L'ex-maire de Mexico Claudia Sheinbaum a été officiellement investie mardi première présidente de l'histoire du Mexique depuis l'indépendance de 1821, en prenant la succession du très populaire Andres Manuel Lopez Obrador.
Mme Sheinbaum, qui a prêté serment devant les députés et les sénateurs réunis en congrès, a remporté en juin avec près de 60% des voix l'élection présidentielle sous l'étiquette du parti de gauche au pouvoir Mouvement pour la régénération nationale (Morena) et ses alliés.
"Presidenta, presidenta", ont scandé les députés et les sénateurs de son camp à son arrivée, jouant des coudes pour un selfie avec leur figure tutélaire.
Morena et ses alliés disposent d'une confortable majorité qualifiée au Parlement leur permettant de modifier la Constitution sans l'opposition.
Mme Sheinbaum a ensuite ceint l'écharpe présidentielle et salué ses invités, dont le président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva et la Première dame des Etats-Unis Jill Biden.
Après son discours devant le congrès, la présidente les recevra au palais national, siège de la présidence.
La fête était aussi dans la rue en ce jour proclamé férié. Des centaines de personnes ont gagné dès le matin la place centrale du Zocalo, où la présidente doit se rendre à 17h00 (23h00 GMT).
"Nous sommes arrivés à cinq heures du matin", a raconté à l'AFPTV Marta Rosa Ramirez Masias, venu en car de Leon dans le nord du Mexique.
Une femme présidente "comprend davantage les citoyens", veut croire cette femme au foyer, reprenant un argument de la présidente.
"C'est le temps des femmes et de la transformation", a répété Mme Sheinbaum depuis sa victoire du 2 juin.
Avec près de 36 millions de voix et 60% des suffrages, elle est la mieux élue à la présidence dans l'histoire du pays, portée par la popularité du président sortant.
L'ex-maire de Mexico prend la succession de son mentor, Andres Manuel Lopez Obrador, qui l'avait lancée en politique en 2000 au poste d'adjointe à l'Environnement à la mairie de Mexico.
M. Lopez Obrador quitte le pouvoir avec une popularité de plus de 70%, surtout parmi les milieux modestes.
"Nous sommes reconnaissants envers le président et nous sommes venus saluer son départ", a souligné Jesus Morales Gonzalez venu de Cordoba dans l'Etat du Veracruz (sud-est). "Merci président, vos six ans ont été un succès".
"Nous espérons que la nouvelle présidente continuera de soutenir +d'abord les pauvres+ comme l'a dit le président, les campagnes, la reforestation", ajoute-t-il, en reprenant un slogan du président sortant.
M. Lopez Obrador laisse en héritage à Mme Sheinbaum plusieurs réformes de la Constitution, dont l'une très controversée, prévoyant l'élection des juges par un vote populaire à partir de mi-2025. Le texte a été approuvé et promulgué.
"Le pouvoir judiciaire est debout" ont scandé des dizaines d'employés de justice qui manifestaient mardi matin près de la Chambre des députés, poursuivant une mobilisation de plusieurs semaines contre la réforme.
- Dès mercredi sur le terrain -
Le président de Colombie Gustavo Petro et celui du Chili Gabriel Boric font également partie des invités. Le siège de l'Espagne, premier partenaire européen du Mexique, va rester vide. Madrid a décidé de boycotter la cérémonie parce que le roi Felipe VI n'a pas été invité.
La gauche au pouvoir au Mexique lui reproche de n'avoir jamais répondu à une lettre du président sortant lui demandant de reconnaître les "dommages" provoqués par la colonisation espagnole il y a cinq siècles.
Ouragans, sécurité, économie, relations avec les Etats-Unis : les dossiers chauds l'attendront immédiatement après les festivités.
Dès mercredi, Mme Sheinbaum doit se rendre à Acapulco sur le Pacifique pour "faire une évaluation" des dégâts provoqués par l'ouragan John qui a fait 15 morts dans le pays sur son passage.
La sécurité sera le principal défi lancé à la présidente pendant son mandat.
"Si le crime organisé et la violence restent hors-de-contrôle, et pénètrent tous les secteurs de la société, l'économie et les institutions vont souffrir", s'inquiète Michael Shifter, du cercle de réflexion Inter-American Dialogue de Washington.
Le Mexique a enregistré plus de 400.000 morts et quelque 100.000 disparus depuis que l'ex-président Felipe Calderon a lancé l'armée contre les cartels en décembre 2006, avec pour effet de multiplier les bandes criminelles. [AFP]