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« Une démocratie dont l’esprit des règles est bafoué est forcément privative de liberté »

Vendredi 10 Février 2017

Par Dr Mohamed Sall (secrétaire général du Mouvement de la réforme pour le développement social, Mrds)
 
« Si le MRDS a opté pour la mise en avant de l’éthique en politique – son crédo : « Pour une véritable éthique en politique » –, c’est bien parce qu’il a conscience que les règles qu’une société se donne pour une vie harmonieuse, paisible et de progrès, ne suffisent pas à elles seules pour garantir l’atteinte de ces objectifs. Une règle reste une règle ; elle ne vaut que de par son application.
 
Partant du fait qu’une règle est à la fois lettre et esprit, et qu’il arrive, difficilement, que la lettre – un écrit – épouse parfaitement et totalement l’esprit– une intention –, d’une part, et que cet esprit est en soit l‘essence même de la règle, d’autre part, toute application d’une règle faisant fi de son esprit, comme les politiciens calculateurs savent si bien le faire, est une déviation qui, rapportée à la démocratie, la vide de son sens.
 
En effet, une démocratie dont l’esprit des règles est bafoué est forcément privative de liberté et porteuse de désharmonie, de troubles et de régression. Notre pays, le Sénégal, de par sa constitution, est un État démocratique, fondé, en principe, sur la séparation des trois pouvoirs que sont l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire. Il est vrai que les deux dernières alternances à la tête de l’État (19 mars 2000 et 25 mars 2012) ainsi que la liberté de presse, surtout, ont fini de donner, à l’extérieur du pays, une image d’une démocratie achevée.
 
Toutefois, vue de l’intérieur, cette image est loin d’être aussi reluisante. La manipulation récurrente de la justice par le pouvoir exécutif, lui ôtant l’indépendance nécessaire d’arbitre du jeu démocratique, pour garantir, entre autres, le respect des libertés inséparable d’une démocratie digne de ce nom, en est pour beaucoup.
 
Que de fois notre système judiciaire a été instrumentalisé pour combattre des adversaires politiques (Affaire Karim Wade, Affaire Barthélémy Dias, etc.), ou protéger des proches mis en cause dans des dossiers d’audits (dossiers OFNAC) ! L’allongement de l’âge de la retraite des magistrats aux postes stratégiques sonne plutôt comme une mesure de récompense tendant à renforcer cette dépendance.
 
Le référendum du 20 mars 2016 aurait pu être l’occasion, si tant est qu’on le voulait, de mettre en place des dispositifs particuliers, comme l’avait suggéré la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI), qui écartent la mainmise du Président de la république et de son Ministre de la Justice sur le fonctionnement de l’appareil judiciaire.
 
Mais ce qui demeure constant, c’est que le respect des règles démocratiques et de liberté, dans leur esprit, au-delà même de la lettre, est d’abord et surtout une question d’éthique. » 
 
 
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