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Argentine - Un trio pour la présidence, l’ultralibéral Milei en force

Lundi 14 Août 2023

Dimanche, plus de 35 millions d’électeurs argentins étaient appelés à présélectionner à la fois les partis qui seront en lice le 22 octobre et leurs candidats.


 
L’élection présidentielle d’octobre en Argentine se jouera entre l’économiste ultralibéral-libertaire Javier Milei, auteur d’une percée spectaculaire, une droitière ex-ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, et l’actuel ministre de l’Economie Sergio Massa (centre-gauche), selon les résultats des primaires dimanche.
 
Javier Milei, 52 ans, qui se présente en anti-système contre une «caste politique», a créé la sensation en recueillant le plus de votes individuels au niveau national, avec plus de 30% des voix, selon des résultats officiels portant sur 93% des bulletins comptés.
 
Il devance Patricia Bullrich, 67 ans, qui dans une primaire indécise à droite l’a emporté sur le maire de Buenos Aires Horacio Larreta (centre-droit) avec 28% des voix; et Sergio Massa, 51 ans, qui sans surprise a gagné la primaire dans le camp gouvernemental, mais arrive en 3ème position d’ensemble avec 27% des voix.
 
Lors de ces «PASO» (Primaires ouvertes, simultanées et obligatoires), plus de 35 millions d’électeurs argentins étaient appelés à présélectionner à la fois les partis qui seront en lice le 22 octobre, – il leur fallait pour cela obtenir 1,5% des votes nationalement – et leurs candidats. Vingt-deux tickets «président + vice-président» étaient en lice, dont il ne devrait rester qu’une demi-douzaine après le décompte définitif des voix.
 
Le reflet d’un désenchantement
 
Le président péroniste sortant Alberto Fernandez, impopulaire, ne se représente pas, et sa succession s’annonce incertaine, après les échecs successifs de son administration, avant lui celle du libéral Mauricio Macri (2015-2019), à redresser la 3e économie d’Amérique latine.
 
Celle-ci est enferrée entre une inflation à deux chiffres depuis 12 ans (passé dernièrement à 115% sur an), une dette colossale auprès du FMI, une pauvreté à 40%, et une monnaie, le peso, qui dévisse.
 
Aussi les PASO 2023, qui servent parfois de sondage grandeur nature préfigurant de la présidentielle, étaient-elles scrutées avec attention. La mobilisation, à 69% -et malgré le vote obligatoire- est très en deçà des primaires d’il y a quatre ans (76,4%), reflétant un désenchantement de l’électorat.
 
«Il y a une désaffection croissante de l’électorat, dans un pays qui avait des identités politiques marquées», diagnostique Juan Negri, politologue de l’Université Torcuato di Tella. «Milei est le reflet de ce désenchantement, chez beaucoup d’électeurs qui ne croient plus dans les partis».
 
Facundo Cardozo, commercial de 27 ans près d’un bureau de vote porteno de Barrio Norte, illustrait dimanche l’attrait d’une solution radicale type Milei, «au point où en sont les choses». «Il faut casser ce qui a été fait, puis recoller les morceaux et tout recommencer», lançait-il à l’AFP.
 
Milei, un économiste médiatique depuis quelques années, avait déboulé sur la scène politique aux législatives partielles de 2021, son parti «Libertad Avanza» (La liberté avance) devenant la troisième force à Buenos Aires (17,3%). Mais un fort doute subsistait sur sa pénétration à l’échelle du pays. Son score, qui dépasse les prévisions des sondages, le place de facto en postulant sérieux à la présidence, ou tout du moins à un deuxième tour éventuel le 19 novembre.
 
L’Argentine «grande de nouveau»
 
Entre autres, il veut supprimer à terme la Banque centrale, interdire l’avortement (légalisé en 2020), libéraliser la vente d’armes, et envisage d’ouvrir un marché de la vente d’organes… Mais par-dessus tout, en un langage incendiaire et parfois insultant, il veut dégager «à coups de pied au cul» la «caste politique» qui selon lui «parasite» l’Argentine depuis 30 ans.
 
Entre privatisations et dérégulation, ses propositions radicales, tel un «plan tronçonneuse» dans les servics publics, ont souvent choqué. Mais elles ont aussi secoué le débat politique, soulevant des thèmes quasi-tabous, comme une dollarisation assumée, de l’économie argentine.
 
Il a promis de refaire de l’Argentine une «puissance», comme lorsqu’elle était «terre promise» de l’émigration européenne, au début du 20e siècle. Un thème de «grandeur retrouvée» qui n’est pas sans rappeler Donald Trump, avec lequel il a revendiqué une affinité.
 
Au QG de campagne de Libertad Avanza, les résultats ont été reçus avec euphorie, dans un public en bonne partie jeune, au son de musique rock. «Les gens en ont marre d’être des victimes, des otages de la caste, d’accepter les choses comme elles sont», déclarait à l’AFP, Lilia Lemoine, une candidate aux législatives pour le parti de Milei. «Ils accompagnent Milei parce qu’il représente l’espoir d’un vrai changement». (AFP)
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