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Situations politiques au Sénégal : grille de lecture (Par Ndukur Kacc Ndao)

Mercredi 31 Mai 2023

NB : J'ai toujours dit que lorsque j'écris sur la situation politique du pays, je ne le fais pas en tant qu'anthropologue mais comme acteur politique. Ma posture a toujours été claire. Merci de ne pas me désincarner.


Ndukur Kacc Ndao
Ndukur Kacc Ndao
 
Ma conviction profonde est que la responsabilité du président Macky Sall est engagée dans ce contexte de crise politique. Le président Macky est plus responsable que n'importe qui. Sans ses louvoiements nous n'en serions pas là. Je crois que pendant 12 ans, il a grillé ses cartouches et politisé l'institution présidentielle à coups de faux-fuyant, manœuvres, ruses et tergiversations et liquidations.
 
« ‘’Ecosystème de règlements de comptes’’ »
 
Au-delà de son bilan matériel (sur lequel on peut débattre), il a quelque peu failli du point de vue de sa promesse de gouvernance vertueuse, de la fin des tripatouillages de la constitution, la séparation des pouvoirs et de l'inclusion sociale (au delà de l'affiliation à un Parti politique). Il était payé pour savoir qu'il a été élu pour "redresser les tords et remettre le pays sur les rails ". Il est aussi assez averti pour savoir qu'en politique les perceptions publiques comptent beaucoup. Son "règne" a été un long exercice de "mise à mort" politique de toutes les têtes qui "dépassent", de tous ceux qui osent rappeler la "ligne initiale" ou la promesse de changement qui a valu le soutien des Sénégalais et une tentative inlassable de réduire à sa plus simple expression de l'opposition (le mot vient de lui). Il s'est permis tous les coups (entre éviction des opposants et de ceux qui auraient des "ambitions" dans son camp et coptage/recyclable des "vomis" d'hier). Beaucoup de ses transhumants viennent aujourd'hui narguer sans honte les Sénégalais.
 
Président a aussi fait la sourde oreille ou "mis sous le coude" bien des dossiers nauséabonds sur la prévarication et le permissivité de ses "proches" et suivi l'excès de zèle des renégats en quête de "réhabilitation" et de bonnes grâces auprès du Président, au point de créer de toute pièce une victime (Ousmane Sonko) qui a subi d'inutiles déboires administratives (radiation), parlementaires, judiciaires, etc. N'eût été la "meute", Ousmane Sonko serait encore aujourd'hui un haut fonctionnaire à la tête d'un parti politique comme il en existe des centaines dans ce pays et Khalifa Sall, maire de Dakar. Donc pour l'ensemble de son œuvre, que vaut encore la parole du Président ? Nous avons laissé prospérer un "écosystème" de règlements de compte, de concussion et de déballage qui étouffe toute chance de "respiration démocratique" saine et de confiance en la capacité des institutions a arbitrer sans interférence. La décrédibilisation des institutions et des autorités morales fera aussi partie de son bilan. Ainsi des laudateurs, justificiers et des mercenaires de toute sorte sont sortis des caniveaux politique et social.
 
« Cancer métastasé »
 
En réalité ce pays a entamé sa déliquescence institutionnelle et morale depuis l'avènement de Wade. Le cancer s'est métastasé et les enfants nourris au biberon de la turpitude ont grandi et sont aux affaires avec moins de retenue et de classe. Il suffit le regarder les profils et parcours. Si Wade avait ce comportement actuel, il est que Macky serait à Rebeuss ou exilé lui aussi au Qatar. Ousmane Sonko a, d'une certaine manière "bénéficié" de ce dégoût des dépités et des "laissez pour compte" qui aspirent à un nettoyage des écuries d'Augias et qui aspirent a être dirigés "différemment". Le fameux "Projet" a certes des contours flous pour certains et déroute bien des "intellos" et autres nostalgiques "produits des écoles de parti a l'ancienne" qui s'attendent à un programme alternatif fondé sur les meilleures analyses technocratiques, avec des éléments de langage structurés sur la vision et sur le comment. Je crois que cela n'a jamais été le but, ni la cible D'ailleurs que retient t'on du fameux Sopi ? De Yonu Yokute ? Les Sénégalais ont-ils jamais pris parti ou vote sur la base d'un programme ? La dénonciation des dérives actuelles, la promesse de la guillotine aux délinquants a col blanc et le refus de l'inféodation a l'étranger cristallisent bien des espoirs et rêves. Aussi démagogique ou simplificateur que certains puissent le penser , nous sommes en pleine vague de "Legui Doyna" (ça suffit maintenant ). Et la ligne de fracture est béante. Voilà pourquoi Sonko fait foule et recette. Il se présente en homme "neuf" mais de plus en plus seul face à plusieurs fronts. Peu importe ce que j'en pense. Voilà pourquoi ses "incartades" (que je trouve très irresponsables et puériles parfois ) sont jugées d'une part avec tant de bienveillance par ses alliés et d'autre part avec tant de violence et d'intolérance par ceux qui veulent l'amener a tout prix à la guillotine politique. L'argument moral est vite brandi pour sanctionner les dérives "libidineuses" pour quelqu'un qui aspire à gouverner. Mais ce même argument est vite mis de côté dès qu'il s'agit de la parole non respectée ou la prévarication sur les derniers publics. Indignation sélective !
 
