Illustration: OCCRP
C’est dans les locaux de Transparency International (TI) à Berlin que le contrat d’armement de 45 milliards revendiqué par le Sénégal avec des « partenaires » étrangers a été « projeté » en Powerpoint lundi 20 mars en présence des représentants d’une trentaine de pays venus des cinq continents. Le « deal », signé au début de l’année 2022 par deux ex-ministres du gouvernement sénégalais, Abdou Karim Sall (Environnement) et Abdoulaye Daouda Diallo (Finances et Budget), a éclaté en octobre 2022 grâce au travail de journalistes d’investigation travaillant pour le consortium mondial OCCRP (Organized crime and corruption report project).
Dans la capitale allemande, la présentation de l’affaire à travers ses ramifications internationales (jusqu’en Israël) a retenu l’attention des correspondants de TI. Selon nos informations, s’ils ont mieux appréhendé les enjeux financiers du contrat, la plupart ont été néanmoins choqués par l’immobilisme de la justice sénégalaise. Au final, ils ont tenté de comprendre le silence et l’inaction du président de la république alors qu’une enquête semblait s’imposer à leurs yeux.
Birahime Seck à Berlin le 20 mars 2023. Il a présenté le dossier d'acquisitions d'armes par le Sénégal auprès de trafiquants notoires pour un montant de 45 milliards de FCFA (environ 77 millions de dollars Us)
A plusieurs reprises, des partis politiques et des organisations de la société civile sénégalaise ont réclamé des comptes au gouvernement en fustigeant la non transparence et les zones d’ombres qui ont entouré l’exécution de ce contrat d’armement. Certains ont même demandé au procureur d’ouvrir une enquête, mais les autorités n’ont pas bougé au nom du « secret-défense », se contentant d’invoquer un décret jusque là invisible, pour ne pas dire fantôme.
En fin de compte, Transparency International a décidé de « prendre en charge » le dossier à travers d’autres investigations qui seront menées par le Consortium mondial de lutte contre la corruption (Global anti corruption consortium, GACC).
OCCRP avait révélé le contenu du contrat dont l’une des parties est le trafiquant d’armes Aboubakar Hima alias « Petit Boubé », un homme d’affaires nigérien soupçonné par ailleurs d’avoir profité de contrats d’armements surfacturés dans son pays d’origine et dont le journaliste d’investigation nigérien Moussa Aksar avait fait état dans une retentissante enquête réalisée en collaboration avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). (IMPACT.SN)