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HCCT: De la corruption verticale à la redistribution horizontale

Vendredi 4 Novembre 2016

Le Sénégal s’est donc doté d’une nouvelle institution dénommée Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct). « Un laboratoire où sera expérimentée la démocratie locale » car « c’est la volonté du président de la république d’approfondir la décentralisation et le renforcement des collectivités locales comme un levier pour réformer l’Etat », selon les propos de son (premier) président, le socialiste Ousmane Tanor Dieng.
 
Pour ce qui est de la « démocratie locale », les experts, les politiques et les observateurs savent qu’un mal extrêmement profond la gangrène depuis des décennies: le sectarisme militant de ceux qui sont censés la promouvoir à l’échelle du pays, au gré des changements de pouvoir. En réalité, ce qui apparaît le plus dans les estocades qui sont portées aux grands principes intangibles qui gouvernent une démocratie majeure et qui la différencient d’une démocratie de pacotille, c’est l’égoïsme de dirigeants incapables de dépasser leurs propres agendas, volontairement confondus d’ailleurs avec ceux de la collectivité nationale.
 
A quoi servira le Hcct ? L’histoire le dira très bientôt. Ce qui est constant, c’est qu’aucun homme politique sérieux ne peut défendre aujourd’hui l’utilité et la pertinence de ce machin dans l’ordonnancement institutionnel de la république. Le Hcct ne peut être qu’une institution pirate au regard du processus par lequel le président de la république en a fait son truc personnel. Il est né du reniement suprême par lequel Macky Sall a trahi, vis-à-vis du peuple sénégalais, un engagement libre et consenti par l’usage de contorsions juridico-fantaisistes fabriquées de toutes pièces par des mercenaires du Droit et du Sophisme dont certains avaient déjà servi l’ancien régime, et de la pire des manières d’ailleurs.
 
De quoi le Hcct est-il le nom ? Il est la marque d’une grave irresponsabilité politique qui conduit un président de la république frileux à une fin qui justifie tous les moyens: sécuriser « son » pouvoir en s’adjoignant des forces politiques qu’il croit capables de l’aider à obtenir un autre mandat. Le deal est vicieux. C’est en fait un coup tordu qui va coûter plus de 6 milliards de francs Cfa aux contribuables, pour une première année d’existence. On est sorti de la politique pour entrer de plain-pied dans la corruption active.
 
Ensuite, ce système va reproduire naturellement un écosystème où clientèle politicienne, chasseurs de marchés publics et autres experts en décentralisation viendront prendre ou négocier leurs parts du gâteau ainsi mis à leur disposition. Chacun prendra son dû : le chef du Hcct et ses avantages présumés énormes, les 150 conseillers, l’administration du machin, des véhicules, du gasoil, de la paperasse, de la logistique, etc. Séminaires, ateliers et conclaves suivront la cadence. La bureaucratie nationale locale en sortira vainqueur.
 
Le Haut conseil des collectivités territoriales, grande priorité nationale, est une insulte aux luttes démocratiques du peuple sénégalais, aux sacrifices consentis par tous ceux qui ont, d’une manière ou d’une autre, pesé sur les orientations qui doivent être les meilleures pour la démocratie sénégalaise. 70 de ses 150 membres y sont grâce au bon vouloir du président Macky Sall. C’est une bravade aux centaines de milliers de Sénégalais économiquement et socialement détraqués par la crise, la pauvreté, l’indigence. C’est un bras d’honneur à tous ces malades des hôpitaux et structures sanitaires du pays qui meurent juste parce que la puissance publique n’a pas su, pu ou voulu faire ce qu’il devait être fait pour que des appareils vitaux ne cessent pas de fonctionner quelque part entre Dakar et le fin fond du pays.
 
Le Hcct est une institution corrompue. Elle vivra comme telle dans ce pays où des activistes de tout acabit ont appris à négocier et à accepter pour eux-mêmes ce qui n’est pas toujours souhaitable pour l’intérêt national.

 
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