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Comité national du parti républicain - Ron DeSantis défie Donald Trump à distance

Vendredi 27 Janvier 2023

Profondément divisé, le parti républicain a reconduit sa présidente vendredi en Californie lors d’une réunion où le gouverneur de Floride Ron DeSantis a avancé ses pions pour concurrencer la candidature de Donald Trump à la Maison-Blanche en 2024.
 
L’hôtel luxueux de la station balnéaire de Dana Point, où sont réunis les 168 membres du comité national du parti depuis mercredi, était le nouveau théâtre de la crise existentielle traversée par le « Grand Old Party ».
 
Les conservateurs sont à couteaux tirés depuis les élections de mi-mandat décevantes en novembre, où la « vague rouge » tant annoncée n’a pas eu lieu et où les républicains ont échoué à regagner le Sénat : la mainmise de M. Trump, candidat déjà déclaré pour la prochaine présidentielle et lesté par les ennuis judiciaires, est largement remise en cause et le parti se déchire.
 
Début janvier, les électrons libres trumpistes ont ainsi créé une pagaille inédite en plus de 160 ans au Congrès, transformant l’élection de Kevin McCarthy comme « speaker » à la Chambre des représentants en chemin de croix.
 
Dans ce contexte électrique, la présidente actuelle du parti, Ronna McDaniel, a dû surmonter pour la première fois deux candidatures concurrentes pour se faire réélire à son poste, qu’elle occupe depuis 2016.
 
Reconduite avec 111 votes, elle a surpassé Mike Lindell, un riche patron complotiste fabricant d’oreillers ultra-minoritaire avec 4 voix ; et surtout Harmeet Dhillon, une avocate qui a récolté 51 voix et était soutenue par de nombreux frondeurs républicains anti-establishment, souvent les mêmes qui ont perturbé l’élection de M. McCarthy au Congrès.
 
« Avec nous tous unis, les démocrates vont nous entendre en 2024 », s’est réjouie la patronne du parti, immédiatement félicitée sur les réseaux sociaux par Donald Trump, qui la soutenait en coulisses.
 
Avant le vote, Ronna McDaniel avait mis en garde vendredi contre les querelles internes, en citant un verset de la Bible à la tribune. « Tout royaume divisé contre soi-même est promis à la désolation, et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne tiendra pas », avait-elle averti.
 
« Bataille par procuration »
 
Car sa réélection n’a pas été une promenade de santé. Depuis plusieurs semaines, Mme Dhillon faisait campagne pour déloger Ronna McDaniel sur le mécontentement de la base après la défaite présidentielle de 2020 et la contre-performance des élections de mi-mandat en novembre dernier.
 
« Il y a beaucoup de changements qui ont besoin d’être réalisés pour que nous soyons en mesure de gagner en 2024 », a-t-elle déclaré mercredi au Los Angeles Times, en justifiant sa candidature à ce poste clé pour organiser la future primaire qui déterminera le candidat conservateur à la présidentielle. « Je suis fatiguée que les républicains perdent les élections. »
 
Avec ce discours, l’avocate, dont le cabinet a assuré la défense de M. Trump face à la commission parlementaire sur l’attaque du 6 janvier 2021 à Washington, jouait sur les deux tableaux.  
 
Elle s’adressait à la fois aux conservateurs lassés par l’ex-président, perçu par certains comme « une machine à perdre », et résonne aussi chez les trumpistes les plus extrêmes qui rêvent de renverser la table et de refaire le parti à leur main.  
 
Jeudi, à la veille du vote, elle s’est trouvé un allié de poids : le gouverneur de Floride Ron DeSantis s’est prononcé en sa faveur.
 
« Je crois que nous avons besoin d’un changement. Je pense que nous avons besoin de sang neuf au sein du comité national républicain », a confié au média Florida’s Voice le conservateur, triomphalement réélu en novembre et perçu comme le rival potentiel le plus dangereux pour M. Trump dans la course à la Maison-Blanche.
 
Une déclaration qui montre les divisions tenaces au sein du parti conservateur. La tambouille interne pour choisir la présidente du parti s’est transformée en « une bataille par procuration entre DeSantis et Trump », observe la politologue Wendy Schiller.
 
En soutenant l’outsider prisée par les membres les plus extrêmes du parti, le gouverneur de Floride voulait « doubler Donald Trump par la droite », explique-t-elle.
 
« DeSantis tente de se projeter en futur leader du parti », insiste-t-elle. « Il n’y a aucune raison de vouloir peser sur cette élection, à moins que vous n’ayez l’intention de vous présenter à la présidentielle. » (AFP)
 
 
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