Connectez-vous

Brésil: Moro entendu par la police après ses accusations contre Bolsonaro

Samedi 2 Mai 2020

L’ex-ministre de la Justice du Brésil Sergio Moro était entendu par la police samedi au sujet de graves accusations contre le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui tentait selon lui d’interférer dans des enquêtes policières.
 
Ancien juge anticorruption très populaire au Brésil, M. Moro est arrivé au siège de la Police fédérale de Curitiba (Sud) peu avant 14H00 (17H00 GMT), ont constaté des journalistes de l’AFP.
 
Il n’est pas passé par la porte d’entrée principale, où l’attendaient des dizaines de manifestants, certains pour le soutenir, d’autres au contraire pour soutenir le président Bolsonaro.
 
Certains manifestants ont échangé des insultes, poussant les policiers à séparer les deux camps.
 
Auparavant considéré comme un atout maître du gouvernement Bolsonaro, Sergio Moro a démissionné avec fracas le 24 avril, après le limogeage d’un de ses plus proches collaborateurs, le chef de la Police fédérale, Mauricio Valeixo.
 
« Le changement à la tête de la Police fédérale sans cause réelle est une ingérence politique qui entame ma crédibilité et celle du gouvernement », avait-il lancé en conférence de presse le jour de sa démission.
 
« Le président m’a dit qu’il voulait nommer une personne avec qui il aurait un contact personnel, qu’il pourrait appeler pour obtenir des informations sur les enquêtes », avait-il ajouté, des accusations que Bolsonaro juge « infondées ».
 
Plusieurs enquêtes de la police fédérale visent des proches du président, notamment ses fils.
 
Ces révélations explosives ont poussé le procureur général à réclamer l’ouverture d’une enquête, autorisée dans la foulée par la Cour suprême qui avait stipulé que Sergio Moro devait interrogé sous 60 jours, un délai réduit à cinq jours par la suite.
 
Cette enquête pourrait ouvrir la voie soit à une procédure de destitution contre M. Bolsonaro, soit à des poursuites pour dénonciation de délit imaginaire contre M. Moro.
 
Samedi matin, le chef de l’Etat a traité son ex-ministre de « Judas » sur Twitter.
Dans un entretien publié vendredi dans l’hebdomadaire Veja, Sergio Moro a déclaré qu’il présenterait des preuves de ses accusations lors de son interrogatoire.
 
Il a également affirmé que la lutte contre la corruption n’était « pas la priorité » du gouvernement.
 
M. Bolsonaro s’est pourtant fait élire en octobre 2018 en promettant un combat sans merci contre la corruption et la criminalité.
 
Sergio Moro a accepté de mettre fin à une carrière de 22 ans dans la magistrature pour entrer au gouvernement, alors qu’il était considéré comme l’emblème de la lutte anticorruption dans le cadre de l’opération « Lavage-express », qui a mis des dizaines de dirigeants de tous bords sous les verrous.
 
Son image avait toutefois été ternie en juin dernier, quand le site d’investigation The Intercept Brasil a révélé des échanges de messages avec des procureurs, ayant gravement remis en doute son impartialité dans le cadre de la condamnation à une lourde peine de prison de l’ex-président Luiz Inacio lula da Silva, pour corruption. (AFP)
Nombre de lectures : 211 fois











Inscription à la newsletter