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LE SENEGAL CLIVANT (Sarakhe Ndiaye)

Lundi 6 Juillet 2020

LE SENEGAL CLIVANT (Sarakhe Ndiaye)
 
 
Le Sénégal des réseaux sociaux est plus que clivant. On surfe sur le superficiel en refusant d'explorer la profondeur pour mieux cerner les vrais contours des questions. A force de faire passer en avant l'émotionnel né de l'instantanéité, la quête de sens qui devait animer nos réflexions a fini par s'éteindre. Nous subissons le diktat inarrêtable du buzz avec une propension inouïe de parler de tout et de rien avec passion sans retenir des leçons pour le futur ni apporter les correctifs nécessaires et pouvant enclencher le processus transformationnel du présent.

Ainsi, la subjectivité a pris le pouvoir et nous assistons aux indignations calculées et même monnayées. Les postures sont déterminées selon la tête du client en face et les condamnations n'obéissent plus aux principes. Ce qui est blâmable chez Mademba est excusable à Massamba. Le parti-pris semble avoir un ancrage génétique en nous. Il arrive pourtant dans bien des cas de pouvoir trouver des passerelles qui permettent de mettre en œuvre une intelligence de conciliation mais nous préférons entretenir la césure et exacerber nos divergences. Le plus inquiétant dans cette situation, c’est que les ressorts sociaux qui garantissaient nos capacités internes de médiations (se) sont discrédités du fait des jeux d'intérêts auxquels ils participent.

La "société d'accaparement" théorisée par le sociologue Malick Ndiaye est devenue plus réelle que jamais. Tout tourne autour de la domination et on dénie à l'autre toute légitime aspiration. Tant que notre rapport à l'intérêt général ne sera pas le caractère fondateur de notre gouvernance et de notre citoyenneté, notre commun vouloir de vie commune sera éternellement ébranlé. Les pays prospères sont ceux qui ne se méprennent pas sur l'essentiel.
 
Quand une bagarre entre Ndiolé et Ngoné Ndiaye Guéweul défraie plus la chronique que 70% d'échecs au baccalauréat, c'est qu'il y'a un problème préoccupant. On esquive les questions fondamentales pour ergoter sur le puéril. Chaque année 250.000 jeunes diplômés dans des domaines en net décalage avec le marché de l'emploi en grande majorité ne parviennent pas à trouver un stage. Le chômage endémique, avec ces centaines de milliers de jeunes autour de la théière sans aucune perspective, constitue une vraie bombe dont personne ne veut parler. Notre démographie grimpe à une vitesse hallucinante et rien n'est fait pour la croissance des structures sociales et économiques pour une absorption harmonieuse de la demande qui va avec.

Prenons l'exacte mesure de la situation et revenons à la primauté de l'essentiel sur l'accessoire. Nous fonçons droit dans le mur.
 
Sarakhe Ndiaye
 
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