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Mody Niang répond à Abdou Latif Coulibaly : Aucune question relative à la vie de Koki ne me sera indifférente

Jeudi 27 Décembre 2018

Ma contribution publiée par trois quotidiens de la place et au moins à autant de sites (dont www.impact.sn) a fait l’objet de vives réactions, notamment de Monsieur Abdoul Aziz Guissé, Directeur du Patrimoine culture (c’est ce qu’il a signé) et de son Ministre de tutelle, Monsieur Abdoul Latif Coulibaly (photo). Ce que j’ai d’abord constaté, c’est que leur texte, exactement le même, a été signé par le premier à la page ‘’Opinion’’ du quotidien ‘’Dakar-times’’ du 24 décembre 2018 et par le second le même jour à ‘’xalima.com’’. Une seule signature ne suffirait-elle pas aux deux médias, celle du Directeur ou de son Ministre ?
 
En tout cas sur le texte du Ministre, Mody Niang a bon dos. Rappelons quand même que la réhabilitation, rénovation ou réfection du Building administratif fait l’objet de beaucoup de commentaires depuis que ce fameux marché a été attribué à l’entreprise d’un certain Bamba Ndiaye, que de mauvais esprits présentaient comme un vendeur de carreaux, « qui a quand même eu l’intelligence de s’attacher les services d’un partenaire italien »,rassurait Abdou Latif Coulibaly, alors Secrétaire général du Gouvernement. L

Le montant initial déclaré du marché  était de 17 milliards de francs CFA. Dans une lettre adressée aux médias le 4 octobre 2014, M. Coulibaly le confirmait en ces termes : « Le marché a été immatriculé et les travaux de réhabilitation du building administratif sont en cours d’exécution. Ils portent sur tous les corps d’état de l’immeuble pour un coût de dix-sept milliards de francs CFA. »
 
Quelque temps après, le rythme des travaux étant bien plus lent que prévu, les commentaires allaient bon train et mettaient en cause le montant initial annoncé. La presse et des observateurs faisaient ainsi état d’abus d’avenants  qui faisaient exploser la facture initiale. Ainsi, M. Youssouf Sané titre à seneweb.com du 04 mai 2017 : « Réfection du Building administratif : la facture explose à 39 milliards. » Le député Mamadou Lamine Diallo va plus loin, en publiant à sa page Facebook où il écrit, le 28 août 2018 : « La politique économique, ce n’est pas de l’improvisation. L’exemple le plus édifiant est le Building administratif Mamadou Dia (…). Sa rénovation va coûter 40 milliards pour un marché initial de 17 milliards de francs CFA. »
 
Pour Africa Check, l’affirmation du député Mamadou Lamine Diallo est globalement vraie car, les documents officiels qu’elle a consultés renseignent que « le coût actuel de la réhabilitation s’élève, au moins, à 39 milliards 398 millions 639 francs CFA ». Donc, au jour le jour, on crie au scandale avec cette coûteuse réhabilitation/rénovation/réfection/restauration, sans que les anciennes comme les actuelles autorités responsables ne lèvent le plus petit. Il suffit maintenant que le très modeste Mody Niang pointe du doigt les cent millions de francs CFA qu’aurait coûtés la réhabilitation/rénovation/réfection/restauration de l’ancienne gare de Koki pour qu’on lui tombe dessus. Maa weexu dunq way !
 
Bref, pour revenir à ce sujet qui fait l’objet de ce texte, je ne m’attarderai pas sur la leçon magistrale que le Ministre et son collaborateur (un seul suffisait pour le même texte) m’ont administrée sur la ‘’restauration’’. L’ignorant que je suis en prend bonne note, tout en réaffirmant les cent (100) millions de francs CFA qui faisaient l’objet de questionnements dans nombre de foyers du village. Nos deux amis contestent ce montant et avancent 81 293 126 francs CFA. Même à ce coût-là, la restauration de l’ancienne gare est chère et un jour viendra où des autorités habilitées apprécieront.

