Le coordonnateur du Forum social sénégalais, Mamadou Mignane Diouf, a plaidé samedi pour un changement de regard sur la question de la migration, une problématique qui devrait être selon lui, considérée comme “une composante démographique et économique liée au bien-être”.
“Tant que l’on considère la migration autrement que comme une composante démographique et économique liée au bien-être, le regard reste totalement faux [sur cette question], ouvrant la voie à la xénophobie, la discrimination et l’érection de murs plutôt que de ponts”, a-t-il déclaré.
Il intervenait lors du Forum national ouvert le même jour à Dakar sur la politique migratoire de l’Union européenne et les enjeux de la migration au Sénégal, en tant que pays d’accueil et de départ dans l’espace CEDEAO.
Armin Osmanovic, le représentant régional en Afrique de l’Ouest de la Fondation Rosa Luxembourg, est l’organisatrice de ce Forum.
Des représentants d’organisations de la société civile, des chercheurs, des activistes venus de pays membres de la CEDEAO et d’Europe prennent part à cette rencontre dont l’agenda prévoit dix panels d’échange et de partage d’expériences.
Plusieurs responsables d’institutions concernées par la question de la migration y participent également, sous l’égide de la Fondation Rosa Luxembourg, à l’initiative de ce Forum.
L’humanité “n’a jamais été statique. La sédentarisation dans l’histoire est une très petite parenthèse. L’homme n’a pas deux pieds pour rester immobile”, a déclaré le président du Forum social sénégalais.
Il s’est appuyé sur des références historiques, depuis l’Égypte pharaonique jusqu’aux migrations ouest-africaines ayant façonné des royaumes comme celui du Sine.
Selon Mamadou Mignane Diouf, “personne n’est étranger sur cette terre de Dieu”, sans compter que “le droit à la mobilité est un droit reconnu par les Nations unies”.
Il a également dénoncé un “paradoxe historique” dans la position européenne. “Après avoir pris nos ressources, nos poissons, nos hommes pendant 300 ans, l’Europe nous demande aujourd’hui de rester immobiles et de ne pas franchir ses frontières. C’est une insulte à l’histoire de l’humanité”, dit-il.
Il appelle les Africains à refuser d’intérioriser cette “hiérarchie imposée”. “N’ayez aucun complexe. Vous n’êtes pas étrangers en Amérique ou en Europe. Même les oiseaux migrent, même les poissons migrent”, a-t-il lancé aux participants.
Pour Mamadou Mignane Diouf, les changements doivent venir d’une mobilisation citoyenne forte car, la diplomatie internationale “est un jeu de dupes”.
“Un autre monde est possible mais à condition de replacer la valeur humaine au cœur de la réflexion sur les mouvements de population et la migration”, a conclu le coordonnateur du Forum social sénégalais.
Armin Osmanovic, représentant régional Afrique de l’Ouest de la Fondation Rosa Luxemburg, a appelé à “reconstruire un nous solidaire pour lutter contre les politiques migratoires injustes et les dérives extrémistes dans le monde”.
Il a dénoncé le traitement réservé aux migrants considérés seulement “comme une force de travail jetable” et plaidé pour une approche inclusive visant à améliorer les conditions de vie des populations de manière générale. [APS]







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