, par exemple?»
 
«Mes compatriotes ne veulent pas l’admettre, mais il y a un fond de fascisme aux États-Unis, qui ne disparaît pas, estime-t-elle. En Amérique, la suprématie blanche est beaucoup plus enracinée qu’on ne veut l’admettre. Dans notre histoire, après chaque moment progressiste, il y a eu un contrecoup. Donald Trump, c’est exactement ça: le contrecoup de Barack Obama, qui n’était pourtant pas révolutionnaire.»
 
«En plus, l’Amérique n’est pas une vraie démocratie, au sens plein du terme», affirme Valerie Mims. «Déjà, le système du Collège électoral, qui permet aux États peu peuplés d’avoir un poids plus grand (ndlr: et parfois contredire le vote populaire au plan national), est un héritage de l’esclavage. Et puis, il y a beaucoup d’obstacles à l’exercice des droits électoraux…»
 
«Pour avoir voté en Suisse, je sais à quel point il peut être aisé de participer à un scrutin, même par correspondance ou par vote électronique, en toute sécurité. On en est loin aux États-Unis. Les suppressions de voix sont massives. Des gens sont empêchés de voter ou doivent parcourir des centaines de kilomètres pour aller déposer leur bulletin! Des États comme le Texas ont commencé à réduire le nombre de bureaux de vote.»
 
Pour Valerie Mims, l’inquiétude est de mise. «Mon pays est à un point d’inflexion et je ne sais vraiment pas où il va à partir de là.» (TDG)
 
Nombre de lectures : 113 fois











Inscription à la newsletter