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​Bourse - L’Italie décide de taxer les profits des banques

Mardi 8 Août 2023

La Bourse de Milan
La Bourse de Milan
 
L’Italie compte prélever une taxe de 40% sur les «surprofits» des banques générés par la hausse des taux d’intérêt. Une décision surprise qui a provoqué mardi la dégringolade des titres du secteur financier en Bourse.
 
 
Le vice-premier ministre Matteo Salvini a annoncé ce lundi soir que le gouvernement prévoit de taxer les «surprofits» des banques pour compenser le coût pour les ménages et les entreprises de l’envolée des taux d’intérêt.
 
Les hausses de taux pratiquées par la Banque centrale européenne ont dopé les bénéfices des banques et lésé leurs clients qui subissent de plein fouet l’augmentation de leurs taux d’emprunt, a déploré Salvini à l’issue d’un conseil des ministres.
 
«Il ne s’agit pas de quelques poignées de millions, mais de quelques milliards. C’est une mesure d’équité», a assuré le patron de la Ligue, parti d’extrême droite membre de la coalition gouvernementale.
 
À la Bourse de Milan, l’ensemble des actions bancaires ont chuté. Intesa Sanpaolo et Unicredit perdaient respectivement 8,6% et 5,9% à la clôture. Monte dei Paschi di Siena a dévissé de 10,8%, Bper Banca de 10,9% et Banco Bpm de 9%.
 
«Mauvaise nouvelle»
 
L’annonce du gouvernement a pris de court le secteur et les analystes. «C’est une mauvaise nouvelle inattendue», ont commenté les experts de Banca Akros, estimant que le bénéfice par action des banques sera amputé de 7% en moyenne.
 
«Nous disons depuis des mois que la Banque centrale européenne a tort de relever les taux d’intérêt», et cette taxation en «est la conséquence inévitable», a assuré l’autre vice-premier ministre, Antonio Tajani.
 
«Ce n’est pas une mesure contre les banques, mais elle vise à protéger les familles», a-t-il fait valoir, ajoutant que «la mesure ne durera qu’un an». Les recettes serviront à réduire la charge fiscale des entreprises et des ménages ayant dû mal à faire face à leurs prêts hypothécaires. La taxe sur les «surprofits» bancaires concernera les exercices comptables de 2022 ou 2023.
 
Le prélèvement de 40% sera effectué soit sur la partie du revenu net d’intérêts de 2022 dépassant d’au moins 5% le montant de l’exercice 2021, soit sur les profits de 2023 pour lesquels le seuil est fixé à 10%, a précisé le gouvernement.
 
Giorgia Meloni compte ainsi mobiliser des fonds en vue du budget pour 2024. Pour l’instant il manque de ressources en raison du recul surprise du produit intérieur brut de 0,3% enregistré au deuxième trimestre. Cette taxe pourrait rapporter entre deux et cinq milliards d’euros, selon les estimations des analystes.
 
L’Italie avait déjà instauré en 2022 une taxe sur les «surprofits» des géants énergétiques, qui a rapporté 2,76 milliards d’euros.
 
Envolée des profits
 
Les banques italiennes, à l’instar de leurs concurrentes européennes, ont vu leurs revenus engendrés par les intérêts s’envoler dans la foulée de la hausse des taux, sans pour autant augmenter la rémunération des comptes courants de leurs clients.
 
Intesa Sanpaolo a ainsi vu son bénéfice net bondir de 80% à 4,2 milliards d’euros au premier semestre. Sa rivale UniCredit a affiché un bénéfice net semestriel de 4,4 milliards d’euros.
 
La taxation des banques a suscité des réactions contrastées. Les syndicats ont applaudi, à l’image de la CISL qui y voit une mesure «juste» qui «devrait être étendue à d’autres multinationales». «C’est une taxe extrêmement controversée» qui semble être inspirée de l’Espagne, a commenté Francesco Galietti, fondateur du cabinet de consultants Policy Sonar.
 
«L’incertitude est au rendez-vous» en Italie avec cette taxe qui «est sortie de nulle part» alors que le ministre de l’économie Giancarlo Giorgetti s’était employé à faire taire des spéculations sur un tel projet, ont commenté les analystes de Jefferies. Le ministre avait en effet déclaré début juin qu’un impôt sur les banques n’était «pas à l’ordre du jour», taxant une telle mesure de «démagogique». (AFP)
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