Le Sénégal vient de présenter son Plan de Redressement Economique et Social (PRES), qui est une suite logique de la situation alarmante des finances publiques du pays telle que décrite par le nouveau régime, à l’aube de son magistère.
Les chiffres (Voir document du PRES) sont sans appel : le déficit budgétaire serait de 14% et la dette se situerait à 119% du Pib. Si l’on sait que les plafonds fixés par l’UEMOA (Cf. Pacte de Convergence…) pour ces deux indicateurs sont respectivement de 3% et 70% du Pib : il est évident que le redressement s’impose.
Deux mécanismes
Rappelons qu’un Plan de cette nature vise en premier lieu et en priorité : la correction des déséquilibres. Mais il y’a deux voies pour y arriver.
Scénario 1 : le redressement forcé
Il a lieu lorsqu’un pays est contraint par une crise économique ou financière de mettre d’apporter des réponses urgentes. Souvent en de pareilles circonstances, le FMI et les créanciers du pays imposent leurs conditions. C’est le cas de la Grèce, après la crise financière de 2008. Les contours du plan de redressement de ses comptes extérieurs ont été alors dessinés sous la pression de la troïka (UE, BCE et FMI).
Si le Sénégal avait fait l’option, comme l’ont toujours suggéré certains, de passer sous silence la réalité de ses chiffres, le pays aurait couru le risque d’un tel scénario. À court terme, les capitaux extérieurs auraient continué à affluer, et notre économie se serait portée mieux… en apparence. Mais tôt ou tard, la vérité aurait fini, inéluctablement, par éclater. Le pays aurait alors été contraint d’appliquer des plans d’austérité, sous le diktat du FMI, dont les conséquences sont suffisamment connues chez nous pour ne pas avoir besoin d’être rappelées.
Scénario 2 : le redressement administré
C’est la suite logique de la politique de transparence budgétaire. L’Etat dévoile les vrais chiffres puis décide souverainement des mesures pour apporter les correctifs qui s’imposent.
Une mise en oeuvre délicate
Quelle que soit sa forme le redressement est toujours délicat, entre le marteau d’une fiscalité plus juste et l’enclume du maintien voire de la relance de l’activité économique, il exige beaucoup aussi bien pour les gouvernants que les citoyens. Pour les premiers, les mesures fiscales en particulier sont rarement populaires. Il faut pourtant les mettre en œuvre afin de répondre aux besoins de financements. Pour les seconds, il faut parfois renoncer à certains privilèges dans le cadre de la réduction du train de vie de l’Etat. Et pour d’autres, qui échappaient jusque là à l’impôt, c’est le lieu de faire preuve de patriotisme .....en acceptant de mettre la main à la poche.
Un choix audacieux
Le PRES n’échappe pas aux critiques. Comme toute politique économique, ses instruments peuvent faire l’objet de débats. Mais une chose est incontestable : le Sénégal a fait le choix d’un redressement par lui-même, en misant sur ses ressources internes. Un choix audacieux, qu’il faut assumer ...et concrétiser.
Amadou Woury Diallo.
Dr en sciences Economiques.







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