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Ocean Viking: le sort des rescapés dans le flou, une semaine après leur accueil

Vendredi 18 Novembre 2022

Des libérations par la justice, des mineurs isolés introuvables, une centaine de rescapés refusés sur le territoire... la gestion française des migrants de l'Ocean Viking tourne au "carnage", une situation "hors de contrôle" pour l'opposition, tandis que l'exécutif s'en prend à l'Italie. 
 
Depuis que le navire humanitaire affrété par SOS Méditerranée a accosté à Toulon vendredi dernier, au terme d'un bras de fer diplomatique qui a dégradé les relations franco-italiennes et relancé une polémique en France sur l'immigration, les 234 rescapés ont été placés dans un centre de vacances du Var transformé en "zone d'attente" internationale d'où ils ne pouvaient en théorie pas sortir. 
 
Mais une semaine plus tard, cette stratégie semble voler en éclats sous le coups de décisions de justice, de départs inopinés des centres d'accueil pour les mineurs et d'imbroglio sur les expulsions. 
 
Les 189 adultes placés dans la zone d'attente située sur la presqu'île de Giens, à Hyères, ont tous été auditionnés par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), qui devait déterminer le bien-fondé de leur demande d'asile pour qu'ils soient officiellement admis sur le territoire.
 
L'Ofpra a émis "123 avis défavorables" et les personnes concernées "font l'objet d'un refus d'entrée sur le territoire", a indiqué vendredi devant le Conseil d'Etat un représentant du ministère de l'Intérieur. 
Sollicité, ce dernier n'a pas indiqué si ce refus conduirait à une procédure d'expulsion. 
 
- Plus que 12 ? -
 
En début de semaine, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait affirmé qu'au moins 44 personnes qui avaient reçu un avis défavorable seraient "reconduites" dans leur pays d'origine.
 
L'agence française de l'asile a par ailleurs "émis 66 avis favorables à une admission sur le territoire", a précisé Charles-Edouard Minet, sous-directeur du conseil juridique et du contentieux du ministère, lors de l'audience au Conseil d'Etat consacrée à la pertinence de la zone d'enfermement créée par les autorités.
 
Ces personnes "vont pouvoir être relocalisées" vers les onze pays européens (dont l'Allemagne, la Finlande ou le Portugal) qui s'étaient portés volontaires pour les accueillir après leur débarquement en France, a-t-on indiqué à l'AFP Place Beauvau.
 
Tout comme "ceux dont le juge judiciaire a décidé la libération" et qui "sont orientés vers les dispositifs de l'asile", a ajouté le ministère.
 
Car en parallèle, la cour d'appel d'Aix-en-Provence a annoncé vendredi avoir validé la remise en liberté de la "quasi-totalité, voire la totalité" des 108 rescapés qui réclamaient de ne plus être enfermés. 
 
Une situation "qui évolue de minute en minute", a reconnu le ministère devant le Conseil d'Etat, à tel point que le gouvernement estime à douze le nombre de migrants toujours dans le centre vendredi après-midi. 
 
A ce flou s'ajoutent "les personnes libérées mais revenues volontairement" sur le site "pour bénéficier" de l'hébergement, a reconnu, désabusé, le représentant du ministère.
 
- "Vilain geste" –
 
 
"On a créé cette zone d'attente pour parer au plus pressé... Mais l'arrivée de ces personnes n'a pas été inopinée. C'est un choix politique, on savait qu'on allait les accueillir. On a décidé de se placer dans une situation qui mène au carnage judiciaire", a fustigé devant la haute juridiction administrative Me Patrick Berdugo, qui défendait pour le Syndicat des avocats de France l'idée de fermer la "zone d'attente", solution "ni valable, ni viable".
 
Hors de ce lieu contesté, 26 mineurs isolés sur les 44 secourus ont déjà quitté les structures d'accueil mises à disposition par le Conseil départemental du Var.
 
"Emmanuel Macron et Gérald Darmanin ont leur +affaire Leonarda+. Notre gouvernement est humilié par la fugue de 26 +mineurs+ de l'Ocean Viking et les Français constatent, une fois de plus, que tout cela est hors de contrôle", a déploré la candidate RN à la dernière présidentielle, Marine Le Pen, en allusion à la gestion sous François Hollande de l'expulsion d'une collégienne rom. 
 
De son côté, après une semaine d'invectives avec le nouveau gouvernement d'extrême droite à Rome, l'Elysée a qualifié vendredi de "vilain geste" le refus italien d'ouvrir ses ports. 
 
"Nous devons travailler ensemble pour trouver des solutions efficaces pour l'immigration", a souligné l'entourage d'Emmanuel Macron. "Simplement, ce qui est très clair, c'est que les personnes que nous avons accueillies, ce sera ça en moins qu'on relocalisera dans le cadre des accords que nous avons avec l'Italie." (AFP)
 
 
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