Connectez-vous

Tuerie de Boffa-Bayotte: le procureur Alioune Abdoulaye Sylla accuse une faction du MFDC

Jeudi 25 Janvier 2018

Pour le parquet de Ziguinchor, l'attaque du 6 janvier qui a fait 14 morts a été "planifiée et exécutée par une personne" dont il a préféré taire le nom.


«Je vous remercie d’avoir répondu à mon invitation. Je voudrais commencer ce point de presse en présentant mes condoléances a toute la nation et a toutes les personnes qui ont perdu un parent ou un proche dans cette tragédie de la forêt de Bayotte-Est.
 
Dans le courant du mois de novembre 2017, deux plaintes pour coups et blessures volontaires ayant entraîné des incapacités temporaires de travail respectives de 60 et de 10 jours avaient été déposées par deux exploitants forestiers au parquet du tribunal de grande instance (TGI) de Ziguinchor.
 
L’enquête qui en avait résulté avait permis l’arrestation de quatre individus présumés appartenir à un comité de vigilance qui avaient été jugés et condamnés à une peine d’emprisonnement d’un mois sur le fondement de l’article 294 du code pénal qui sanctionne les faits incriminés d’une peine allant d’un an à cinq ans.
 
Il est important de préciser que la juridiction correctionnelle inscrivait cette peine d’une relative clémence dans une logique d’apaisement justifiée par une dynamique de rapprochement des parties évoluant toutes au sein d’une seule et même communauté; Par ailleurs le ministère public n’avait pas initie des poursuites contre les plaignants, en raison de la nature des faits qui, auraient en tout état de cause nécessité une saisine préalable du directeur des Eaux et Forêts ou de son représentant pour que des poursuites soient envisageables et recevables conformément aux articles L 18 et 21 du code forestier.
 
Le 06 janvier 2018, soit une semaine après la libération des prévenus qui avaient été condamnés, une vingtaine de personnes avait été capturée par des assaillants armés, dans la forêt de Bayotte Est et 14 parmi elles avaient été abattus de sang-froid tandis que 07 s’en sortaient avec des blessures. Une enquête a été immédiatement ouverte. La prise en main de l’enquête par la gendarmerie nationale sous la direction du Procureur de la République a très vite permis une avancée significative dans les investigations.
 
La synthèse des informations recueillies par des moyens humains et techniques par la section de recherches a vite mené vers des pistes qui convergent toutes vers des personnes de la localité et vers un cantonnement d’une faction. Les premières auditions réalisées et les données techniques recueillies ont donné une tournure décisive à l’enquête.
 
En effet il résulte de certaines déclarations que l’attaque du 6 janvier 2018 a été planifiée et exécutée par une personne dont nous tairons le nom, pour le compte de deux villages de la localité. La décision a été prise lors d'une réunion et l'opération a été menée par des personnes de la localité avec un renfort d’hommes sous les ordres d’un lieutenant d’une faction qui s’est déplacé spécialement pour l’exécution de la tache.
 
A cette fin une partie des armes, munitions et tenues serait venue des bases d’un front. Le reste de la logistique était détenu par des personnes habitant la localité. Apres une identification des personnes supposées avoir pris une part active a la tuerie par les moyens précités, la section de recherches appuyée par le GIGN et la LGI a mené avec succès une opération ayant permis l’interpellation d’une vingtaine de personnes parmi les cibles prioritaires.
 
La suite de l’enquête a permis d’identifier et de garder à vue celui qui aurait planifié toute l’opération et 15 autres personnes supposées avoir pris une part active dans les faits objet de la présente procédure. Les autres (9) ont été libérées fautes de charges suffisantes à ce stade de la procédure.
 
Une information judiciaire a été ouverte et le juge d’instruction saisi sous les préventions d’association de malfaiteurs, participation a un mouvement insurrectionnel, assassinat, tentative d’assassinat, détention d’armes sans autorisation administrative, coups et blessures volontaires, vols en réunion et le mandat de dépôt requis. Le juge d’instruction après les avoir inculpées les a placées sous mandat de dépôt.
 
Le même jour une délégation judiciaire prise par le juge d’instruction a permis pour le moment l’interpellation de 08 autres personnes qui lui ont été présentées avant hier avant d’être inculpées et placées sous mandat de dépôt. L’information judiciaire suit son cours.
 
Pour conclure je voudrais remercier tout ceux qui ont apporté leur expertise à cette procédure et rendre un hommage mérité a la gendarmerie nationale en général et à la section de recherches dirigée par le colonel Issa Diack et son équipe en particulier pour leur professionnalisme, leur efficacité, leur discrétion, et leur sens du devoir qui nous a permis de réaliser en un temps record les résultats que nous avons pu obtenir dans le strict respect de la procédure pénale, de la dignité humaine et des droits humains. Je vous remercie de votre attention.»
 
 
Nombre de lectures : 211 fois

Nouveau commentaire :












Inscription à la newsletter