« Deux camps qui ne s’assument pas »
 
Le pays retient son souffle. Parce que, nous sommes en face de deux camps qui ne s'assument pas. Macky se "réfugie" derrière l'Etat et les FDS pour faire passer ses lubies personnelles. Personne n'avait pensé que ce débat/cauchemar allait refaire surface au Sénégal. OS se "réfugie" derrière son bouclier humain pour éviter d'assumer ses virées privées avec une "guenon atteinte d'AVC" dans un lieu où il n'aurait jamais dû mettre le pied en premier lieu compte tenu des risques même pour son intégrité physique. Quand on dit qu'il n'aurait pas dû y mettre le pied, ce n'est pas un jugement moral (d'autres Sénégalais fréquentent ces lieux et c'est leur droit). Mais même si du point de vue de sa sécurité et compte tenu des aspirations, que se passerait-il si OS tombe dans un vrai piège et qu'il se fasse tuer ou violenter dans un salon de massage seul et sans protection ? Avec les meilleures et les plus saines intentions, peut-il confier son dos endolori à Adji Sarr ? On voit d'ailleurs ce que cela lui coûte objectivement dans sa trajectoire politique menacée. Évidemment, il ne s'agit pas de manière hypocrite d'envoyer les deux dos à dos. OS a droit à un procès équitable et autant pour lui que pour les autres, personnes ne doit entraver l'expression des offres politiques mêmes les plus farfelues et la capacité de se présenter aux urnes pour tous ceux qui aspirent à gouverner. Le "peuple" ou les électeurs inscrits vont trancher le moment venu. De même, autant on peut comprendre son refus d'aller gentiment à l'échafaud déjà dressé , autant il doit être dans une posture plus "responsable" dans ses déclarations et appels à la résistance (même si la VAR nous rappelle des positions aussi incendiaires du candidat Macky a l'époque où il faisait 4 fois le tour du Sénégal sans entraves).
 
Face à l’histoire
 
Macky lui est face à l'histoire. Il n'a pas droit à un 3ème mandat et le meilleur cadeau qu'il peut faire pour la paix et l'image de ce pays, c'est d'y renoncer et de demander à ses troupes de s'assumer plutôt que de se réfugier derrière lui. Pour l'heure, Macky se présente comme un sbire qui t'arrache ta propre montre et qui te demande de dialoguer avec lui pour qu'il te donne l'heure. Qui osera tenir un langage de vérité à ces deux-là ? Aujourd'hui nous avons un problème, c'est notre rapport à la vérité (au-delà de nos intérêts du moment). Et le problème du "Sénégal Rek" tant galvaudé et qui sert de paravent à tous les parasites, pyromanes et charognards.
NDUKUR (Source : page Facebook)
NB: les intertitres sont de la rédaction
 
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1.Posté par Me François JURAIN le 31/05/2023 20:22
Je pense que la différence entre WADE et SALL, c'est tout simplement...Qu'il n'y a pas de différence, mais simplement une continuité, un changement d'époque. Le règne de WADE, qui a été calamiteux au niveau de la bonne gouvernance (pour ne parler que de cela) se situait dans une période 2000/2012, où les gens avaient encore un minimum d'étique, une sorte de ligne rouge, qu'ils se fixaient à eux même, et qu'ils s'interdisaient de dépasser. Cela leur venait essentiellement de l'éducation qu'ils avaient reçue, car cette génération là recevait encore une éducation (je m'inclue dans cette génération sans en tirer la moindre fierté).

