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Aide américaine : Mieux vaut tard que jamais, disent des réfugiés palestiniens

Jeudi 8 Avril 2021

Dans le camp de réfugiés de Jalazoun en Cisjordanie occupée, Mohammad Zaïd « remercie l’Amérique » jeudi, au lendemain de la reprise de l’aide aux Palestiniens annoncée par l’administration Biden, mais pour Sabah Sukkar, jeune femme vivant à Gaza, le geste est « tardif ».
 
Après la suppression en 2018 par l’ex-président Donald Trump des contributions américaines à l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Mohammad Zaïd avait beau se rendre à la clinique de Jalazoun, près de Ramallah, il ne trouvait aucun médicament.
 
Mais après le rétablissement de ces aides financières par le président Joe Biden, le Palestinien de 49 ans a retrouvé le sourire. « Nous remercions l’Amérique d’avoir rétabli son soutien. Les conditions de vie dans le camp sont difficiles et l’Unrwa a besoin d’aide », dit-il à l’AFP.
 
Confrontée à une grave crise financière, l’agence onusienne aide environ cinq millions de personnes dans les Territoires palestiniens, mais aussi en Jordanie, en Syrie et au Liban, à travers écoles et centres de santé notamment.
 
L’aide américaine annuelle s’élevait à 300 millions de dollars avant que M. Trump n’y mette fin, considérant que l’Unrwa avait fait son temps, plus de 70 ans après sa création dans le sillage du conflit israélo-arabe ayant fait des dizaines de milliers de réfugiés.
 
Mercredi, Washington a annoncé une aide de 150 millions de dollars à l’agence, sur une enveloppe totale de 235 millions de dollars destinée aux Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza.
 
« Nous espérons que le soutien (américain) va aller encore plus loin », s’enthousiasme M. Zaïd, un des quelque 9450 habitants de Jalazoun, un camp d’environ 0,25 km2 créé en 1949 et où, comme ailleurs, les tentes des premiers jours ont depuis longtemps laissé place à de bas immeubles de béton collés les uns aux autres.
 
« Relations politiques »
 
À Gaza aussi, enclave paupérisée de deux millions d’habitants dont plus de la moitié ont le statut de réfugiés, Sabah Sukkar salue « une décision que nous attendions depuis longtemps ».  
 
Pour cette jeune femme vivant dans le camp d’Al-Shati, dans la ville de Gaza, ce geste de Washington est « positif, bien que tardif ».
 
« Cela va améliorer la situation économique, mais de manière modeste », estime cette employée d’un salon de beauté, dans un territoire où le chômage qui atteint un taux de 50 % est encore plus élevé chez les jeunes.
 
Pour Shadi Al-Astal, un enseignant de Khan Younès (sud de Gaza), « la décision de Joe Biden constitue une défaite pour son prédécesseur Trump et une victoire pour le président » palestinien Mahmoud Abbas.
 
Si la « déception » et le « désaccord » ont prédominé du côté d’Israël, l’Autorité palestinienne du président Abbas a salué une décision américaine encourageante, mais insuffisante. Au-delà du soutien financier, le premier ministre Mohammed Shtayyeh a appelé au retour des « relations politiques » avec les États-Unis.
 
Les Palestiniens ont boycotté l’administration Trump après qu’il a rompu avec des décennies de consensus international en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017.
 
Durant son mandat, Donald Trump a aussi fermé le bureau de la représentation palestinienne à Washington et fermé son consulat général à Jérusalem, qui faisait office d’ambassade de fait auprès des Palestiniens, tout en multipliant les gestes de soutien envers l’État hébreu.
 
Sur la place centrale du camp de Jalazoun, là où se dresse un monument à la gloire de « martyrs » palestiniens et du leader historique de la cause palestinienne Yasser Arafat, Omar Anbar estime que les dollars américains ne suffiront pas à effacer les dégâts causés par M. Trump.
 
Les États-Unis « peuvent donner des millions ou des milliards de dollars », dit cet enseignant à la retraite n’ayant jamais quitté son camp délabré. « Ce que nous voulons, c’est vivre comme les autres peuples, librement, dans notre pays ».
 
« La plupart des pays disent que Gaza et la Cisjordanie sont des territoires occupés (par Israël, NDLR). Nous voulons que l’Amérique prenne des mesures sur le terrain contre l’occupation », poursuit-il.
 
Et même si Joe Biden a pris un virage à « 180 degrés » par rapport à son prédécesseur, M. Anbar n’a pas beaucoup d’espoir : « dans les quatre années qui viennent, je pense que rien ne changera ». (AFP)
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