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Guerre en Ukraine - Zelensky annonce des signaux "positifs" issus des pourparlers d'Istanbul

Mercredi 30 Mars 2022

Les signaux en provenance des négociations russo-ukrainiennes de mardi en Turquie sont « positifs », mais l’Ukraine n’a pas pour autant « l’intention de relâcher » ses efforts militaires, a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
 
« Nous pouvons dire que les signaux que nous entendons dans les négociations sont positifs, mais ils ne font pas oublier les explosions ou les obus russes », a-t-il dit dans un message-vidéo posté sur Telegram.
 
« La situation n’est pas devenue plus facile, l’ampleur des défis n’a pas diminué, l’armée russe a toujours un potentiel important pour poursuivre les attaques contre notre État », a-t-il ajouté, quelques heures après une nouvelle session de pourparlers russo-ukrainiens à Istanbul.
 
Dans ce contexte, « il ne faut pas s’attendre à ce que les négociations [entre Kyiv et Moscou] entraînent la levée des sanctions contre la Fédération de Russie. Cette question-là ne peut être envisagée qu’une fois la guerre terminée et que nous aurons récupéré ce qui est à nous », a encore dit M. Zelensky.
 
La Russie a notamment promis mardi de « radicalement » réduire son activité militaire en direction de Kyiv et Tcherniguiv en Ukraine, après des pourparlers russo-ukrainiens « substantiels » à Istanbul.
 
« Les négociations sur un accord sur la neutralité et le statut non nucléaire de l’Ukraine entrant dans une dimension pratique […], il a été décidé, pour accroître la confiance, de réduire radicalement l’activité militaire en direction de Kyiv et Tcherniguiv », a déclaré à Istanbul le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomine, à l’issue des discussions.  
 
Les forces russes autour de Kyiv ont entamé un « repositionnement » mais « pas un vrai retrait », a toutefois affirmé mardi le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby.
 
« Nous pouvons confirmer que nous avons vu un petit nombre » de troupes « commencer à se repositionner », a-t-il dit devant la presse. Mais « nous devons être prêts à voir une offensive majeure contre d’autres zones d’Ukraine » et « cela ne signifie pas que la menace contre Kyiv soit terminée », a-t-il prévenu.
 
« La grande majorité des forces qu’ils ont massées près de Kyiv sont encore là », a précisé John Kirby, « c’est un repositionnement, pas un vrai retrait ».
 
Selon lui, « la Russie n’a pas réussi à remplir son objectif qui était de prendre Kyiv, elle n’a pas réussi à remplir son objectif qui était de prendre le contrôle de l’Ukraine, mais elle peut encore infliger des violences massives au pays, y compris à Kyiv ».
 
« Nous devons être lucides sur la réalité de ce qui se passe sur le terrain et personne ne devrait être dupe des annonces de la Russie », a dit de son côté Kate Bedingfield, une porte-parole de la Maison-Blanche.
 
Le chef de la délégation russe et représentant du Kremlin, Vladimir Medinski, a fait état de « discussions substantielles » et dit que les propositions « claires » de l’Ukraine en vue d’un accord allaient être « étudiées très prochainement et soumises au président » Vladimir Poutine.
 
Selon lui, une rencontre des dirigeants ukrainien Volodymyr Zelensky et russe Vladimir Poutine, et de représentants d’États garants, serait possible en cas d’accord pour mettre fin aux hostilités.  
 
« En ce qui concerne une rencontre des deux présidents, nous avons dit depuis le début qu’elle sera possible lorsqu’il y aura un accord […] La rencontre pourrait être multilatérale, avec la participation d’États garants », a-t-il dit.
 
« Après la discussion substantielle d’aujourd’hui, nous nous sommes entendus et proposons que la rencontre se fasse pour parapher l’accord », a-t-il dit.  
 
« À condition d’[effectuer] un travail rapide sur l’accord, et de trouver les compromis nécessaires, la possibilité de conclure la paix se rapprochera », a dit M. Medinski.
 
Kyiv acceptera la neutralité si elle obtient un « accord international » garantissant sa sécurité
L’Ukraine acceptera d’être neutre si elle obtient un « accord international » pour garantir sa sécurité, dont seraient signataires plusieurs pays agissant en tant que garants, a indiqué mardi le négociateur en chef ukrainien après plusieurs heures de pourparlers russo-ukrainiens à Istanbul.
 
Le négociateur en chef, David Arakhamia, a aussi estimé qu’après ces pourparlers, les conditions étaient « suffisantes » pour une rencontre au sommet entre les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky. Depuis le début de l’invasion russe le 24 février, Moscou a toujours refusé une telle proposition de Kyiv.
 
« Nous insistons pour qu’il s’agisse d’un accord international qui sera signé par tous les garants de la sécurité », a déclaré David Arakhamia lors d’un point de presse informel.
 
« Nous voulons un mécanisme international de garanties de sécurité où les pays garants agiront de façon analogue à l’article 5 de l’OTAN et même de façon plus ferme », a-t-il ajouté.
L’article 5 du traité de l’Alliance atlantique stipule qu’une attaque contre l’un de ses membres est une attaque contre tous.
 
M. Arakhamia a cité, parmi les pays que l’Ukraine voudrait avoir comme garants, les États-Unis, la Chine, la France et la Royaume-Uni-membres du Conseil de sécurité de l’ONU-mais aussi la Turquie, l’Allemagne, la Pologne et Israël.
 
« L’Ukraine acceptera un statut neutre si le système de garantie de sécurité fonctionne », a-t-il ajouté.
 
Avec de telles garanties, l’Ukraine « ne déploiera sur (son) territoire aucune base militaire étrangère » et ne rejoindra « aucune alliance militaro-politique », a souligné un autre négociateur, Olexandre Tchaly.
 
Des exercices militaires pourraient néanmoins être organisés en Ukraine avec l’accord des pays garants, a-t-il précisé.
 
Kyiv demande également que cet accord international n’interdise en rien l’entrée de l’Ukraine dans l’UE, et que les pays garants s’engagent à contribuer à ce processus.
 
Pour que ces garanties puissent prendre effet dans les plus brefs délais, la Crimée et les territoires du Donbass sous contrôle des séparatistes prorusses seraient « temporairement exclus » de l’accord, a précisé M. Arakhamia.
 
Pour résoudre la question spécifique de la Crimée, annexée par la Russie en 2014, Kyiv propose « 15 ans » de pourparlers russo-ukrainiens séparés, selon un autre négociateur ukrainien, Mykhaïlo Podoliak. (AFP)
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