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Au procès du "frigo de Falco", l'avenir politique du maire de Toulon en suspens

Jeudi 13 Avril 2023

Hubert Falco
Hubert Falco
Homme fort du Var depuis 30 ans, Hubert Falco pourrait être déchu de tous ses mandats, comme l'a requis jeudi le parquet contre le maire de Toulon dans l'affaire du "frigo de Falco".
 
Poursuivi devant le tribunal correctionnel de Marseille pour recel de détournement de fonds publics, la tête baissée, souvent entre ses deux mains, Hubert Falco, 75 ans, a encaissé le réquisitoire pendant deux heures. Pour finir abattu, en larmes, lorsque le procureur a réclamé une peine de trois ans de prison avec sursis, la confiscation de 55.000 euros saisis sur son compte, et surtout une inéligibilité de cinq ans, avec exécution provisoire, c'est-à-dire d'effet immédiat. 
 
La justice lui reproche d'avoir continué à déjeuner à la cafétéria du Conseil départemental du Var, alors qu'il n'en était plus président, et d'avoir profité de repas à domicile et de frais de pressing, réglés eux aussi par la collectivité.
 
Ces repas étaient stockés dans un réfrigérateur dédié, d'où le nom de ce dossier: "le frigo de Falco".
 
Sans faux "suspense", le procureur de la République Mathieu Vernaudon avait prévenu dès le début de sa prise de parole: "Je vais vous demander de mettre fin immédiatement aux mandats électifs qui pèsent sur la tête d'Hubert Falco". 
 
Maire de Toulon depuis plus de 20 ans, Hubert Falco, ex-LR désormais rallié au président Emmanuel Macron, avait dirigé le département du Var, de 1994 à 2002. Et il préside la métropole de Toulon depuis sa création en 2002.
 
Parlant de "vrai scandale", le procureur a rappelé que cinq personnes "de la cuisine ont témoigné de la réalité des faits". 
 
Sans parler des mails retrouvés au sein du Conseil départemental, où il est question de "repas du dîner" et de "productions du soir" pour "HF", ou d'"Hubert Falco, invité permanent de Monsieur le président" Marc Giraud. A la tête de la collectivité à l'époque des faits, celui-ci est poursuivi de son côté pour détournement de fonds publics.
 
- "J'aime acheter des légumes" -
 
A l'encontre de Marc Giraud, le parquet a requis deux ans de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité, estimant qu'il ne devait pas être "condamné aussi sévèrement" qu'Hubert Falco, "le bénéficiaire final, celui qui décide" et considérait le conseil départemental comme "sa maison, son fief".
 
Marc Giraud, condamné à cinq ans d'inéligibilité pour emploi fictif dans un autre dossier de détournement de fonds publics (dont il a fait appel), avait dû abandonner son poste à la tête du Var en octobre.
 
"Je n'ai jamais nié que je déjeunais à la cafétéria du conseil départemental quand je montais pour y travailler", avait expliqué Hubert Falco mercredi. 
 
En revanche, il a démenti fermement les accusations de repas préparés spécialement pour lui. "L'enquête a prouvé qu'avec mon épouse, on dépensait plus que la moyenne nationale pour se nourrir ! J'aime aller dans les magasins, j'aime aller acheter des légumes", s'est-t-il défendu, parlant d'"une véritable entreprise de démolition" qui l'aurait visé avant les municipales de 2020.
 
Au total, le coût de ces repas privés se serait élevé à au moins 64.500 euros entre 2015 et 2018, la période visée. Soit 1.500 euros par mois, selon les enquêteurs. 
 
"On n'est pas sur un détournement de centaines de milliers d'euros, mais un euro détourné est un euro qui ne va pas à l'intérêt public", a appuyé le procureur. 
 
Pendant le procès, 20 témoins cités par le maire de Toulon ont défilé pour assurer de sa "probité": "un homme qui respecte les règles", pour une de ses anciennes directrice générale des services, qui a toujours eu une "vie d'ascèse" selon un autre.
 
Pour l'avocat de l'association de lutte contre la corruption Anticor, partie civile, "la question n'est pas de savoir si sa carrière politique est exemplaire" reconnaissant son bilan politique: mais "à carrière exemplaire, attitude exemplaire", a plaidé Me Alain-David Pothet.
 
L'avocat du maire de Toulon n'a pas souhaité réagir jeudi, préférant s'exprimer lors de sa plaidoirie vendredi matin. L'avocat de Marc Giraud, Me Jean-Claude Guidicelli, a par contre dénoncé des "réquisitions assommoir".
 
L'avenir politique d'Hubert Falco est maintenant suspendu au jugement, attendu a priori vendredi. 
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