Lorsqu’une question simple donne lieu à une réponse compliquée qui devient presqu’un aveu, cela en devient gênant. Tous les candidats à l'élection présidentielle du 24 mars doivent pouvoir y donner suite en cas d'interpellations médiatiques. Sur le plateau de la TFM vendredi soir, le candidat Amadou Ba peine à dire « oui » ou « non » s’il est monogame ou polygame. La question n’est pas banale et ne sort pas de nulle part. Elle n’a absolument rien à voir avec une certaine vie privée pour laquelle on évoque trop souvent une sorte de droit au silence, à l’intimité, à la cachotterie. Nous sommes en face d’un sujet fondamentalement politique qui touche à la transparence et a la sincérité d’un candidat aspirant à gouverner notre pays.
Le mutisme assumé du candidat Amadou Ba soulève forcément plusieurs questions. Que cache-t-il ? Quel est son statut marital actuel ? Quelle est son option de mariage : monogamie ? polygamie ? polygamie intégrale ? polygamie limitée ? Serait-il en situation matrimoniale clandestine, ce que les Sénégalais appellent « Takku Suuf » ? Si « l'autre» existait, serait-elle contente du mystère entretenu à son sujet pour des raisons qui nous échappent pour le moment ?
En refusant de répondre à l’interpellation de l’animateur ‘’Fou Malade’’, le candidat Amadou Ba se complique inutilement la vie. Il prolonge et fortifie lui-même l’image que ses adversaires politiques ont livrée de lui à l’opinion : opaque, roublard, manoeuvrier, mystérieux… Sa personnalité n’en sort que griffée, balafrée à cause d’un « oui » ou « non » qu’il s’est refusé à assumer.
La dissimulation d’un droit essentiel aux électeurs citoyens, celui de disposer d’un maximum d’informations sur un de leurs compatriotes qui veut diriger le Sénégal, n’est pas loin d’être une faute politique lourde. Qu’y-a-t-il de plus légitime pour les Sénégalais que connaitre sur le bout des doigts un pan de la vie sociale d’un potentiel président de la République ?!
Car au delà de la transparence à laquelle le candidat du pouvoir sortant veut échapper par des circonvolutions légèrement grotesques, la « Première dame » a acquis une réelle stature dans notre pays. Elle est devenue une personnalité politique de l’ombre qui semble avoir accès aux ressources publiques par le truchement des pouvoirs démentiels de son « Premier monsieur » élu pour le palais. La couverture d’activités opaques et potentiellement criminelles à travers une « Fondation » - qui peut d’ailleurs être dissoute à tout moment - est une raison suffisante pour que les électeurs savent tout et rien de celui qui veut porter leur destin des cinq prochaines années, et plus longtemps encore si affinités…
FRANCE