Je rappelle quand même qu’il y a moins d’une semaine, la cérémonie de réception de l’Institut islamique de Dakar rénové a été organisée en présence notamment de l’ambassadeur du Royaume d’Arabie Saoudite au Sénégal, Abdul Aziz Mohammed Aifan, et du Ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam. Le Royaume  a financé la rénovation pour 75 millions de francs CFA. On est bien loin de cent millions, même s’il s’agissait d’une restauration que nos deux amis nous présentent comme très chère. Rénover l’Institut islamique de Dakar, ce n’est quand même pas rien.
 
Nos deux amis se disent aussi prêts, si je le désire, à mettre à ma disposition le contrat du marché. Cela ne me suffirait pas, bien entendu. Il faudrait aussi qu’ils me disent comment le marché a été attribué : après appel d’offres ou à la tête du client, en fonction du yaa ma neex ! Je ne m’attarderai pas, non plus, sur le nombre d’autres infrastructures  qu’on peut construire avec cent millions. Depuis le vieux président-politicien Wade, on réfléchit en milliards au Sénégal : cent millions, c’est pratiquement quantité négligeable. Je souligne avec intérêt ce passage du texte de nos deux amis : « A Koki, la Direction du Patrimoine culturel a expérimenté une réhabilitation fonctionnelle réussie à travers une approche participative qui donne aux communautés le privilège de décider de la nouvelle destination de cet ancien monument historique. » Je répète que je me réjouis de cette réhabilitation. Je précise que ce n’est pas moi, l’ignorant, qui emploie ‘’réhabilitation’’, ne sachant pas faire la différence avec ‘’restauration’’. En tout cas, si le processus s’était déroulé comme ils l’ont précisé, il emporterait toute mon adhésion. Apparemment, c’était loin d’être le cas.
 
Les travaux ont commencé pendant longtemps sans que les populations ne sachent de quoi il s’agissait. En outre, elles n’ont pas du tout bénéficié de ce privilège « de décider de la nouvelle destination de cet ancien monument historique ». Rappelons quelques passages du compte rendu qu’en a fait l’Agence de presse sénégalaise (APS), à la page 2 du quotidien ‘’Dakar-Times’’ du lundi 24 décembre 2018. D’emblée son agent écrit : « L’ancienne gare de cette ville (Koki) a été transformée en musée par le Ministère de la Culture. » Il poursuit en précisant que le nouveau ‘’Centre de Recherche et d’Etude’’ inauguré par le Chef de l’Etat « appartient au Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation, qui l’a fait construire dans le cadre de sa politique de ‘’transfert de technologies’’ »

Et l’agent de l’APS indique que ‘’Le Centre de Recherche et d’Etude’’ (c’est le nom donné à la gare restaurée/réhabilitée) va permettre aux bénéficiaires d’ « utiliser les résultats de la science pour améliorer leurs conditions de vie ». Et l’agent d’ajouter que, selon le Ministre de tutelle de l’Enseignement supérieur Mary Teuw Niane, « le Centre a déjà formé plus de 300 personnes, dont quelque 250 femmes à divers métiers dont la sérigraphie, la transformation des céréales, la fabrication des produits cosmétiques, l’informatique et la bureautique » On n’oubliera pas que « des imams de Koki ont  bénéficié de la formation en informatique offerte par le Centre ».
 
Arrêtons-nous quand même un peu pour nous poser un certain nombre de questions. Qui est vraiment le Ministre de tutelle de la nouvelle infrastructure ? Le Ministre de la Culture ou celui de l’Enseignement supérieur ? Qui l’a baptisé ‘’Centre de Recherche et d’Etude (CRE) ? Qui a défini la vocation du CRE ? Si les populations avaient vraiment le privilège «de décider de la nouvelle destination de cet ancien monument historique », lui donneraient-elles ce nom et ce contenu? Ne préféreraient-elles pas plus simplement un ‘’Centre de formation ou d’enseignement technique et professionnel (le)’’ ? Quand et où les 300 personnes ont-elles été formées ? Qui les a choisies et qui les a formées ? Ces questions méritent quand même d’être posées. On a encore des problèmes quand on affirme que le ‘’CRE’’ « appartient au Ministère de l’Enseignement supérieur ». A lui ou aux populations ? On s’étonne aussi que la formation des imams soit ‘’offerte’’ plus tôt que ‘’dispensée’’. A qui appartient finalement ce ‘’CRE’’ ? Une telle question est légitime.
 
