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Marine Le Pen ouvre une phase clé de sa campagne

Vendredi 3 Février 2017

PARIS (Reuters) - Après une année de relative discrétion dans les médias, voici venu le moment que Marine Le Pen attendait avec impatience, celui de l'entrée en campagne qui pourrait la mener, à en croire les sondages, au second tour de la présidentielle d'avril-mai.
 
Cette échéance sanctionnera toute la stratégie de "dédiabolisation" élaborée depuis son accession à la tête du Front national, en 2011 : ou elle réalise un score honorable face à un adversaire encore incertain, voire l'emporte, ou son échec validera une nouvelle fois la théorie du plafond de verre.
 
Pour la fille du co-fondateur du FN, cette phase s'ouvre ce week-end à Lyon avec des "assises présidentielles", au cours desquelles elle doit dévoiler son projet, sous la forme de 144 "engagements", et prononcer son premier discours de campagne.
 
"Sur l'économie globale du programme, il ne faut pas s'attendre à de grands bouleversements. Il y a évidemment quelques ajustements parce qu'on n'est plus en 2012", selon Jean Messiha, qui a supervisé la rédaction du texte.
 
Marine Le Pen devrait donc axer sa campagne sur les thèmes habituels du FN : critique de l'Union européenne, dénonciation de l'immigration et plaidoyer pour l'instauration d'une "priorité nationale" consistant à réserver des avantages en matière d'emploi ou de fiscalité aux ressortissants français.
 
La candidate proposera d'organiser deux référendums, le premier au lendemain de son éventuelle élection pour modifier la Constitution en y inscrivant le principe de la "priorité nationale", le second sur l'avenir de la France dans l'UE, au terme de six mois de négociations.
 
Inspirée de l'exemple du Brexit, la présidente du parti d'extrême droite compte obtenir de ses partenaires européens une transformation en profondeur de l'UE, auquel cas elle appellera à rester au sein de l'Union nouvelle manière, ou elle ne prononcera pour une sortie sèche.
 
AJUSTEMENT SUR LA PEINE DE MORT
Parmi les "ajustements", la proposition d'organiser une autre consultation sur le rétablissement de la peine de mort devrait disparaître du programme.
 
"J'intègre dans mon projet la perpétuité réelle, je m'engage auprès des Français à mettre en œuvre la perpétuité réelle, mais je crée le référendum d'initiative populaire", a déclaré mercredi Marine Le Pen lors d'une émission diffusée sur LCP.
 
Autrement dit, la peine de mort ne pourra être rétablie que si 500.000 personnes réclament la tenue d'un référendum.
 
L'eurodéputée portera ce projet lors d'une campagne éclair, après une année 2016 durant laquelle elle a mené à bien sa stratégie de la rareté médiatique et un mois de janvier rythmé par de premières interventions à la radio et à la télévision.
 
Au cours des prochaine semaines, l'eurodéputée doit effectuer un tour de France des grandes salles pour une série de vastes meetings, en passant par Nantes, Lille, Bordeaux, Toulouse ou Paris à quelques jours du premier tour.
 
Fraîchement arrivée aux commandes du FN, Marine Le Pen avait échoué au première tour de la présidentielle de 2012, avec 17,90% des suffrages.
 
Cette fois, les circonstances semblent tourner en sa faveur : victoires du Brexit au Royaume-Uni et de Donald Trump aux Etats-Unis, deux événements salués par le FN comme autant de signes avant-coureurs de ses futurs succès, et panne sèche de la campagne du candidat de la droite, François Fillon.
 
LIMITES DE LA "DÉDIABOLISATION"
Les déboires de ce concurrent visé par une enquête sur des soupçons d'emplois fictifs de son épouse pourraient accréditer l'idée d'une décrépitude du reste de la classe politique et favoriser Emmanuel Macron, que Marine Le Pen présente comme sa plus parfaite antithèse et dit rêver d'affronter au second tour.
 
Mais voilà que la formation d'extrême droite est elle-même au centre de procédures sur des soupçons de fraude relative à l'emploi d'assistants parlementaires du FN au Parlement européen de Strasbourg.
 
L'institution réclame à la députée près de 300.000 euros pour avoir rémunéré comme assistante parlementaire Catherine Griset à une époque où celle-ci était la secrétaire, puis la chef de cabinet de la dirigeante du FN.
 
Cette affaire, que Marine Le Pen présente comme la preuve d'une "persécution" dont elle ferait l'objet, vaut également au parti de faire l'objet d'une information judiciaire, ouverte en France au mois de décembre.
 
La stratégie de "dédiabolisation" a par ailleurs ses limites : si la fille de Jean-Marie Le Pen est créditée d'environ un quart des intentions de vote au premier tour, elle conserve, selon les enquêtes d'opinion, une mauvaise image auprès d'une majorité de Français et échouerait au second tour.
 
Mercredi, des journalistes de l'émission Quotidien, sur TMC, ont par ailleurs été brutalement évacués du "salon des entrepreneurs", à Paris, au moment où ils tentaient de poser une question à la candidate concernant les emplois présumés fictifs au Parlement européen.
 
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