Connectez-vous

CAMEROUN : Mediapart, attaqué en diffamation par Bolloré, relaxé en appel

Vendredi 12 Février 2021

Fanny Pigeaud, la journaliste de Mediapart relaxée par la cour d'appel de Versailles
Fanny Pigeaud, la journaliste de Mediapart relaxée par la cour d'appel de Versailles
Une journaliste de Mediapart a été relaxée en appel en France de poursuites en diffamation intentées par le groupe Bolloré, pour un article de 2016 qui lui avait valu une condamnation en première instance, a indiqué jeudi à l’AFP la cour d’appel de Versailles.
 
Fanny Pigeaud, spécialiste de l’Afrique, avait été condamnée en 2018 à une amende de 1.500 euros avec sursis pour un article publié sur le site d’information intitulé "Comment le groupe Bolloré a ruiné deux entrepreneurs camerounais". Le directeur de la publication, Edwy Plenel, avait lui écopé d’une amende de 1.500 euros ferme.
 
Le tribunal correctionnel de Nanterre, en banlieue parisienne, avait alors estimé que l’enquête incriminée était "incomplète", "à charge", et "non contradictoire" et que les deux prévenus s’étaient montrés par conséquent "de mauvaise foi".
 
La journaliste s’était défendue à l’audience en disant avoir tenté de joindre en vain le groupe Bolloré et ses conseils pendant près de trois semaines.
 
Mercredi en revanche, la cour d’appel de Versailles, près de Paris, a confirmé le caractère diffamatoire des propos poursuivis mais elle a relaxé les prévenus au titre de la "bonne foi", jugeant que la base factuelle de l’enquête était "sérieuse et suffisante", s’est félicité Me Emmanuel Tordjman, le conseil de Mme Pigeaud. 
"C’est une grande victoire pour la liberté d’expression", a estimé l’avocat.
 
Interrogé par l’AFP, l’avocat de Bolloré Olivier Baratelli a dit ne pas comprendre "l’intérêt que Mediapart porte à cette histoire de plus de vingt ans", affirmant qu’elle ne "concernait pas" le groupe, la société visée n’appartenant pas encore au géant français selon lui.
 
Dans cet article, la pigiste estimait que deux entrepreneurs camerounais s’étaient retrouvés ruinés parce que le groupe français n’avait pas respecté une décision de la justice camerounaise prise en 1993 l’intimant de payer à leur société des dommages et intérêts.
 
Leurs marchandises, des plantes médicinales, avaient en effet été stockées par une filiale de Bolloré, la Socopao, et avaient subi une avarie, rendant le produit invendable.
L’article évoquait une "collusion" entre le pouvoir camerounais et le groupe français.
 
Mediapart avait remporté sa précédente passe d’armes avec l’empire Bolloré, aux côtés d’autres médias et d’ONG, en mars 2018: le tribunal correctionnel de Paris les avait relaxés alors qu’ils étaient poursuivis par la Socfin - une holding propriétaire de plantations en Afrique et en Asie et dont le groupe Bolloré est actionnaire - pour avoir fait état d’"accaparements" de terres par cette société. (Agence France Presse)
 
Nombre de lectures : 201 fois

Nouveau commentaire :















Inscription à la newsletter