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Ousmane Sonko lavé contre le viol

Jeudi 1 Juin 2023

Condamné à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse", le principal leader de l'opposition sénégalaise a pourtant remporté la mère des batailles contre son accusatrice, le tribunal l'ayant innocenté sur le chapitre viols et menaces de mort. Pour son honneur, une page de sa jeune vie politique est tournée, au bon moment.


Ousmane Sonko a été acquitté des accusations de viol proférées par la plaignante
Ousmane Sonko a été acquitté des accusations de viol proférées par la plaignante
Ousmane Sonko a finalement été condamné à deux ans de prison ferme par le tribunal criminel chargé de le juger dans l’affaire « Sweet Beauté » pour « corruption de la jeunesse ». Il a été innocenté des chefs d’accusation de viols et menaces de mort contre Adji Sarr. Le leader du parti Pastef-Les Patriotes devra aussi s’acquitter d’une amende de 600 mille francs CFA (environ 915 euros)
 
La même peine et une amende identique ont été infligées à la dame Ndèye Khady Ndiaye, propriétaire du salon de massage, pour incitation à la débauche. Les juges ont écarté les faits de complicité requis par l’accusation.
 
Les deux prévenus devront solidairement payer des dommages et intérêts de 20 millions de francs CFA (environ 30 mille euros) à Adji Sarr l’ex-masseuse auteure de la plainte.
 
Le délibéré a eu lieu ce matin du 1er juin 2023 à la salle 4 du tribunal régional de Dakar en présence des représentants des différentes parties.
 
L’opposant principal au président de la république Macky Sall, qui n’a jamais mis les pieds au palais de justice pour cette affaire, a toujours dénoncé un « complot politique » orchestré, selon lui, par des hauts responsables du parti présidentiel dont la comparution n’a pas été acceptée par les juges. A ses yeux, ce procédé visait à l’éliminer de l’élection présidentielle du 25 février 2023.
 
Jugé en son absence, Ousmane Sonko pourrait être appréhendé à tout moment par n’importe quel officier judiciaire porteur d’un mandat d’arrêt. Depuis dimanche 28 mai, il est en résidence surveillée à son domicile de la Cité Keur Gorgui, sans possibilité de sortir ou de recevoir des visites.
 
Selon son avocat, Me Bamba Cissé, cette sentence judiciaire, longtemps redoutée par ses partisans et des franges de la société civile sénégalaise, le rend inéligible pour l'élection présidentielle du 25 février 2024 pour laquelle il apparaissait comme le principal favori.

L'affaire "Sweet Beauté" née en février-mars 2021, a déjà fait au moins une quinzaine de morts dont la plupart ont été documentés par Amnesty International Sénégal et le Département d'Etat des Etats-Unis. Les enquêtes successivement promises par le président de la république et par le ministre des Forces armées n'ont jamais été confirmées. 
(IMPACT.SN)
 
 
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1.Posté par Me François JURAIN le 01/06/2023 13:17
MAUVAISE PIOCHE! Ce délibéré est assez conforme à ce qu'il devait être: manque de preuves pour les viols et menaces de mort, le doute profitant à l'accusé, l'acquittement apparaissait normal dans une justice normale. Mais SONKO et ses avocats peuvent amèrement regretter cette attitude jusqu'au boutiste qui les prive d'un pourvoi en cassation, car la débauche de mineur repose essentiellement sur la minorité de la présumée victime! Et lorsque l'on connait la fiabilité de l'état civil, au SENEGAL (encore une réforme qui aurait dû être faite depuis des années, et que je dénonce depuis dix ans, mais qui ne se fera pas, car qui dit état civil fiable dit fichier électoral fiable!), il aurait pu être assez aisé, à mon sens, de prouver, dans un pourvoi, que la minorité n'était pas établie, d'autant que la tenancière prétendait avoir eu entre les mains une carte d'identité révélant un âge de 26 ans.

Mais ce qui est fait est fait, et les deux années de prison permettront à Monsieur SONKO de réfléchir sur toutes les erreurs qu'il a commises, dans sa stratégie, dans son système de défense, et cela lui permettra peut être de revenir, plus grand et plus fort,(mais surtout plus calme et pondéré, plus réfléchi) pour la bataille du quatrième mandat qui s'ouvrira en ...2029!

