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Nord Stream 2 : fin de galère pour le gazoduc russo-allemand, «entièrement achevé»

Vendredi 10 Septembre 2021

Le directeur de Gazprom a déclaré vendredi que la construction du projet à 10 milliards de francs suisses est terminée. Pour ses détracteurs, le tube va accroître la dépendance européenne à l’égard de Moscou.
 
La Russie a annoncé vendredi l’achèvement du gazoduc controversé Nord Stream 2, un tube vers l’Allemagne qui, selon ses détracteurs, va accroître la dépendance européenne à l’égard de Moscou.
 
Le directeur général du géant gazier Gazprom «Alexeï Miller a déclaré que ce matin, à 08h45 heure de Moscou (07h45 en Suisse), la construction du gazoduc Nord Stream 2 avait été complètement achevée», a indiqué le groupe public russe.
 
Cette annonce a un goût de triomphe pour la Russie, alors que les tensions diplomatiques engendrées par ce projet à 10 milliards de francs suisses (environ 9 milliards 214 millions d’euros) sont un temps été si fortes que certains croyaient qu’il ne verrait jamais le jour.
 
Pour ses détracteurs, en Europe comme aux États-Unis, le tube va accroître durablement la dépendance énergétique européenne à l’égard de la Russie, grand rival stratégique de l’Occident, et constitue une trahison des intérêts de l’Ukraine, un allié occidental face à Moscou.
 
Nord Stream 2 doit doubler les livraisons de gaz russe vers l’Allemagne, principal promoteur du projet. Ce tube d’une capacité de 55 milliards de m3 de gaz par an parcourt 1230 kilomètres sous la mer Baltique sur le même parcours que son jumeau Nord Stream 1, opérationnel depuis 2012.
 
Projet controversé
 
Pendant des années, le projet a opposé Washington et Berlin mais aussi les Européens entre eux, ainsi que la Russie et l’Ukraine. Finalement, un surprenant revirement de Washington, après l’arrivée au pouvoir de Joe Biden, a permis l’élaboration d’un compromis germano-américain pour tenter de clore ce litige.
 
Un des aspects les plus controversés de Nord Stream 2 est qu’en contournant la voie de livraison traditionnelle via l’Ukraine, il va priver le pays d’environ un milliard d’euros par an de frais de transit.
 
Kiev craint également que cela ne la rende plus vulnérable vis-à-vis de Moscou, en le privant d’un levier d’influence important.
 
Arme géopolitique
 
Critiquée sur ce dossier, la chancelière allemande Angela Merkel avait souligné fin août en Ukraine que son pays allait tout faire pour faire prolonger le contrat de transit russo-ukrainien expirant en 2024 et insisté que le gaz ne devait pas être utilisé par Moscou comme «une arme». Mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky lui avait signifié considérer Nord Stream 2 comme une «arme géopolitique dangereuse».
 
Exploité par le géant russe Gazprom, le projet, estimé à plus de 10 milliards de francs, a été cofinancé par cinq groupes européens du secteur de l’énergie (OMV, Engie, Wintershall Dea, Uniper et Shell). L’Allemagne est au sein de l’UE le principal promoteur du gazoduc, qui, selon elle, est avant tout économique et l’aidera à accomplir la transition énergétique dans laquelle elle s’est engagée.
 
Les États-Unis sont depuis le début vent debout contre ce projet qui affaiblirait l’Ukraine, considérant qu’il renforce les intérêts russes, au moment ou les Américains veulent vendre aussi aux Européens leur gaz de schiste.
 
Européens divisés
 
Les Européens sont divisés. La Pologne ou les pays Baltes s’inquiètent de voir l’UE plier devant les ambitions russes. Même en Allemagne, Nord Stream ne fait pas l’unanimité. Un rapport de l’institut de recherche économique allemand DIW jugeait en 2018 le gazoduc fondé sur des prévisions qui «surestiment considérablement la demande de gaz naturel en Allemagne et en Europe».
 
L’administration de l’ancien président américain Donald Trump a voté en 2019 une loi imposant des sanctions contre les entreprises impliquées dans le chantier.
 
Entamé en avril 2018, le chantier a, de ce fait, été interrompu en décembre 2019 alors qu’il ne restait que 150 kilomètres de tube à poser dans les eaux allemande et danoise, avant de reprendre un an plus tard.
 
Joe Biden a renoncé à bloquer le projet, estimant qu’il était trop tard et qu’il valait mieux miser sur l’alliance avec l’Allemagne dont Washington souhaite s’assurer la coopération dans d’autres dossiers, notamment face à la Chine. (ATS)
 
 
 
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