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Blessé, un «gilet jaune» a perdu l'usage d'un œil

Mardi 19 Novembre 2019

Le «gilet jaune» blessé samedi à Paris par un projectile probablement tiré par la police a perdu l'usage de l'oeil gauche, a affirmé mardi sa compagne à l'AFP, tandis que son avocat annonçait une plainte contre le préfet de police.
 
«Physiquement, il a très mal, il souffre énormément de maux de tête en plus de son oeil. Et moralement... il est comme on peut l'être quand on vient d'apprendre qu'on n'aurait plus l'usage de son oeil gauche», a déclaré Séverine D., sa compagne, à la sortie de l'hôpital Huriez de Lille.
 
«Il a un gros sentiment d'injustice. Depuis un an qu'il était dans la rue quasiment tous les samedis, il n'a jamais rien cassé, jamais participé à des débordements, toujours été tranquille et là il se fait éborgner...».
 
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on voit cet homme de 41 ans place d'Italie pendant la manifestation des «gilets jaunes». Alors que la situation est très tendue aux alentours, il discute à l'écart du chaos avec d'autres manifestants.
 
Soudainement, vers 15h45, un projectile vient le heurter violemment à l'oeil gauche. Sur place, des manifestants et des «street medics» le mettent aussitôt à l'abri.
 
«Du sang gicler de partout..»
 
«Je l'ai vu tout de suite mettre ses mains (sur l'oeil) et du sang gicler de partout... On ne l'a pas vu arriver. En général, c'est lancé en hauteur, on a le temps d'évaluer où ça va tomber. Là, c'est arrivé droit dans son oeil, on n'a rien pu faire. Pour moi, c'était destiné à quelqu'un», affirme sa compagne.
 
Lundi, le préfet de police de Paris Didier Lallement avait annoncé qu'il allait saisir l'IGPN, «à la demande du ministre de l'Intérieur», après la diffusion de la vidéo.
 
De son côté, le parquet de Paris a ouvert une enquête judiciaire pour «violence par personne dépositaire de l'autorité publique avec armes ayant entraîné une interruption temporaire de travail de plus de huit jours» et confié les investigations à l'IGPN.
 
L'avocat du couple, Me Arié Alimi, a dénoncé mardi auprès de l'AFP une «violente agression» des forces de l'ordre lors «d'une nasse illégale ordonnée par le préfet de Paris».
 
Il a annoncé qu'il allait déposer une plainte auprès du doyen des juges d'instruction pour réclamer une requalification criminelle des investigations, pour «violences volontaires avec arme et en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une mutilation permanente».
 
«Violation de liberté individuelle»
 
Cette plainte au nom de Manuel C. - qui s'était aussi présenté à l'AFP comme Manuel T. - doit être également déposée pour «violation de liberté individuelle». Elle vise nommément le préfet Lallement, l'accusant de complicité pour avoir autorisé l'usage de lanceur de grenade 56 mm.
 
Ces lanceurs de grenades lacrymogènes, dit Cougar ou Chouka, font partie des armes de maintien de l'ordre contestées depuis le début du mouvement des «gilets jaunes» qui a fait de nombreux blessés.
 
«Il y a déjà eu assez d'éborgnés qui n'ont rien pu prouver. Là, on a la preuve, on ne peut pas dire qu'il était en train de faire quelque chose qu'il ne fallait pas», a ajouté sa compagne. (afp/nxp)
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