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Meurtre de Minneapolis : L'Amérique enterre son martyr George Floyd

Mardi 9 Juin 2020

 La ville de Houston, au Texas, enterrait mardi George Floyd. La cérémonie fait suite à une pluie d'hommages pour celui qui incarne désormais dans le monde entier les victimes du racisme et des violences policières aux Etats-Unis.
 
«C'est l'heure de célébrer sa vie», a lancé la pasteure Mia Wright dans l'église bondée Fountain of Praise en ouvrant la cérémonie funèbre. «Nous allons peut-être pleurer, faire notre deuil, mais nous allons trouver du réconfort et de l'espoir».
 
Les proches de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans tué par un policier blanc il y a quinze jours à Minneapolis (nord), se sont étreints devant son cercueil ouvert, tandis qu'un groupe de gospel entamait des chants enlevés. Le silence s'était en revanche imposé à l'arrivée du cercueil, pour lequel des policiers ont formé une haie d'honneur.
 
«L'heure de la justice raciale» est venue, dit Joe Biden
 
«L'heure de la justice raciale» est venue aux Etats-Unis, a lancé mardi le candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden dans une vidéo diffusée pendant la cérémonie. «Nous ne pouvons plus nous détourner du racisme qui blesse notre âme», a ajouté l'ancien vice-président de Barack Obama. Il a rendu hommage à son tour à George Floyd. Joe Biden avait rencontré lundi en privé ses proches à la veille de ses funérailles.

«Pourquoi est-ce que dans ce pays de trop nombreux Américains noirs se lèvent le matin en sachant qu'ils pourraient mourir en vivant simplement leur vie?», a interrogé dans sa vidéo le candidat démocrate à la Maison Blanche, qui affrontera le 3 novembre un Donald Trump faisant montre de fermeté depuis le début du mouvement.
 
Plusieurs élus démocrates ont pris tour à tour la parole dans l'église bondée Fountain of Praise de Houston, donnant aux funérailles une tonalité politique. «George Floyd a changé le monde et nous allons le faire savoir au monde», a ainsi déclaré l'élu du Texas à la Chambre des représentants, Al Green.
 
«Nous devons faire en sorte de ne pas sortir d'ici aujourd'hui après avoir célébré sa mémoire sans nous assurer de faire ce qui est nécessaire pour ne pas oublier et pour que cela n'arrive plus aux générations à venir», a-t-il ajouté.
 
«Brutalités policières»
 
Les forces de l'ordre sont au banc des accusés depuis sa mort, le 25 mai, dans des circonstances qui continuent de glacer l'Amérique: plaqué au sol, menotté, George Floyd a été asphyxié par un agent blanc qui est resté agenouillé sur son cou pendant près de neuf minutes.
 
Une vidéo de la scène, devenue virale, a poussé les Américains à descendre par milliers dans les rues pour exiger la fin des «brutalités policières» et des discriminations raciales, lors de manifestations d'une ampleur inédite depuis le mouvement des droits civiques des années 1960.
 
Un problème mondial
 
De l'Europe à l'Australie, le mouvement de colère a gagné plusieurs continents. «Le racisme n'est pas qu'un problème américain, mais mondial», a souligné l'avocat de sa famille Benjamin Crump. «C'est tous ensemble que nous le vaincrons», a-t-il lancé lundi à l'issue du dernier hommage public à George Floyd.
 
Plus de 6000 personnes avaient défilé toute la journée devant son cercueil exposé dans l'église, pour une prière ou lui dire un dernier mot, le poing levé.
La cérémonie de mardi était réservée à 500 invités, des proches, quelques personnalités comme l'acteur Jamie Foxx ou le boxeur Floyd Mayweather, ainsi que des élus, tous priés de porter un masque en raison du nouveau coronavirus.
 
George Floyd doit ensuite être enterré au côté de sa mère Larcenia décédée en 2018.
 
Caution d'un million
 
Devenu le visage des brutalités policières, l'agent de 44 ans a comparu lundi pour la première fois devant la justice par vidéo depuis la prison de haute sécurité dans laquelle il est détenu. Lors de l'audience, la juge a fixé à un million de dollars le montant de sa caution libératoire, assortie de certaines conditions.
 
Il avait fallu attendre quatre jours pour qu'il soit arrêté et inculpé, dans un premier temps d'homicide involontaire. Ses trois collègues impliqués dans le drame n'avaient alors pas été inquiétés.
 
Cette clémence apparente de la justice avait attisé la colère et, le dernier week-end de mai, les manifestations avaient dégénéré en violences, avec des affrontements et des pillages nocturnes dans plusieurs villes du pays.
 
Depuis, le chef d'inculpation retenu contre le policier a été requalifié de «meurtre», un crime passible de 40 ans de prison. Ses trois collègues ont été arrêtés et inculpés pour complicité.
 
Leurs appels ont été entendus par le conseil municipal de Minneapolis, qui a l'intention de démanteler la police municipale pour tout remettre à plat. Au Congrès, près de 200 élus, en majorité démocrate, ont présenté un texte de loi pour mettre un terme à la large immunité dont bénéficient les agents de police.
 
Réformes
 
Mais les manifestations pacifiques se poursuivent: des dizaines de milliers de personnes, noires et blanches, ont encore défilé ce week-end en brandissant des pancartes «Black Lives Matter» (Les vies noires comptent) et en réclamant des réformes de fond des forces de l'ordre.
 
Leurs appels ont été entendus par le conseil municipal de Minneapolis, qui a l'intention de démanteler la police municipale pour tout remettre à plat. Au Congrès, près de 200 élus, en majorité démocrate, ont présenté un texte de loi pour mettre un terme à la large immunité dont bénéficient les agents de police.
 
Le président Donald Trump continue lui de vouloir afficher aux yeux de sa base électorale la même fermeté que depuis le début du mouvement. «Nous n'allons pas couper les fonds de la police, nous n'allons pas démanteler la police», a déclaré le milliardaire républicain. (ATS/NXP)
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