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Querelle politicienne autour de la paternité de l’Aidb : arrêtez ce mauvais film !

Mercredi 29 Novembre 2017

L’épisode fait partie des sempiternelles guéguerres auxquelles les politiques nous habituent. Mais il faut vite mettre le holà sur le mauvais film que jouent, sous nos yeux et dans nos oreilles, les "régimes" PS, PDS, APR, à propos de la "paternité" de l'Aéroport Blaise Diagne. Ce navet est symbolique du caractère personnel, patrimonial, paternaliste et vaniteux dont la classe politique, de manière générale, se représente le pouvoir. Ils n'ont quand même pas construit l'infrastructure en puisant de leurs poches ou en usant d’une manne financière fruit d'un quelconque héritage familial ! L'Etat est une continuité; ce n’est pas qu’une vérité de La Palice. Au contraire. C’est surtout un sacro-saint principe de gouvernance qui doit servir de viatique à la classe dirigeante.
 
Tous ces messieurs et dames qui ont sollicité successivement nos suffrages ont été élus sur la base de promesses - parfois trop mirobolantes - qu'ils n'ont à l'évidence pas toutes tenues. Il s'y ajoute qu'ils ont été, ou sont grassement rémunérés par le contribuable sénégalais, pour faire le boulot pour lequel, leur « patron »,  le peuple souverain, les a "recrutés". Y compris après leur retraite. Tout cela compte non tenu des dépenses somptuaires et somptueuses effectuées pour eux-mêmes, pour leurs proches ainsi que leurs ouailles.
 
A cette aune, se chamailler si ostensiblement, à propos de la réalisation du travail pour lequel on a été "embauché", relève au mieux d'un salmigondis de banalités ou, au pire, d'un enchevêtrement fait de malhonnêteté intellectuelle, d'usurpation et de présomption. A quoi sert une auto-flagellation à propos de l’accomplissement d’un devoir personnel ? «Celui qui se vante de ses gloires en perd tout le mérite. Celui qui se célèbre ne sera pas reconnu», enseigne le sage chinois Lao Tseu.

Revenons-en à l'essence du sujet. Si l'Aéroport international Blaise Diagne (AIDB) est parachevé, il est le fruit d'une longue maturation et d'une certaine audace politique. A supposer que tout soit parti des grands projets du ministre d'Etat (alias ministre des tas de choses) Abdoulaye Wade, nommé par le président Abdou Diouf dans les gouvernements dits de majorité présidentielle élargie de 1991 et de 1995.
 
Reconnaissons à Diouf, son patron de l'époque, la grandeur de garder et de peaufiner le projet, initialement prévu à Keur Massar, malgré les démissions successives de Me Wade du gouvernement de l’époque pour des raisons électoralistes. Que les "éléphants blancs" de Wade que raillait son adversaire politique Ousmane Tanor Dieng, finissent par se transformer en réalité comme le nez sur la figure, tant mieux. Reconnaissons aussi à Wade la mise en œuvre de ce projet qui figurait en bonne place dans le dossier de passation de services entre "Njool" et «Njomboor"*

Quid du président Macky Sall ? Il est tout aussi méritant. On a tendance à l'oublier. En sa qualité de Premier ministre de son prédécesseur, et donc chargé de la mise en œuvre de la politique gouvernementale, il a supervisé l'implantation et l’envol du projet AIDB. C'est donc naturellement que, lorsque la poursuite des travaux a calé à cause du divorce d'avec la firme saoudienne "Bin Laden Group", il ait pu continuer, plus ou moins aisément, le partenariat avec un autre groupe. 
 
En conséquence, si l'AIDB dont l'inauguration est prévue le 7 décembre 2017 par le président de la République devient une réalité, c'est parce que les différentes personnalités qui ont été aux affaires, ont chacun apporté leur pierre à l'édifice. Mais aussi, que de hauts fonctionnaires, ingénieurs, techniciens et autres travailleurs manuels, ont sué sang et eau pour son parachèvement. Eux, ont servi loyalement les différents régimes et ne se revendiquent d'aucun camp. 

Alors, messieurs et dames d'une certaine classe politique, arrêtez de vous étriper pour si peu. Et pour vous départager, on peut se permettre de vous dire, comme on s’adresserait à de grands enfants, vous avez tous bien travaillé. Et c’est le Sénégal qui y gagne.
*Njool et Njomboor : surnoms respectifs de A. Diouf et de son principalopposant A. Wade par la presse satirique.
 
Cheikh Lamane DIOP, journaliste
E-mail : lamanediop@gmail.com
 
 
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