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Macron engage un bras de fer social qui définira son quinquennat

Mardi 3 Avril 2018

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron engage mardi, avec le lancement du mouvement de grève des cheminots, un bras de fer social qui déterminera les quatre prochaines années de son quinquennat.

Face au spectre de 36 jours de grèves, le chef de l'Etat poursuit une voie médiane, mêlant fermeté sur l'objectif de réformer la SNCF et souplesse relative sur le détail du projet.

Il n'a guère le choix : céder briserait son image et son élan et chercher le K.-O. braquerait les syndicats et l'aile gauche de sa majorité, fragilisant sa capacité à mener les réformes annoncées, notamment celle des retraites.

"Le gouvernement tiendra bon, dans l'écoute, dans la concertation, dans le dialogue", a confirmé mardi la ministre des Transports, Elisabeth Borne, assurant que la loi reflèterait certaines demandes des syndicats.

"Le statu quo n'est pas acceptable", a répété le Premier ministre, Edouard Philippe, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

L'opinion publique, déterminante pour une éventuelle "coagulation" des mécontentements crainte par le gouvernement et décisive dans le recul de 1995, est partagée. Selon un sondage Ifop publié dans Le Journal du Dimanche, 53% des personnes interrogées jugent que le mouvement n'est pas justifié, 46% estimant qu'il l'est.

Les Français ne semblent en revanche pas douter de la détermination de l'exécutif, 72% pensant qu'il ira au bout de la réforme alors que 27% tablent sur un recul.

"Combien de gouvernements ont essayé de réformer la SNCF ? Il y a un moment où il faut que quelqu'un le fasse", explique un membre du gouvernement. "On n'a pas peur des grèves, la réforme est compréhensible, les Français ne sont pas idiots, ils savent que le statut des cheminots ne peut pas exister ad vitam aeternam."
 
"LA GRANDE BATAILLE SOCIALE EST ENGAGÉE"

L'opposition, qui peine à surmonter les défaites électorales de 2017 et dont l'appel à la résistance à la réforme par ordonnances du Code du travail s'est soldé par un échec, espère retrouver des forces à la faveur du mouvement.

"La grande bataille sociale est engagée", a proclamé Jean-Luc Mélenchon, président du groupe La France insoumise à l'Assemblée, appelant à "la fédération des mouvements en cours", dans un billet publié sur son site internet.

Outre la SNCF, où la moitié du personnel nécessaire au fonctionnement des trains était en grève mardi, des grèves ont notamment touché Air France et les secteurs du traitement des déchets et de l'énergie. Des mouvements qui interviennent sur fond de colère des retraités touchés par la hausse de la CSG et des fonctionnaires.

Selon le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, l'ambition de la CGT et d'autres opposants dépasse largement la question de la SNCF.

"Le but du jeu, c'est de simplement mettre fin au mandat d'Emmanuel Macron parce que s'il recule sur la SNCF, s'il laisse mourir cette entreprise, il ne pourra plus en faire une seule", a-t-il dit sur LCP.

La CGT, qui tente d'organiser une "convergence des luttes" avec une mobilisation réunissant les "travailleurs, les privés d'emploi, les retraités et les jeunes" le 19 avril, n'a pour l'instant pas été suivie, FO, la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC ayant décliné cette offre.

Selon le même membre du gouvernement, les foyers de mécontentement n'ont rien à voir les uns avec les autres. "Quel serait le dénominateur commun ? Le refus de changement ? L'immobilisme ?", s'est-il interrogé.

Les députés La République en marche vantaient mardi l'ouverture au dialogue du gouvernement et renouvelaient leur souhait de "tordre le cou à des mensonges" comme le soupçon de privatisation de la SNCF.

Le projet de loi "pour un nouveau pacte ferroviaire" est examiné à partir de ce mardi en commissions à l'Assemblée. L'examen en séance commencera lundi.

Le gouvernement a dit sa volonté de remplacer au fur et à mesure de la concertation, qui aura lieu jusqu'à fin avril, les articles d'habilitation à légiférer par ordonnances par des articles de loi classiques.
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