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Chronique 2019 – L’ombre du Pds plane sur les alliances et la campagne électorale (par Mamadou Sy Albert)

Lundi 4 Février 2019

Les alliances électorales à la veille de la présidentielle de février 2019 marquent une étape importante dans le repositionnement des candidats à la candidature disqualifiés par le Conseil Constitutionnel. Elles se répartissent inégalement entre les candidats de l’opposition et celui du candidat de la mouvance présidentielle sortante. Ces alliances auront-elles un effet significatif sur  le rapport de forces entre pouvoir et opposition, sur la tournure de l’élection, sur la campagne et un impact à terme sur  le choix des électeurs sénégalais ?
 
La réponse est loin d’être évidente. La posture du Pds reste inconnue. Elle pourrait s’inscrire dans la lignée  des alliances en cours ou dans la logique de la confrontation inéluctable. Elle peut d’une certaine façon modifier le cours de la campagne et les rapports de forces entre les  deux camps.
 
 
Généralement, ce sont les candidats déclarés et effectifs à une présidentielle qui démarchent  par des tractations sous terraines souvent menées en secret des alliés au premier ou au second tour des élections. Pour cette  fois-ci, ce sont les candidats éliminés de la course qui ont pris la responsabilité de choisir individuellement ou dans le cadre de concertations élargies à leurs militants un des cinq candidats-Présidents.
 
Ce procédé d’alliances inédit dans l’histoire électorale du Sénégal résulte certainement de la mise en œuvre de la loi du parrainage et ses premiers effets politiques éliminant en cascade des postulants au fauteuil tant convoité et singulièrement, les candidats du Parti démocratique sénégalais et de la coalition « Taxaw Sénégal ». Deux candidats majeurs tant attendus par leur écurie sont déclarés non partants de la ligne de départ de la  présidentielle.
 
Les frustrations accumulées sous le règne d’une seconde alternance accusée d’avoir faussé les règles du jeu électoral par l’application tendancieuse du parrainage, de préparer une élection frauduleuse massive et la révolte collective des candidats exclus se conjuguent et expliquent la naissance précoce du regroupement des candidats malheureux avant même la publication définitive par le Conseil Constitutionnel de la liste définitive des candidats. Les responsables politiques candidats ou non se réclamant de l’opposition au régime, surpris l’ampleur du désastre, ont spontanément mis en place le « Collectif des 25 » pour parer au plus pressé.
 
Ces responsables de l’opposition n’ont pas trouvé mieux que de se rassembler autour de la critique contre le parrainage, ses effets pervers et le passage en force redouté du candidat- Président sortant. La prise de conscience des limites du Collectif des 25, des enjeux de l’élection présidentielle et certainement l’impossibilité d’un choix portant sur un candidat unique, candidat-Président de toute l’opposition, sont des facteurs  qui semblent justifier la course- poursuite des candidats éliminés vers l’un des quatre candidats de l’opposition admis par les 7 sages et le ralliement sans condition à un des cinq pôles.
 
« La posture du Pds peut modifier le cours de la campagne
et les rapports de forces entre les  deux camps. »
 
Entre les lignes des choix soutenant  d’un côté, les candidats se réclamant du « Collectif 25 » de l’opposition au Président sortant et de l’autre côté, l’option de soutenir le candidat à sa propre succession, on mesure la fragilité structurelle des bases politiques du regroupement de  l’opposition dès la naissance du Collectif de l’opposition. Ce repositionnement des alliés candidats survivra-t-il au Collectif et aura-t-il un impact sur l’élection et les électeurs ?
 
 C’est la grosse interrogation au sujet des alliances. Evidemment, ceux qui bénéficient du soutien désintéressé ou calculé des alliés candidats se frottent les mains. Le renforcement quantitatif des rangs par de nouveaux alliés est toujours un plus pour le moral d’un candidat en quête d’alliés au premier tour fatidique, pour ses militants et ses partisans. La conquête des électeurs est par contre une autre paire de manche. L’adhésion des électeurs ne dépend pas forcément de ces alliances. La conquête de l’électeur indécis, sans parti et sans candidat est loin d’être gagnée.
 
La posture du Pds complique davantage les choses. Elle reste une question majeure des alliances des candidats de l’opposition en compétition. Une alliance du Pds en faveur d’un des candidats de l’opposition pourrait modifier sans nul doute le rapport de force entre l’opposition et le pouvoir mais également le rapport entre les candidats Présidents se réclamant de l’opposition.
 
Les libéraux feront-ils un choix entre les quatre candidats de l’opposition à l’instar des alliés candidats hors compétition ? Choisiront-ils le boycott et la confrontation avec le régime ?  Ces questionnements restent ouverts pour le moment. Tous les regards sont tournés vers Versailles. Le Secrétaire général du Pds annoncé au Sénégal ce jeudi aura à n’en pas douter  le dernier mot pour sceller définitivement la stratégie électorale des libéraux.
 
La ruée des candidats alliés vers les candidats de l’opposition ou de la majorité n’a pas intégré les effets  du choix et l’influence du choix final du Pds sur la campagne électorale et le déroulement du scrutin électoral. Le risque du scénario de la présidentielle de 2012 est donc du domaine des possibles. De ce côté, le scénario d’une option redoutée notamment, une option pure et dure, guerrière  du Pds par une présence active dans la campagne n’est point à exclure dans les jours à venir.
 
Les candidats-Présidents et leurs alliés feront dans ce cas de figure une campagne à plusieurs visages et à plusieurs vitesses aux quatre coins du Sénégal et à l’étranger alors que le Pds et ses alliés feront eux une contre-campagne présidentielle dans les milieux urbains, de l’agitation politique et sociale au cœur de la campagne électorale. Ce scénario pourrait alors faire l’affaire des candidats de l’opposition capables à la fois de mener pleinement et sereinement la campagne et accompagner de près ou de loin l’agitation politique et sociale pour isoler le candidat sortant.
 
La majorité présidentielle pourra difficilement affronter sur deux fronts l’opposition participative à l’élection et l’opposition opposée radicalement à la candidature du Président sortant. Un cas de figure sans doute inattendu pour le candidat du pouvoir.
Mamadou Sy Albert
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