J'espère que Monsieur SONKO aura compris que le peuple sénégalais n'était pas prêt pour une révolution, un saut dans l'inconnu, que le peuple sénégalais souhaite ardemment une évolution, c'est sûr, mais certainement pas une révolution. Il va comprendre, à ses dépens, que tous ses amis qui l'encourageaient vivement à se prendre pour Jésus marchant sur l'eau et multipliant les pains, ne voulaient en fait que sa chute et n'attendaient que ce jour du 1er juin 2023, pour récupérer son héritage. Mais ceux-ci s'apercevront très vite, à leur tour, qu'en fait l'or qu'ils espéraient trouver dans la besace de SONKO se révèlera très vite n'être que de l'inox, c'est à dire que, pour que cet héritage soit intéressant, il ne faut pas compter en nombre d'individus, mais en nombre de votants. Ce que Monsieur SONKO lui même avait peut être oublié. Mais pouvait-il faire autrement? Pas si sûr...

Sur le plan carcéral, Monsieur SONKO aura évité le pire, car au sein même des prisons, les violeurs sont très mal vus, et un traitement spécial et particulier leur est réservé, qui n'est à souhaiter à personne. Personne ne peut se réjouir de ce qu'une personne aille en prison: c'est avant tout un échec, l’échec de toute une société, l'échec de tout un système, et aussi, un échec personnel, que seul le détenu est à même d'approfondir et d'en tirer la synthèse.

La seule chose à espérer pour lui, maintenant, c'est la révision de son procès, qui ne pourra avoir lieu que par la preuve apportée que la victime en fait avait plusieurs état civils (comme beaucoup au SENEGAL) et donc, qu'en fait, la minorité ne tient pas. Mais un pourvoi en cassation eut été plus rapide et à mon sens, plus efficace.

C'est également un démenti apporté à tous ceux qui criaient "justice pourrie": le juge, par un tel délibéré, apporte la preuve qu'il y a des magistrats qui rendent des arrêts ou jugements loin de la fureur et du bruit, et en fonction de leur intime conviction forgée au vu des éléments du dossier.

Ceci dit, sur le plan procédural, il y a quand même une faute importante, à mon sens, c'est que ce motif ne faisait pas partie de la saisine contenue dans le réquisitoire du procureur, et que seul un réquisitoire supplétif aurait permis au magistrat de prononcer la condamnation, ce qui n'est évidemment pas le cas!

Monsieur SONKO et ses avocats ont choisi le risque de la contumace: j'ai dis et écrit encore récemment que, pour moi, c'était une voie extrêmement dangereuse, un mauvais message adressé à l'endroit de l'institution judiciaire. Malheureusement, les faits me donnent raison.
Mais la mise à l'écart de Monsieur SONKO de la vie politique aura au moins le mérite de permettre d'y voir plus clair, de mettre un terme à ce "mortal combat" entre deux adversaires qui ont "pollué" la vie politique sénégalaise pendant plus de deux ans, et enfin, enfin, les autres opposants vont pouvoir se faire entendre et nous expliquer ce qu'ils comptent faire pour le devenir du SENEGAL, dont c'est peu de dire qu'il va mal, du fait que les dirigeants successifs se sont bien gardé, par pur clientélisme, de s'attaquer aux vraies réformes indispensables hier, et cruciales aujourd'hui.

Quant à Macky SALL, les vrais problèmes commencent dès aujourd'hui, car le vrai problème celui du troisième mandat reste entier. Ici, il ne s'agit plus d’un combat entre un adversaire politique qui présentait des failles sérieuses en adoptant souvent une posture outrancière, et dont la seule force reposait sur une frange de la population facile à manipuler et toujours prompte à régler les problèmes à coup de poing (ils n'ont rien inventé, hier j'étais comme eux, et demain, ils seront comme moi!). Là, il s'agit de tout un peuple, transpartisan, qui se dresse tel un mur contre lui pour lui dire: NON au troisième mandat, les valises, au revoir, et accessoirement merci pour ceux qui veulent!

Sans vouloir donner de conseils à Monsieur Macky SALL, ce qu'il ne me demande pas et ce que je ne me permettrais pas, je lui suggérerai quand même de se replonger -ou se plonger- dans "l'histoire du SENEGAL" chapitre 2011/2012, et ce qui est arrivé à un certain A.WADE, qui voulait imposer de force un troisième mandat qui lui était interdit...

L'histoire est un éternel recommencement, dit-on. Ça n'est pas toujours vrai...Mais ça l'est quand même souvent!
Me François JURAIN

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