L’agent de l’APS termine son compte rendu par la ‘’visite de courtoisie’’ du candidat Macy Sall aux chefs religieux de Ndiagne et de Guet Ardo. Là, il a promis de « réhabiliter la route qui va de Warack à Ndoyène ». Il a promis aussi qu’ « un forage sera construit à Ndiagne par le Programme d’urgence de développement communautaire, pour approvisionner ses habitants en eau potable ». De la route Louga-Darah que nous utilisons tous les jours, il n’en fut point question. De forage de Koki dont nous avons tant besoin, non plus. En tout cas l’agent de l’APS n’en a fait nulle part cas dans son compte rendu.
 
Nous ne terminerons pas sans nous arrêter un instant sur le caractère politicien et électoraliste de la visite du candidat Macky Sall à deux heures du matin à Koki (Quotidien ‘’L’AS’’ du lundi 24 décembre 2018, page 8). S’adressant aux responsables de l’APR qui, apparemment, ne s’entendent pas, il dit ceci : « Ce que je vous demande, vous responsables de Koki, c’est d’être conscients que nous sommes à deux mois de l’élection présidentielle qui (est celle) du Président de la République. C’est moi que vous avez choisi comme candidat, donc on doit mettre de côté les divergences jusqu’à la fin de cette échéance électorale qui est très importante. » « Ces tiraillements, poursuit-il, ne font que créer des difficultés alors que vous avez la majorité. Vous avez la force et celui qui nous fatiguait, Papa Diop, est avec nous maintenant ».
 
S’adressant aux deux principaux responsables de l’APR qui ne s’entendent pas, il les enjoint de « l’accueillir et (de) travailler (avec lui) dans une parfaite unité ». « C’est ce qui est attendu de vous et non des batailles d’ego », leur rappelle-t-il. « On parle aujourd’hui de président de la République, donc tout ce qu’un autre responsable fait, vous devez le tolérer jusqu’à la fin de l’élection présidentielle », insiste-t-il avec force. Pour terminer enfin, il leur lance : « Si vous voulez vous boxer, vous pouvez le faire après, et je viendrai vous séparer encore. Soyez ensemble jusqu’à la fin de l’élection, après on verra. »
 
Le sens de sa visite ‘’économique’’ est donc très claire. Que nul n’en ignore ! Pour revenir à la gare restaurée, je pense, en toute humilité, qu’elle doit changer de nom et de contenu et, dans cette perspective, les populations ont leur mot à dire. La nouvelle structure est un bien commun, un patrimoine pour tout le village. Elle n’appartient ni à un ministère ni à un quelconque clan. Koki est le village de Mame Matar Ndoumbé Diop et abrite l’un des plus grands instituts islamiques, peut-être le plus grand, créé par le vénéré Serigne Amadou Sakhir Lo. Pour nous tous, il doit être plus important que tout. Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade appartiennent désormais au passé. Dans deux mois ou cinq ans au plus, il en sera de même pour Macky Sall. Mais le village de Mame Matar Ndoumbé lui, restera jusqu’à la fin des temps.
 
Nous devons donc  mettre de côté nos divergences artificielles pour travailler à la promotion du village, pour qu’il occupe la place qui doit être la sienne. Tel est loin d’être le cas aujourd’hui. Koki manque presque de tout, en tout cas d’infrastructures essentielles au bien-être des populations. Je suis prêt à m’associer à toutes initiatives de nature à le faire progresser, comme à dénoncer toutes autres susceptibles de le maintenir dans sa situation actuelle peu enviable. Notre amour pour ce village doit l’emporter sur tout le reste, en particulier sur les divergences (politiques) artificielles et sans lendemain.
 
Dakar, le 27 décembre 2018
Mody Niang
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