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Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République, président de l’Apr (par Me Wagane FAYE)

Vendredi 10 Août 2018

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République, président de l’Apr (par Me Wagane FAYE)
Plus pouvoiriste qu’un candidat à sa propre succession à la tête de l’Etat du Sénégal par les temps qui court, tu meurs.
 
Surtout lorsque ce candidat est en même temps le leader du parti au pouvoir, exactement votre cas, Monsieur le Président Macky SALL. On ne me croirait pas, si je disais que je n’aimerais pas être à votre place, quand je note tout ce qu’il vous faut faire comme gymnastique pour tenter de vous en sortir.
 
Si votre décision de tout faire, c’est manifeste, pour être réélu « dès le premier tour » venait à se réaliser mais dans une ambiance paisible le soir des prochaines élections, je le souhaite pour la suite des évènements. Ce serait tant mieux, les souhaits de nos compatriotes étant que quel que soit le candidat qui sortira vainqueur, que tout se passe dans la paix.
 
Mais il y a lieu de ne pas être optimiste, si les uns et les autres dans les deux camps qui se regardent en chien de faïence ne maîtrisent pas comme il faut leurs partisans, s’ils ne prennent pas les résultats de la future présidentielle comme une affaire de vie ou de mort.
 
Monsieur le Président, le pouvoir politique n’est pas la fin du monde, et se rassasier d’un repas infect pour s’en tirer avec une diarrhée et des vomissements difficiles à guérir n’est pas souhaitable.
 
Je me souviens vous avoir chaudement applaudi, suite à des propos que vous aviez prononcés. Je ne m’en étais pas limité à des applaudissements. Je m’étais exprimé par presse interposée. C’était quand vous aviez déclaré que vous alliez initier une réforme constitutionnelle tendant à réduire la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans renouvelables une fois. Vous aviez dit en sus que cette réforme serait applicable à votre mandat en cours. Que ce serait une excellente attitude d’homme d’Etat dans une Afrique où on assiste presque toujours à des tripatouillages des constitutions pour permettre au roitelet au trône d’y rester indéfiniment.
 
L’effectivité d’une telle réforme constitutionnelle aurait été très bénéfique pour notre pays, qui pourrait s’en vanter dans toutes les rencontres politiques internationales africaines. Elle pourrait faire une tache d’huile dans une Afrique qui ne cesse d’être rongée par des conflits très graves entrainant des génocides, à l’occasion des élections présidentielles.
 
Mais plus la date du renouvellement de votre mandat s’approche, plus on se demande si réellement les promesses de révision constitutionnelles dont je vous attribue la paternité ont jamais été tenues par vous.
 
Pire, en matière de démocratie en général, les régimes reculent à pas de géant depuis le départ du Président Abdou DIOUF. Pourvu que le frein à ces reculades ne nous amène pas à des guères civiles.
 
Monsieur le Président, il risque d’y avoir des surprises lors de l’élection présidentielle de février 2019. Les acteurs politiques, voire les simples citoyens épris de paix et allergiques à vos politiques devenues monnaie courante de deux poids deux mesures, ne manqueront pas d’impacter ces élections que les gens attendent fébrilement. Aucune astuce, aucune réforme à la va-vite, comme les parrainages, aucune décision soit disant de justice qui fait fi des belles dispositions législatives et des décisions judiciaires communautaires, dont les buts visés ne trompent même pas les analphabètes juridiques, n’y pourront rien. Et si par malheur le « maatey » l’emporte, s’installera « un laissez aller, un laisser faire, tant pis ».
 
Le héros redresseur de désordres que je voyais en vous n’étant pas finalement venu, les Sénégalais tourneront le regard vers d’autres, et ainsi de suite. Cela m’étonnerait que les citoyens politiquement conscients se laissent marcher sans limite sur les pieds.
 
Bref, on assistera à des sabotages généralisés, car les donneurs de leçon hiérarchiques se feront rire au nez par leurs agents qui n’auraient plus rien à perdre, ni de leçon à attendre d’eux.
 
Certains des responsables politiques de votre bord, ont montré par leur courage et leur discernement qu’ils resteront les oiseaux rares qui continueront à servir de modèle de courage et d’abnégation. Citons Mr Mbaye NDIAYE, Ministre d’Etat, Maître Alioune Badara CISSE, Médiateur de la République, Mr Moustapha Cissé LO, Vice Président de l’Assemblée Nationale et parlementaire communautaire. Ceux-là, la sauvegarde d’une carrière douillette ne les a pas empêchés d’émettre des avis dans un sens contraire à votre position défavorable à Mr Khalifa SALL pour l’éliminer de vos adversaires redoutables.

Ces trois héros qui ont prouvé qu’ils n’ont pas peur de leur ombre ont publiquement soutenu à diverses occasions que les faits reprochés à Khalifa SALL sont politiques, rien de pénal. Les débats devant les premiers juges qui l’ont malgré tout condamné, l’avaient démontré très clairement et à suffisance. Sous cap, les avocats se l’avouaient mais non sans ajouter : « mais on verra ».
 
Quant aux juges d’appel qui ont la lourde charge de confirmer ou d’infirmer le jugement d’instance, ils disposent sur un plateau d’argent d’un fondement implacable d’infirmer purement et simplement et aucun fondement factuel ou légal pour confirmer.
 
Monsieur le Président, ceux qui avaient suivi les péripéties de vos démêlés avec le Président WADE avaient salué votre refus de vous faire marcher sur les pieds. Ce refus, vous l’aviez montré eu égard à tous les avantages et privilèges qu’il vous avait ôtés :
 
Mbaye NDIAYE, Alioune Badara CISSE, Moustapha Cissé LO, en prenant fait et cause pour vous, n’ignoraient pas eux aussi, ce que leur refus d’accepter le sort qui vous était fait, absolument à tort, méritent de vous.
 
L’un dans l’autre, demeurant ce qu’ils étaient lorsqu’ils volaient à votre secours, ont répugné la lâcheté qui aurait consisté à ne pas dire publiquement ce qu’ils savaient des péripéties que lui a créé son refus d’accepter le deal que vous lui auriez proposé.
 
Je lève à vous tous mon chapeau ! « Gathié Ngaalaama »
 
Dakar, le 10 août 2018
 
Maître Wagane FAYE
 
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