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Au Japon, des Nord-coréens demandent des comptes à Kim Jong-un

Jeudi 14 Octobre 2021

Pyongyang est jugé au Japon pour un programme controversé qui a vu plus de 90’000 personnes quitter le Japon pour la Corée du Nord entre 1959 et 1984.
 
Des transfuges nord-coréens ont symboliquement mis le dirigeant Kim Jong-un sur le banc des accusés jeudi à Tokyo pour lui demander des comptes sur un ancien programme de rapatriement depuis le Japon, qualifié de «kidnapping d’État».
 
Cette affaire judiciaire inhabituelle vise à tenir le gouvernement de Pyongyang pour responsable d’un programme controversé qui a vu plus de 90’000 personnes quitter le Japon pour la Corée du Nord entre 1959 et 1984. Ce programme visait principalement des Coréens installés dans l’archipel nippon, mais aussi leurs conjoints japonais, attirés par une propagande promettant «le paradis sur terre» en Corée du Nord communiste.
 
Cinq participants au programme de rapatriement qui se sont ensuite échappés du Nord réclament chacun 100 millions de yens (816’000 francs) de dommages et intérêts et présentaient leurs arguments jeudi devant un tribunal de Tokyo. Ils accusent Pyongyang d’avoir «trompé les plaignants par une publicité mensongère pour qu’ils soient relocalisés en Corée du Nord» et de les avoir «forcés à vivre dans des conditions où la jouissance des droits de l’Homme était généralement impossible».
 
Comme il n’y a pas de relations diplomatiques entre le Japon et la Corée du Nord, Kim Jong-un est jugé symboliquement en tant que chef du gouvernement de Pyongyang. «Nous ne nous attendons pas à ce que la Corée du Nord accepte une décision ni à ce qu’elle paie les dommages et intérêts», a déclaré Kenji Fukuda, avocat des plaignants, lors d’un point de presse le mois dernier. «Mais nous espérons que le gouvernement japonais sera en mesure de négocier avec la Corée du Nord» si le tribunal statue en faveur des plaignants.
 
«Peut-être morts de faim»
 
Au total, 93’340 personnes ont pris part au programme de rapatriement financé par Pyongyang et mené par les associations de la Croix-Rouge au Japon et en Corée du Nord. Le gouvernement japonais a également soutenu ce plan perçu par ses détracteurs comme un moyen pour Tokyo de réduire le nombre de Coréens installés au Japon.
 
Kenji Fukuda a déclaré que les plaignants considéraient le gouvernement nord-coréen comme «l’entité la plus responsable de l’organisation». Une partie de la plainte des transfuges porte sur la séparation d’avec leurs familles, toujours bloquées en Corée du Nord. «Je ne sais pas ce qui est arrivé à ma famille. Peut-être que le coronavirus les a touchés, peut-être que certains d’entre eux sont morts de faim», a déclaré en septembre Eiko Kawasaki, l’une des plaignantes.
 
«Les plaignants ont le désir de sauver ceux qui vivent et souffrent encore en Corée du Nord», a expliqué jeudi à l’AFP Hiroaki Saeki, chef d’un groupe qui soutient les transfuges ayant participé au programme. Pendant la colonisation de la péninsule coréenne par Tokyo entre 1910 et 1945, des millions de Coréens sont partis pour le Japon, soit volontairement, soit contre leur gré. Lorsque le Japon a capitulé à la fin de la Seconde guerre mondiale, des centaines de milliers de Coréens de souche sont restés, réticents à l’idée de retourner dans leur pays dévasté.
 
Ils ont été déchus de leur nationalité japonaise et sont devenus apatrides. Beaucoup d’entre eux ont cru aux films de propagande dépeignant une vie idyllique en Corée du Nord, avec des systèmes de santé et d’éducation gratuits, des emplois et des logements garantis. Mais la situation réelle était bien différente, dominée par la pauvreté et la famine. Les plaignants ont entamé leur procédure en 2018. Une date doit être fixée jeudi pour le jugement. (AFP)
 
 
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