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Chronique d’Albert : Le Président à l’épreuve de l'exercice du pouvoir

Mercredi 19 Juin 2019

Les grandes épreuves de l’exercice du pouvoir étatique sont assez souvent,  inattendues et imprévisibles par son animateur principal et sa majorité. Le Président de la République, Macky Sall, réélu en février 2019, semble confronté à ce type d’épreuves majeures brusques et aux effets multiples sur sa gouvernance après seulement cinq mois de sa reconduction à la tête du Sénégal.
 
La publication de l’enquête de la chaîne de télévision britannique BBC a véritablement secoué la République Sénégalaise. Le Président en exercice, son gouvernement, les partenaires techniques et financiers exploitant le pétrole et le gaz, n’ont pu occulter l’effet politique, psychologique et social de cette bombe médiatique.
 
C’est la première fois que le Président de la République en exercice gère une crise politique  de son pouvoir de cette ampleur. Une épreuve majeure. Elle est loin du reste de connaître sa fin. Bien au contraire. Le pouvoir étatique est juste au début d’une épreuve politique revêtant un caractère mondial sans précédent. La vive réaction des animateurs de l’opposition radicale réclamant la Haute cour de justice pour juger le Président de la République, la démission du Président de la Caisse de Dépôts et de Consignations de toutes ses fonctions politiques, l’ouverture d’une enquête par la CREI au sujet d’un éventuel enrichissement illicite, témoignent de la gravité de l’actuelle situation critique de l’exercice du pouvoir étatique.
 
La mobilisation de franges importantes de la société civile revendiquant la lumière sur les contrats pétroliers et miniers et la vérité indique, si besoin en est l’état de  rupture de la confiance entre cette partie de l’opinion et la mouvance présidentielle.
 
L’issue de cette épreuve du pouvoir étatique inattendue et imprévisible, voici quelques mois, va dépendre des capacités de gestion de la crise de confiance. Elle met l’Etat à l’épreuve de la souveraineté politique et économique, de la bonne gouvernance des biens communs et de la justice pour tous les citoyens. Le pouvoir étatique sera-t-il au service de la Loi, de l’Ethique ou des intérêts partisans ?
 
Terrible dilemme pour celui qui a incarné les valeurs républicaines avant son accession à la tête du Sénégal. Le candidat-Président avait promis la sobriété et la transparence. Un défi personnel que le Président de la République devra à tout prix relever.
 
Au moment où toute la République est ébranlée par un scandale pétrolier et gazier susceptible à tout moment de révéler d’autres secrets inconnus, voire insoupçonnés par  l’opinion, le Président de la République est également confronté au traitement des prochaines conclusions du Dialogue national. Le chef de l’Etat est certes l’initiateur de cet échange d’idées entre les acteurs politiques, la société civile et le pouvoir. Ce débat national est porteur de nouvelles épreuves politiques pour celui qui en a fait la demande.
 
Le Président de la République, chef de parti et de la coalition soutenant son action depuis mars 2012, est- il suffisamment préparé et décidé à accepter les conclusions de ce dialogue  national ? La réponse ne sera guère aisée pour le chef de l’Etat.
 
 Il faudra choisir entre l’indispensable  consensus politique autour de la loi électorale, l’organisation des élections et le respect du calendrier électoral et le retour cyclique à la rupture de confiance entre la majorité et son opposition. Les radicaux de l’opposition ont boycotté ce dialogue. Ils attendent probablement l’issue de cette épreuve pour mieux envisager ses futures batailles politiques et électorales.
 
L’affaire de la gouvernance du pétrole, du gaz et le contrat entre Petrotim et l’Etat du Sénégal, d’un côté, et les conclusions du dialogue national, de l’autre côté, se combinent à l’horizon avec  la classique épreuve sociale et syndicale. L’année 2018 déclarée année sociale, n’a fait en réalité que repousser les revendications et la pression du mouvement social.
 
Les travailleurs en général, et singulièrement, les syndicats des enseignants et le mouvement étudiant, se feront sans nul doute entendre dans les prochains mois. Une épreuve fortement revendicative et exigeante. Le gouvernement devra trouver la réponse à cette demande sociale envahissante. Les caisses de l’Etat permettront –elles  au pouvoir de répondre partiellement ou pleinement aux revendications récurrentes des enseignants, des étudiants et des travailleurs et de mettre en œuvre le programme prioritaire du Pse ? Rien n’est moins sûr.
 
Les finances publiques Sénégalaises ne semblent guère reluisantes. Le Président de la République a déjà prévenu d’ailleurs à ce sujet : il n’y aura pas d’augmentation de salaire.
 
 Le deuxième mandat est ainsi quasi plombé par un enchevêtrement  d’épreuves politiques et sociales de l’exercice du pouvoir étatique. L’avenir de la seconde phase du Plan Sénégal Emergent (Pse) sera  fortement soumis à l’issue de ces épreuves cruciales.
Mamadou Sy Albert
 
 
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