Macky SALL est déjà d'une autre génération, celle que l'on peut qualifier de "décomplexée". Quel Président "ancienne génération", aurait osé trahir son peuple ouvertement, de par les engagements pris le 03 Avril 2012, par exemple? Quel président "ancienne génération", aurait osé dire: "je veux réduire l'opposition à sa plus simple expression"? On peut parfaitement comprendre qu'un Président supporte avec difficulté son opposition, mais il se doit, en tant que Président de tout le peuple unifié, de respecter ce peuple, y compris ceux qui ne pensent pas comme lui. Quel Président "ancienne génération", se permettrait de dire publiquement: les dossiers de mes amis délinquants, je les mets sous le coude"? C'est ce que j'appellerai la génération du "casse toi pauv'con" (invective lancée par SARKOZY alors qu'il visitait une banlieue "difficile"), la génération SARKOZY, en France, ou le Président s'affiche avec ses maitresses (avant de se stabiliser), s'épanche sur ses peines de cœur dans les médias il n'y a plus de retenue, on se livre en se délivrant, on se met en scène, on veut faire partie de cette caste "fric et paillettes". Ce n'est d’ailleurs pas pour rien que les deux hommes, MS et NS sont très amis: ils ont le même comportement: mépris de la justice, mépris de leur peuple, ils sont là avant tout pour eux-mêmes, en quelques sortes, ils font "carrière", et peu importe comment on arrive, l'important c'est d'arriver.

Le seul problème, c'est que les peuples eux, non seulement ne suivent pas la même trajectoire, mais sont outrés de voir le comportement de leur dirigeant. En France, le changement a été moins brutal qu'au sénégal, car de De Gaulle, on est passé à POMPIDOU, puis Giscard, puis MITTERAND, puis CHIRAC, puis HOLLANDE, puis MACRON...le changement s'est fait par palier, mais c'est la même chose.

Le gros problème qui se pose, au jour d'aujourd'hui, c'est un problème de confiance. Jamais, plus qu'aujourd'hui, les peuples ont eu besoin de faire confiance à leurs dirigeants, jamais la définition "père de la nation" n'a pris autant de sens que dans l'époque d'aujourd'hui...et jamais, le "père de la nation" dont tous les peuples ont besoin, a fait défaut et est aux abonnés absents! Tous les problèmes, que ce soit au SENEGAL, en FRANCE, mais pas que, sont contenus dans un seul mot: CONFIANCE. Les Français n'ont plus aucune confiance en MACRON, à juste titre, puisqu'il raconte n'importe quoi, c'est un bateleur, un camelot qui dit non pas ce qu'il pense mais ce que son interlocuteur a envie d'entendre.

Pour Macky SALL, le problème est un peu différent: il méprise son peuple. C'est l'arrogance à la SARKOZY, l'important, c'est d'être élu, après on verra bien! Y a t-il encore un seul sénégalais, sur cette terre, qui accorde une once de confiance à Macky SALL? Mais de cela, il n'en a cure, comme SARKOZY, comme MACRON dans un genre légèrement différent, puis ces gens là ne sont pas là "pour leur peuple", mais pour eux mêmes! Et c'est là toute la différence qui crée tous les problèmes d'aujourd'hui, que ce soit au SENEGAL, en FRANCE, où ailleurs.

Peut être faudra-t-il redéfinir le rôle d'un Président de la République, peut être même faudra t-il se poser le problème de son utilité? Mais il est très clair qu'il y a un ravin, aujourd'hui, entre ce qu'attend le peuple de son Président, et ce qu'attend le Président de sa fonction.
En France, si MACRON avait su donner confiance à son peuple, il n'aurait pas une cote de popularité à 30%.

Au SENEGAL, si le peuple sénégalais avait encore confiance dans son Président, celui ci ne serait pas littéralement vomi par sûrement plus de 60% de la population (évaluation personnelle et qui n'engage que moi).

Mais, pour moi, tout le problème réside dans la CONFIANCE. Et la confiance n'a jamais été un dû, c'est une vertu qui se construit de jour en jour, non pas sur des paroles mais sur des actes, et dès qu'il n'y a plus de confiance, le Président, quel qu'il soit, peut aller vaquer à d'autres occupations. C'est ce qu'avait compris le Président Hollande. C'est ce qu'est en train de comprendre MACRON. C'est ce qu'à surement compris Macky SALL, mais qui est pris dans un piège qu'il s'est lui même tendu et dont il ne peut pas sortir, puisque tout repose sur son troupeau de moutons bêlants à qui il a alloué gloire et fortune, alors même que les facultés intellectuelles de beaucoup ne leur aurait même pas permis de trouver un poste à l'UGC...Et il est évidemment hors de question, pour ces gens là, que le chef les laisse tomber au milieu du gué, avec noyade assurée et retour à la case départ!

Alors, où cela peut il mener? Et bien tout simplement à ce que nous sommes en train de vivre ici, en ce moment...Et dont plus personne ne maitrise plus rien.
Me François JURAIN

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