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Le dollar voué à baisser faute de soutiens

Jeudi 10 Janvier 2019


BANGALORE (Reuters) - Le cycle de hausse du dollar touche à sa fin, estiment deux tiers environ des responsables de stratégies de change interrogés par Reuters, pour qui la récente révision à la baisse des anticipations de taux d'intérêt a réduit l'avantage comparatif du billet vert.

Si elle a enregistré sur l'ensemble de l'an dernier sa meilleure performance depuis 2015, la monnaie américaine s'est dépréciée ces dernières semaines, la Réserve fédérale ayant laissé entendre qu'elle pourrait ralentir le rythme du relèvement de ses taux d'intérêt.

Le dollar a ainsi touché mercredi un plus bas depuis octobre face à un panier de devises de référence.

L'enquête menée entre le 2 et 9 janvier auprès de plus de 70 spécialistes du marché des devises montre que le dollar pourrait effacer cette année la majeure partie des gains de plus de 4% engrangée en 2018 face aux autres grandes devises, sur fond de ralentissement de la croissance économique aux Etats-Unis.

"Fondamentalement, le dollar est à court d'éléments susceptibles de le faire monter. La Fed nous a dit qu'elle se rapprochait probablement du moment où elle marquera une pause dans la hausse des taux d'intérêt et nous nous attendons à ce que le coup d'accélérateur qui a profité à la croissance américaine l'an dernier se dissipe définitivement", explique Erik Nelson, stratège devises de Wells Fargo.

"Ces deux facteurs qui ont été vraiment bénéfiques l'an dernier sont en train de disparaître. Je ne vois donc pas ce qui jouera le rôle de moteur cyclique pour le dollar."

Trente-neuf des 62 analystes qui ont répondu à une question spécifique sur le sujet ont estimé que la période de domination du dollar sur le marché des devises observée depuis le début de l'an dernier était terminée et parmi les autres, une écrasante majorité s'attendent à ce qu'elle s'achève dans six mois au plus.

Seuls trois d'entre eux ont dit que la hausse du dollar pourrait se poursuivre pendant un an ou davantage.

Pour autant, les médianes des réponses à l'enquête montrent que les autres grandes devises pourraient au mieux effacer leurs pertes de 2018 face au dollar cette année.

En effet, avec le ralentissement attendu de la croissance des principales économies du monde et l'attitude encore accommodante des grandes banques centrales, une baisse marquée du dollar ou une hausse importante d'autres grandes devises est jugée peu probable.

LA LIVRE STERLING RESTE DÉPENDANTE DES MODALITÉS DU BREXIT

L'euro, qui a perdu plus de 4% l'an dernier, devrait reprendre environ 5% en 2019 pour remonter à 1,20 dollar dans un an contre environ 1,1450 mercredi.

Les perspectives économiques peu encourageantes de la zone euro limitent en effet le potentiel de rebond de la monnaie unique.

"Je reconnais que les fondamentaux du dollar se sont dégradés mais je crois que ceux de l'euro se sont eux aussi dégradés", dit Jane Foley, stratège senior de Rabobank. "Je ne vois pas de grande tendance favorable à l'un ou l'autre dominer fortement cette année."

L'évolution de la livre sterling, elle, dépendra des conditions dans lesquelles le Royaume-Uni sortira de l'Union européenne. La devise britannique est attendue à 1,38 dollar dans un an contre environ 1,27 mercredi, soit en hausse d'environ 9%.

Le yen, lui, après avoir profité de la dégradation du statut de valeur refuge du dollar pour cause de tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, devrait finir l'année sans grand changement par rapport à son niveau actuel.

Mais après une hausse de plus de 3% en quelques semaines, il enregistrerait ainsi sa quatrième année consécutive d'appréciation face au dollar.

"Même si on peut être tenté d'ignorer les 'flash crash' sur les marchés ou de les classer parmi les problèmes techniques, il est parlant de constater que le dollar/yen a fini par se stabiliser plus de 1% en dessous de son niveau d'avant le crash", notent les analystes de Goldman Sachs.

"Avec les mauvais signaux des enquêtes manufacturières américaines, la volatilité des marchés actions et moins de hausses pour la Fed, tous les moteurs du yen sont synchronisés."

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