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L'Unesco à la recherche d'un second souffle

Dimanche 8 Octobre 2017

Siège de l'Unesco, Place Fontenoy à Paris
Siège de l'Unesco, Place Fontenoy à Paris
(Reuters) C'est une Unesco en crise, otage des antagonismes internationaux, qui entame lundi la procédure de désignation de son directeur général dans un climat de luttes d'influence entre les huit pays, dont la France, qui se disputent la succession de la Bulgare Irina Bokova.
 
Les 58 membres du conseil exécutif de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, les sciences et la culture voteront à bulletin secret afin de désigner à la majorité des voix le futur dirigeant pour un mandat de quatre ans. Les 195 Etats membres doivent ensuite entériner ce vote.
 
Huit pays sont en lice : la Chine, le Vietnam, l’Azerbaïdjan, la France – avec l’ex-ministre de la Culture Audrey Azoulay – l’Egypte, le Qatar, le Liban et l’Irak.
 
Aucun favori ne se détache véritablement, mais les pays arabes, qui disaient leur tour venu, tiennent rigueur à la France d'avoir trahi, selon eux, un accord tacite voulant que le pays hôte ne présente pas de candidat.
 
"Il était entendu que ce prochain mandat devait revenir au monde arabe qui n'a jamais eu le poste. Or, la France est l'amie des pays arabes, elle entretient d'excellentes relations avec l'Égypte. Nous ne comprenons donc pas sa position", déclare l'ancienne ministre égyptienne Mouchira Khattab, qui mène une campagne active pour décrocher le poste et mettre un terme à la "politisation" de l'organisation.
 
Née en novembre 1945 sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale pour "promouvoir la paix dans l'esprit des hommes et des femmes", l'Unesco est prise au piège des conflits du moment et des tensions entre Etats.
 
Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont décidé en octobre 2011 d'interrompre leur contribution à l'institution après l'admission de la Palestine en son sein, provoquant une crise financière sans précédent.
 
"CAISSE DE RÉSONANCE"
 
L'inscription en 2015 au Registre de la mémoire du monde du massacre de Nankin, des exactions commises par l'armée impériale japonaise en 1937 dans cette ville chinoise, a conduit le Japon, furieux, à ne pas acquitter sa quote-part en 2016 alors qu'il est l'un des plus gros contributeurs au budget de l'Unesco.
 
"C'est une organisation qui a été détournée de son mandat, elle est devenue la caisse de résonance des conflits internationaux et cela se traduit par une véritable prise d'otages politique et financière", déplore un ancien ambassadeur européen à l'Unesco.
 
Les polémiques ont même atteint jusqu'à l'Assemblée générale des Nations unies, en septembre dernier, où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié de "distorsion de l'Histoire" la décision de l'Unesco d'inscrire la vieille ville d'Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, comme "site palestinien d'une valeur universelle exceptionnelle".
 
"N’y a-t-il aucune limite à l’absurdité de l’Onu?", a lancé Benjamin Netanyahu à la tribune.
Les prétendants à la direction de l'Unesco promettent des réformes pour "dépolitiser" l'organisation, garantir son indépendance et mettre un terme aux pesanteurs bureaucratiques.
 
"C'est une organisation fragile qui ne dispose ni des moyens humains ni des moyens financiers. Il lui faut une direction solide", souligne une source diplomatique française.
 
C'est une élection déterminante, renchérit un diplomate occidental : "Le nouveau directeur général ou la nouvelle directrice générale ne changera pas les choses du jour au lendemain, mais son élection enclenchera une dynamique pour les quatre années qui viennent."
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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