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Belgique: tensions au gouvernement autour des expulsions de Soudanais

Vendredi 22 Décembre 2017

Bruxelles - Le bouillant secrétaire d'Etat belge à la Migration, le nationaliste flamand Theo Francken, a présenté vendredi ses "excuses" au Premier ministre Charles Michel, après avoir critiqué ses propos sur la gestion controversée du rapatriement des migrants soudanais en situation irrégulière.

Cette controverse, sur fond d'accusations de tortures que des migrants auraient subies à leur retour à Khartoum, suscite de vives tensions au sein même de la coalition au pouvoir, composée de libéraux, chrétiens-démocrates et nationalistes flamands de la N-VA.

Vendredi soir, elle a aussi donné lieu à une réunion en urgence d'une commission de la Chambre des députés pour entendre Theo Francken (N-VA), qui a admis avoir dissimulé certaines informations sur le sujet au Premier ministre.

Au coeur de la polémique: une invitation lancée à la fin de l'été par Theo Francken, coutumier des positionnements clivants, pour que des officiels du régime de Khartoum viennent aider les autorités belges, sur leur sol, à identifier les Soudanais voués à être expulsés car non candidats à l'asile en Belgique. Cette nationalité est très représentée parmi les migrants errant dans Bruxelles, en transit vers la Grande-Bretagne.

Trois fonctionnaires du ministère soudanais de l'Intérieur ont effectivement passé quelques jours en Belgique en septembre, visitant leurs ressortissants dans des centres fermés avant de délivrer leur feu vert à l'expulsion. Le gouvernement a alors été accusé par l'opposition de "collaborer avec une dictature".

La controverse a rebondi cette semaine avec la publication dans la presse de témoignages -- compilées par une ONG libérale -- faisant état d'arrestations et de violences subies par plusieurs jeunes Soudanais à leur atterrissage, peu après la visite de cette "mission d'identification".

Jeudi, devant les députés, le Premier ministre Charles Michel a décrété la suspension des expulsions vers le Soudan le temps qu'"une enquête indépendante", avec l'aide de l'ONU, fasse "la clarté".

Il avait dans un premier temps évoqué un moratoire "en tout cas jusqu'à la fin janvier", ce que Theo Francken avait qualifié jeudi d'"absurde" puisque, affirmait-il, aucun nouveau rapatriement n'était programmé avant cette échéance.

Une communication hâtive puisqu'au moins une expulsion vers le Soudan était bien prévue courant janvier, ce dont le secrétaire d'Etat affirme avoir été prévenu seulement plus tard par ses services.

"Je me suis excusé", a écrit M. Francken vendredi matin sur son compte Twitter.

Mais l'opposition et un parti de la majorité, le CDV (chrétiens-démocrates flamands), ont dénoncé des "mensonges". Ils lui ont reproché de ne pas avoir rectifié le tir publiquement alors que sa mise en cause du Premier ministre avait enflammé le débat.

A la Chambre, de vifs échanges et une suspension de séance ont conduit à la convocation en urgence de la commission des Affaires intérieures, devant laquelle le secrétaire d'Etat a admis avoir "retenu" des informations, a apporté l'agence Belga.

"Francken admet (...) avoir menti sciemment au sujet du moratoire sur les expulsions des Soudanais pour éviter un "+appel d'air+", a commenté dans un tweet le député Ecolo Benoît Hellings.

Une figure de l'Open-VLD (parti libéral flamand, associé au gouvernement), l'ancien chef de la diplomatie belge Karel De Gucht, a estimé que Theo Francken "ne peut plus rester secrétaire d'Etat à la Migration, il est politiquement, idéologiquement et humainement inapte à cela". (AFP)
 
 
 
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