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Présidentielle américaine : un premier débat houleux et chaotique entre Trump et Biden

Mercredi 30 Septembre 2020

 
Invectives, railleries, attaques personnelles: le premier débat entre Donald Trump et Joe Biden a offert mardi un spectacle particulièrement chaotique à 35 jours d’une élection présidentielle américaine sous haute tension.
 
Lors d’un duel télévisé suivi par des dizaines de millions d’Américains, le candidat démocrate de 77 ans a traité le 45e président des Etats-Unis, 74 ans, de «menteur» puis de «clown». «Vous allez la fermer!» lui a-t-il même lancé alors que la confrontation virait à la cacophonie. «Il n’y a rien d’intelligent en vous», a de son côté martelé Donald Trump qui, en mauvaise posture dans les sondages, espérait un faux-pas de son rival qui n’a pas eu lieu.
 
Mâchoires serrées, le locataire de la Maison-Blanche, qui briguera le 3 novembre un second mandat de quatre ans, s’est efforcé de dépeindre son adversaire comme une marionnette de la «gauche radicale», que ce soit sur la santé, la sécurité ou le climat.
Mais l’ancien vice-président de Barack Obama, dont la combativité suscitait des interrogations, a tenu le choc dans ce face-à-face organisé à Cleveland, dans l’Ohio, parmi les États les plus disputés de l’élection. Les yeux plantés dans la caméra, il a régulièrement pris les Américains à témoin, les appelant à se rendre aux urnes pour éviter «quatre années de plus de mensonges». S’il a parfois buté sur les mots, il a évité les gaffes que redoutaient certains dans son camp.
 
«L’un des pires de l’histoire»
 
«Ce débat restera comme l’un des pires de l’histoire», a déclaré à l’AFP Aaron Kall, enseignant à l’Université du Michigan et spécialiste des débats présidentiels. Si Joe Biden s’est engagé à accepter le résultat du scrutin, Donald Trump a lui esquivé, se bornant une fois de plus à affirmer sans preuves que le vote par correspondance, qui s’annonce important en raison du Covid-19, favoriserait des «fraudes» sans précédent et pourrait empêcher de connaître le vainqueur «avant des mois».
Le 45e président des États-Unis a peiné, tout au long du débat, à reprendre la main, tentant d’interrompre «Joe» jusqu’à se faire fermement rappeler à l’ordre par l’animateur du débat, le journaliste de Fox News Chris Wallace.
 
«Êtes-vous pour la loi et l’ordre?» a interrogé le président américain dans un échange particulièrement tendu, où il a accusé son rival d’être otage de ses soutiens au «sein de la gauche radicale». «La loi et l’ordre avec la justice», a répondu son adversaire démocrate, qui a par moments buté sur les mots mais a évité les gaffes que redoutaient certains dans son camp.
 
Le milliardaire républicain s’est aussi attiré de vives critiques du camp démocrate pour avoir semblé tergiverser lorsque le journaliste lui a demandé s’il était prêt à condamner les suprémacistes blancs.
 
 «Aucun plan» anti-Covid
 
Dans sa tentative de déporter Joe Biden, pur produit de l’aile modérée du parti démocrate, à gauche toute sur l’échiquier politique américain, il l’a accusé de vouloir un système de santé «socialiste». Son adversaire a lui au contraire dénoncé la volonté du locataire de la Maison Blanche d’installer une juge conservatrice à la Cour suprême juste avant le scrutin du 3 novembre, pour pouvoir selon lui «se débarrasser» de l’Obamacare, l’assurance-santé mise en place lorsqu’il était lui-même vice-président de Barack Obama.
 
«Nous devrions attendre de voir le résultat de cette élection», a plaidé le candidat démocrate, cravate à fines rayures noires et blanches. «Nous avons gagné l’élection» de 2016 «et nous avons le droit de le faire», a rétorqué l’ex-magnat de l’immobilier, cravate sombre rayée de rouge.
 
Les deux candidats septuagénaires se sont ensuite écharpés sur le bilan de la pandémie de Covid-19 aux États-Unis, pays le plus endeuillé au monde avec plus de 205’000 morts. «Vous n’auriez jamais pu faire le travail que nous avons fait, vous n’avez pas cela dans le sang», a martelé Donald Trump. «Je sais ce qu’il faut faire» tandis que «le président n’a aucun plan», a répondu Joe Biden.
 
Coronavirus oblige, et comme prévu, les deux hommes ne se sont pas serré la main mais se sont salués de loin sur la scène de Cleveland, dans l’Ohio, l’un de ces États-clés qui pourrait faire basculer la victoire dans un camp ou dans l’autre le 3 novembre. Ils faisaient face à un public restreint, avec leurs épouses, Melania Trump et Jill Biden, toutes deux masquées.
 
Oreillette et stimulants
 
Tout sépare les deux candidats. L’ex-homme d’affaires de New York s’est présenté une fois, en 2016, et a créé la plus grande surprise de l’histoire politique moderne. Entré en politique il y a un demi-siècle, Joe Biden, sénateur puis vice-président, espère que sa troisième tentative pour la Maison Blanche (il s’était déjà présenté aux primaires démocrates en 1988 et 2008) sera la bonne.
 
Toute la journée, le climat avait été tendu, laissant présager un affrontement acrimonieux. Chez Donald Trump, on a ainsi sous-entendu que Joe Biden, pourrait avoir recours durant la soirée à une oreillette. Faux, a répondu le camp démocrate -- comme il avait déjà balayé la demande du président qui avait réclamé un test antidopage en soupçonnant le démocrate d’avoir recours à des stimulants.
 
Juste avant le débat, Joe Biden a toutefois semblé vouloir faire retomber la tension avec un tweet humoristique illustré par une photo avec des écouteurs d’iPhone et un pot de crème glacée. «C’est la soirée du débat alors j’ai préparé mon oreillette et mes produits dopants», a-t-il écrit.
 
Si leur impact sur le scrutin reste souvent limité, ces débats sont des moments forts de la campagne électorale, depuis le premier tête-à-tête télévisé organisé il y a 60 ans, à Chicago, entre John F. Kennedy et Richard Nixon. Les deux autres débats présidentiels sont prévus les 15 et 22 octobre, respectivement à Miami, en Floride, et à Nashville, dans le Tennessee. (AFP/ATS/NXP)
 
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