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Guinée Bissau : Embalo, l’arme de la dissolution parlementaire á tous les coups

Lundi 4 Décembre 2023

C’est la deuxième fois depuis son installation au pouvoir en janvier 2021, que le président Embalo entreprend de dissoudre l’Assemblée nationale. L’Armée et l’opposition se laisseront-elle faire ?

Une Assemblée nationale dissoute alors qu’elle est dominée par l’opposition. C’est la première mesure d’envergure prise par le président Umaro Sissoco Embalo après ce qu’il a qualifié de tentative de coup d’Etat contre son régime, indiquent plusieurs médias. 

« La date des prochaines élections législatives sera fixée le moment opportun, conformément aux dispositions (...) de la Constitution », indique un décret présidentiel publié par les autorités bissau-guinénnes lundi matin.

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Le chef de l’Etat bissau-guinéen avait réuni autour de lui au palais présidentiel une réunion du Conseil d’Etat en présence du premier ministre Geraldo Martins, du président de l’Assemblée nationale Domingos Simões Pereira et de plusieurs leaders politiques du pouvoir et de l’opposition. 
 

Vendredi 1er décembre, des éléments de la Garde nationale avaient entrepris de libérer des griffes de la justice le ministre des Finances et le secrétaire d’Etat au Trésor alors qu’ils étaient sous enquête judiciaire relative á des retraits de fonds publics logés dans un compte ouvert à la Banque Of Africa (BOA) de Bissau. Mais l’intervention des Forces spéciales les avait contraints á la capitulation. Le chef de la Garde nationale et plusieurs de ses hommes avaient été mis aux arrêts.  

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« Après cette tentative de coup d'État menée par la Garde nationale et devant les preuves fortes de l'existence de complicités politiques, le fonctionnement normal des institutions de la République est devenu impossible. Ces faits confirment l’existence d’une grave crise politique », rapportent différents médias. 

Dès son retour de Dubaï où il prenait part à la COP28, le président Embalo avait promis « des conséquences graves » qui seraient tirées de cette « tentative » de putsch. La dissolution de l’assemblée nationale en est une, en attendant peut-être les résultats des investigations d’Etat sur les événements dru 1er décembre. 

L’organisation de nouvelles élections législatives sera-t-elle acceptée facilement par l’opposition ? Rien n’est moins sûr. Avec les scrutins tenus en juin dernier, le PAIGC, chef de file de la coalition Par-Terra Ranka, avait obtenu la majorité absolue des sièges avec 54 députés élus sur 102. Un succès qui lui a permis d’imposer la cohabitation au président Embalo et a sa coalition, le Madem G15, sortie affaiblie de ces joutes. 

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La dissolution annoncée de l’assemblée nationale, la deuxième sous l’ère Embalo après celle de mai 2022, serait-elle une stratégie du chef de l’Etat de retrouver une majorité parlementaire qui lui permettrait de gouverner plus librement ? Quelle sera la réaction du Parti africain de l’Indépendance de la Guinée Bissau et du Cap-Vert, historique formation politique dotée de puissants relais dans les corps constitués de l’Etat dont le chef Domingos Simões Pereira reste un ennemi irréductible du président en exercice? 

Bien souvent, l’Armée bissau-guinéenne s’est muée en arbitre du jeu politique, profitant d’une légitimité historique tirée de la guerre d’indépendance menée par Amilcar Cabral contre le colonialisme portugais. Mais elle ne semble plus avoir l’assentiment populaire pour une telle mission au regard des exigences démocratiques requises par la « communauté internationale ».

Apres avoir vilipendé les régimes putschistes dans l'espace de la Cedeao et dénoncé à plusieurs reprises ses pairs ouest-africains candidats a un 3e mandat indu, Umaro Sissoco Embalo semble rattrapé par l'histoire. 


Pour son principal adversaire Domingos Simões Pereira, leader du PAIGC, cette dissolution de la représentation nationale constitue un coup d'Etat constitutionnel á partir duquel Embalo envisage de briguer un second mandat a la tête du pays en 2024. [IMPACT.SN]

 
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