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Crise au Liban: la Banque centrale veut formaliser les restrictions bancaires

Lundi 13 Janvier 2020

Crise au Liban: la Banque centrale veut formaliser les restrictions bancaires
La Banque centrale du Liban veut assurer une "couverture légale" aux restrictions draconiennes sur les retraits bancaires imposées dans ce pays secoué par une grave crise économique, et qui suscitent la colère de la population, a indiqué dimanche à l'AFP son gouverneur, Riad Salamé.
 
Ces derniers mois, les banques libanaises ont drastiquement limité les retraits bancaires, surtout en dollars, en plein bras de fer entre le pouvoir et la rue.
 
Le pays vit depuis le 17 octobre au rythme d'un mouvement de contestation sans précédent contre la classe dirigeante, accusée de corruption et d'incompétence, tandis qu'un nouveau gouvernement peine à voir le jour depuis la démission fin octobre du Premier ministre Saad Hariri sous la pression de la rue.
 
A ce jour, les restrictions en vigueur "ne reposent sur aucun texte légal", estime l'avocat Ali Abbass, selon lequel plusieurs banques sont poursuivies en justice par leurs clients. "Au moins quatre ou cinq jugements ont déjà été émis mais les banques ont fait appel".
 
Certaines banques ont imposé ces dernières semaines un plafond mensuel de 800 dollars aux retraits, contre 1.000 dollars par semaine ailleurs, provoquant l'ire des déposants et des querelles, parfois musclées, dans certains établissements.
 
Dans une lettre envoyée le 9 janvier au ministère des Finances, la Banque du Liban (BDL) souligne "la nécessité d'organiser les procédures (bancaires) et de les unifier (...) afin que leur application soit juste et équitable".
 
La BDL a réclamé auprès du ministère des Finances l'octroi de "prérogatives exceptionnelles lui permettant d'émettre les règlementations" visant à formaliser les restrictions.
 
"La lettre (...) vise à harmoniser la relation entre les clients et leurs banques", a affirmé le gouverneur de la Banque centrale dans un courriel adressé à l'AFP.
 
"L'intervention de la BDL avec l'aval de l'Etat procurera une couverture légale" aux restrictions, a ajouté M. Salamé.
 
La Banque centrale n'a pas "l'intention (...) d'introduire de nouvelles mesures" restrictives, a toutefois assuré son gouverneur.
 
"La BDL veillera à ce que tous les clients soient traités à égalité" même si les banques continueront de répondre aux besoins de leurs clients "suivant leurs disponibilités en devises et en livres", a expliqué M. Salamé.
 
Pour Nassib Ghobril, économiste en chef à la Byblos Bank, "la Banque centrale cherche à combler un vide laissé" par les institutions politiques du fait de leur paralysie.
 
Le Liban est sans gouvernement depuis plus de deux mois, tandis que le Parlement n'a tenu aucune session depuis le début de la contestation.
 
Le nouveau Premier ministre, Hassan Diab, nommé le 19 décembre, n'a toujours pas pu former un gouvernement de technocrates indépendants comme le réclame la rue.
 
La situation socioéconomique, déjà très précaire avant le début de la contestation, n'a cessé de se dégrader depuis.
 
Indexée sur le billet vert depuis 1997 au taux fixe de 1.500 livres pour un dollar, la monnaie nationale a perdu plus de la moitié de sa valeur sur le marché parallèle, provoquant une forte hausse des prix. (AFP)
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