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Algérie : la censure d’Etat frappe deux nouveaux sites d’information

Mercredi 2 Décembre 2020

Algérie : la censure d’Etat frappe deux nouveaux sites d’information
Au moins deux sites d’information algériens, Twala et Casbah Tribune, ont annoncé mercredi ne plus être accessibles en Algérie, dénonçant une nouvelle censure des autorités à l’égard des médias indépendants.
 
«Nous dénonçons vigoureusement cette censure arbitraire (…) dont nous ignorons le prétexte. Le journal n’en a jamais été informé», a réagi mercredi, dans un communiqué, l’équipe de Twala, nouveau-né du paysage médiatique local.
 
«C’est une atteinte à la liberté de la presse et à la liberté d’informer en Algérie», souligne le média, dont le blocage vient s’ajouter à une longue série visant des médias privés.
 
Bloqué un mois et demi à peine après son lancement, «Twala.info reste accessible grâce à la technologie VPN» et «malgré cette censure, l’équipe Twala poursuivra son travail», indique le communiqué.
 
La même mesure a été prise mercredi à l’encontre du site Casbah Tribune. Ce dernier a également annoncé son blocage sur sa page Facebook, confirmant qu’il ne restait accessible aux internautes algériens que via VPN.
 
De nombreuses censures
 
De nombreux autres sites d’information ont été ainsi censurés par les autorités algériennes au cours de l’année 2020, à l’instar de Radio M, Maghreb Emergent, Interlignes, L’Avant-Garde et TSA (Tout sur l’Algérie), d’après leurs directions respectives.
 
Maghreb Emergent et Radio M ont annoncé mercredi être de nouveau complètement inaccessibles, après avoir été partiellement débloqués début octobre.
 
Lancé le 15 octobre par une douzaine de journalistes, Twala est un média bilingue (français et arabe) proposant à la fois un suivi de l’actualité nationale en bref et du long format avec des reportages, des enquêtes, des analyses et des podcasts.
 
Casbah Tribune, publiant également dans les deux langues, est un site d’actualités nationales fondé en novembre 2017 par le journaliste Khaled Drareni, actuellement derrière les barreaux.
 
Fondateur de Casbah Tribune, correspondant en Algérie de la chaîne francophone TV5 Monde et de Reporters sans frontières (RSF), le journaliste de 40 ans a été condamné mi-septembre à deux ans de prison ferme pour «incitation à attroupement non armé» et «atteinte à l’unité nationale».
 
Poursuites judiciaires
 
Début octobre, le gouvernement algérien a adopté un projet de décret destiné à mieux «encadrer les activités des médias en ligne». Il y est notamment prévu que les sites électroniques soient «exclusivement» hébergés en Algérie. «Toutes les ressources (matérielles, logicielles, humaines, création, exploitation) nécessaires à l’hébergement d’un site devront être également en Algérie», d’après l’agence officielle APS.
 
Outre Khaled Drareni, plusieurs journalistes et/ou blogueurs algériens font l’objet de poursuites judiciaires ou de condamnations à des peines de prison ferme. Ce tour de vis sur internet s’inscrit dans un contexte de répression systématique ciblant quotidiennement des militants des droits humains, des opposants politiques, des journalistes et des blogueurs critiques à l’égard du régime.
 
Près de 90 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie pour des faits liés aux libertés individuelles. Des charges basées pour beaucoup sur leurs publications sur Facebook, d’après le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de solidarité.
 
L’Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF, un recul de cinq places par rapport à 2019 et de 27 places par rapport à 2015. (ATS/NXP)
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