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France - La suppression du corps diplomatique suscite colère et indignation

Mardi 19 Avril 2022

Quai d'Orsay, siège du ministère français des Affaires étrangères à Paris
Quai d'Orsay, siège du ministère français des Affaires étrangères à Paris
Les diplomates ne seront plus exclusivement issus du ministère des Affaires étrangères : ils seront désormais choisis parmi des hauts fonctionnaires venant de toutes les administrations ou du secteur privé. 

C'est un des volets de la réforme de la haute fonction publique  voulue par Emmanuel Macron : la suppression du corps diplomatique, actée dans un décret paru dimanche 17 avril au Journal officiel. Une mesure qui suscite depuis lundi la colère de la candidate RN Marine Le Pen et d'une large partie de la classe politique.
 
"Emmanuel Macron veut remplacer des serviteurs de l'État impartiaux par du copinage", l'accuse sa rivale au second tour de l'élection présidentielle. Jean-Luc Mélenchon, le député de la France Insoumise s'inquiète de la "destruction" d'un "réseau diplomatique" vieux "de plusieurs siècles".
 
"Comment une décision de cette nature est-elle possible sans vote au parlement, entre les deux tours d’une élection ?", s'interroge de son côté l'ancienne ministre socialiste Ségolène Royal.

Le député LR Éric Ciotti souligne lui aussi "la fin d'une époque. Macron abat en ce jour, un nouveau pilier de notre État régalien". Une réforme qui est "une erreur" pour l'ancien ministre des Affaires étrangères Michel Barnier (LR).

Selon les informations de franceinfo, cette réforme est vécue, au quai d'Orsay, comme un déclassement de la diplomatie française. "Que sera une diplomatie sans diplomates ?" C'est la question posée par les 150 signataires d'une tribune publiée en novembre 2021 dans le journal Le Monde. Des diplomates y voient une punition après qu'Emmanuel Macron leur a notamment reproché en 2019 de freiner sa politique de rapprochement avec la Russie. Certains considèrent également que le moment est mal choisi en pleine guerre en Ukraine et qu'il pourrait fragiliser l'action extérieure de la France. Ces diplomates redoutent la perte d'expertise sur le terrain et une possible dérive vers la politisation des nominations comme cela peut se faire aux États-Unis. 

Interrogé mardi 19 avril sur France Inter, le premier ministre Jean Castex s'est voulu rassurant : "Nous avons une haute fonction publique et en particulier des diplomates de grande qualité : ils conserveront un corps, un statut, une impartialité, un recrutement par concours. La différence, c'est qu'il y faut plus de diversité et de transversalité".

Entre 800 et 900 fonctionnaires concernés

La mesure annoncée dès la fin de l'année dernière signifie que les diplomates de haut rang ne seront plus exclusivement issus du ministère des Affaires étrangères, comme c'est le cas aujourd'hui, mais qu'ils seront désormais choisis parmi des hauts fonctionnaires venant de toutes les administrations ou du secteur privé.

Selon Le Monde, quelque 800 hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères sont concernés par cette mesure, sur 1 800 cadres de catégorie A. Ces derniers vont donc être incités à basculer dans le nouvel ensemble interministériel, sans grande visibilité sur la suite de leur carrière.

Après le remplacement de l'ENA par l'Institut national du service public, le 1er janvier dernier, cet autre volet de la réforme de la haute fonction publique entrera progressivement en vigueur à partir du 1er juillet prochain. À partir de 2023, les diplomates côtoieront ainsi les préfets, les inspecteurs généraux des finances et tous les cadres jusqu'ici formés par l'ENA au sein d'un nouveau "corps des administrateurs de l'État". (Orange & Médias service)
 
 
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