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« La justice au Sénégal a dépassé le stade du malaise, elle est en crise. » (Magistrat Alioune Ndao)

Vendredi 26 Mars 2021

«Nous traversons une des pires crises de notre histoire. De mémoire, cette justice n’en est jamais aussi attaquée, vilipendée et discréditée que lors de ces évènements malheureux. C’est la première fois que des attaques physiques portant sur des juridictions ont lieu au Sénégal. Quand j’ai vu l’image de la salle d’audience du Tribunal de grande instance (Tgi) de Diourbel brûlée, ça m’a fait beaucoup mal mais, comme on le dit, «il n’y a jamais de fumée sans feu» et comme l’ont dit certains, «il y a un réel problème de confiance entre la justice et les justiciables». C’est faire preuve de cécité que d’essayer de nier ça !
 
Lors du dernier symposium, on parlait de malaise au sein de la magistrature malheureusement, certains hauts magistrats qui étaient présents, avaient essayé d’en nier l’existence. Maintenant, on n’est plus au stade du malaise, on est au stade de la crise. A force de se bander les yeux, de refuser de regarder la réalité, la situation s’enfonce davantage. Donc, il est temps que les acteurs de la justice eux-mêmes ouvrent les yeux pour se rendre compte de la situation dans laquelle est la justice actuellement.
 
« Devoir d’indépendance »
 
La crise de confiance qui existait déjà entre la justice et les justiciables s’est davantage aggravée. Et le reproche récurrent qui est fait à la justice, c’est que dans le traitement de certains dossiers importants et pouvant intéresser le pouvoir exécutif, la justice n’a pas su jouer pleinement son devoir d’indépendance à l’endroit de ce dernier. A vrai dire, ce reproche est le plus souvent fondé.
 
Il arrive que la justice manque à son devoir d’indépendance, mais pas tout le temps. Au quotidien, il y a au moins une centaine de dossiers qui sont traités dans les juridictions en toute indépendance, sérénité et en toute impartialité. Mais comme l’avait dit la dernière fois lors du symposium Assane Dioma Ndiaye, «ce sont les 5% de dossiers qui font sortir les policiers, les chars de combat et qui voient les grenades lacrymogènes lancées».
 
« La faute à certains magistrats »
 
Donc, ce sont les 5% là qui constituent qu’on le veuille ou non, la figure de la justice parce que c’est dans ces dossiers qu’on attend de la justice une attitude digne par rapport à l’attente du justiciable. A mon humble avis, certes le pouvoir exécutif s’obstine dans son refus d’apporter les réformes nécessaires pour consolider de manière définitive une indépendance réelle de la justice, certes ce pouvoir exécutif en la personne du président de la République et de son ministre de la Justice usent et abusent de leur pouvoir de nomination sur des magistrats pour (neutraliser) toute velléité d’indépendance de la part de ces derniers mais, il faut reconnaitre que la faute incombe également à certains magistrats qui soit, pour obtenir une promotion, soit pour faire conserver un «bon poste», jouent le jeu de l’exécutif et contribuent ainsi à ternir l’image de cette justice. L’Ums (ndlr : Union des magistrats sénégalais) se doit de les identifier et de les dénoncer ouvertement».
 
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