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Migrants : l'Italie vent debout contre Macron

Samedi 23 Juin 2018

Rome - L'Italie était vent debout samedi contre les propositions en matière de migrations du président français Emmanuel Macron, accusé d'"arrogance" par l'homme fort du gouvernement italien, le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini (à gauche sur la photo), à la veille d'un mini-sommet sur cette question à Bruxelles.

La proposition franco-espagnole de créer des centres fermés sur les côtes européennes, et donc italiennes, pour gérer les migrants qui franchissent la Méditerranée en quête d'un avenir meilleur, a été très mal reçue à Rome.

Enumérant les chiffres d'arrivées des migrants en Italie et le coût que cela a représenté pour ce pays, M. Salvini, qui est aussi le patron de la Ligue (extrême droite), a dit s'étonner que cette situation ne soit pas considérée comme un problème pour "l'arrogant président français".

"Nous l'invitons à arrêter les insultes et à démontrer sa générosité avec des faits en ouvrant les nombreux ports français et en arrêtant de refouler des femmes, des enfants et des hommes à Vintimille", à la frontière entre la France et l'Italie, a déclaré M. Salvini, cité par sa porte-parole.

"Si l'arrogance française pense transformer l'Italie en camp de réfugiés pour toute l'Europe, peut-être en versant quelques euros de pourboire, elle se fourvoie complètement", a conclu M. Salvini, qui est aussi vice-Premier ministre.

Luigi Di Maio, l'autre vice-Premier ministre et chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), qui avec la Ligue forme la majorité parlementaire, a également dénoncé l'attitude française.

"Les déclarations de Macron sur le fait qu'il n'y a pas de crise migratoire en Italie démontrent qu'il est complètement déconnecté de la réalité", a jugé sur sa page Facebook M. Di Maio.

Le nouveau gouvernement italien, qui a prêté serment il y a trois semaines, a promis d'arrêter les flux de migrants, dont quelque 700.000 sont arrivés sur les côtes italiennes depuis 2013. D'abord déterminé à interdire l'entrée des ports italiens aux navires des ONG venant en aide aux migrants au large de la Libye, il a annoncé samedi s'en remettre désormais aux garde-côtes libyens en ce qui concerne la responsabilité des opérations de secours dans cette partie de la Méditerranée.

Pour M. Salvini, mais aussi pour M. Di Maio, il est devenu indispensable de mettre un terme à l'arrivée de migrants sur les côtes italiennes.

"650.000 débarquements en 4 ans, 430.000 demandes (d'asile) présentées en Italie, 170.000 réfugiés présumés hébergés à la date d'aujourd'hui dans des hôtels, casernes et appartements pour un montant supérieur à 5 milliards d'euros. Si pour l'arrogant président français ce n'est pas un problème !", a lancé samedi M. Salvini.

Ce n'est pas la première fois qu'il s'en prend à la France et à son président. Il avait dénoncé notamment l'"hypocrisie" de la France après des déclarations critiquant l'Italie pour son refus d'ouvrir ses ports au navire humanitaire Aquarius. Vendredi il a de nouveau attaqué le président français après que celui-ci eût dénoncé la "lèpre" nationaliste en Europe.

"Nous sommes peut-être des populistes lépreux, mais moi les leçons je les prends de qui ouvre ses ports. Accueillez les milliers de migrants et après on en reparlera", a lancé vendredi M. Salvini à l'adresse du président français. (AFP)
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