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Le président gambien, au pouvoir depuis 1994, battu aux élections

Vendredi 2 Décembre 2016

BANJUL (Reuters) - Le président de Gambie, Yahya Jammeh, qui promettait de diriger le petit pays d'Afrique de l'Ouest pendant "un milliard d'années", a subi vendredi une surprenante défaite électorale après 22 ans au pouvoir.
 
Dans un pays pourtant verrouillé, gouverné par décrets et où les organisations des droits de l'homme dénoncent régulièrement la répression des opposants, le chef de l'Etat sortant a été nettement battu à l'élection présidentielle organisée jeudi.

Il est arrivé en deuxième position avec 36,7% des suffrages derrière son principal rival, l'homme d'affaires Adama Barrow (45,5%), qui obtient un total de 263.515 voix, a annoncé la Commission électorale à la télévision nationale.

L'élection présidentielle se déroulant en un seul tour, le candidat qui termine en tête est élu, même s'il n'obtient qu'une majorité relative.
 
La proclamation de la victoire d'Adama Barrow a provoqué des scènes de joie à Banjul, la capitale, où des habitants ont agité le drapeau national et crié : "Nous sommes libres. Nous ne sommes plus les esclaves de personne."

Deux heures plus tard néanmoins, ni le président ni son entourage n'avaient encore accepté le résultat.
 
Adama Barrow et le président de la Commission électorale, Alieu Momarr Njai, ont assuré que Yahya Jammeh était prêt à concéder sa défaite."Jamais dans mes rêves je n'aurais cru qu'il admettrait sa défaite. Cela me semble presque trop beau pour être vrai", a réagi Ramzia Diab, un opposant, du Sénégal voisin où il s'est réfugié après avoir reçu des menaces de mort.
 
RÉINTÉGRER LA CPI
Au pouvoir depuis un putsch survenu en 1994, Yahya Jammeh avait assuré pendant la campagne que "seul Allah" pourrait lui reprendre le pouvoir qu'il lui a donné.
Le président a récemment fait les gros titres de la presse en affirmant qu'il avait découvert un traitement du sida par les plantes, qui ne fonctionnerait que le jeudi. Yahya Jammeh a par ailleurs menacé d'égorger ou de décapiter les homosexuels.
 
Pendant le vote de jeudi, la Gambie, qui compte 1,8 million d'habitants, était privée totalement d'internet et les frontières terrestres étaient fermées.
Les autorités ont refusé la présence d'observateurs de l'Union européenne et seule une poignée d'observateurs de l'Union africaine ont assisté au scrutin.
 
Mais Adama Barrow, un homme d'affaires, a réussi une première depuis l'arrivée au pouvoir de Yahya Jammeh : unir et galvaniser l'opposition en promettant de relancer l'économie, l'une des plus pauvres de la région.

Barrow, promoteur immobilier, s'est aussi engagé à mettre fin aux violations des droits de l'homme et à démissionner au bout de trois ans afin de favoriser la démocratie.
La Gambie s'est retirée de la Cour pénale internationale le mois dernier, mais la décision ne prendra pas effet avant l'année prochaine.
 
Karamba Touray, porte-parole de l'UPD (Parti démocratique uni), le parti de Barrow, a déclaré que le président élu demanderait que son pays réintègre la CPI et rejoigne immédiatement le Commonwealth.

Il a ajouté qu'Adama Barrow comptait annuler le caractère "islamique" de la République gambienne proclamé en décembre 2015 par Yahya Jammeh.

"Il veut que la Gambie reste un Etat laïque et respecte les droits de tout le monde", a indiqué le porte-parole. La Gambie, pays à large majorité musulmane, abrite une minorité chrétienne.
On ignore encore si Yahya Jammeh, s'il abandonne ses fonctions, réclamera une forme d'immunité pour les abus commis sous sa présidence.
Joe waly Diam
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