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Les Wade retrouvent leurs biens immobiliers saisis par la Crei: mystère autour d’un recul en douceur du pouvoir

Lundi 30 Octobre 2017

Saisis dans le cadre de la traque des biens dits mal acquis, des immeubles appartenant à la famille ont été rendus à leurs propriétaires sur décision du Président de la République. Sur quelle base légale ? On l’ignore, à moins que ce soit le résultat d’une stratégie d’apaisement bilatérale qui arrangerait tout le monde.


C’est avec fracas et à grand renfort médiatique que la fameuse Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) avait annoncé la saisie de biens immeubles appartenant à la famille Wade. On était alors en plein dans l’euphorie de la traque dite des biens mal acquis, officiellement destinée à remettre entre les mains de l’Etat certaines acquisitions présumées illicites qui auraient été réalisées par des dignitaires de l’ancien régime. La contestation farouche des avocats de Karim Wade face aux errements d’une Crei accusée d’être le bras judiciaire des gouvernants arrivés au pouvoir en mars 2012 n’avait pas servi à grand-chose car, disait-on chez beaucoup d’observateurs, il fallait présenter un coupable à l’opinion, et les Wade en étaient un.
 
Quatre ans plus tard, il semble que les enquêteurs de la Crei se soient lourdement «trompés» dans leurs investigations. Car, indique le quotidien «Libération» du jour, c’est dans la discrétion totale, à l’abri des médias et sans aucun communiqué officiel, que l’Etat du Sénégal a rendu aux Wade leurs biens: un (01) immeuble situé à la Sicap Rue 10 et deux (02) maisons localisées au quartier du Point E. Valeur estimée de ces biens immobiliers : 800 millions de francs Cfa.
 
«Il y a eu des abus», affirment des sources du journal, là où les défenseurs de Karim Wade ont toujours parlé de «spoliation concernant la saisie des biens de l’ancien ministre d’Etat. Mais avec ces développements plus ou moins inattendus, de nombreuses questions restent sans réponses. De quelle nature seraient les abus susmentionnés par des autorités étatiques pour expliquer ce revirement ? Sur «quelle base légale» la Crei et/ou le Président de la République a-t-il décidé de jeter à la poubelle les décisions du tribunal spécial sur ce coin précis du, s’interrogent les avocats de Karim Wade ? La Crei a-t-elle été désavouée par le chef de l’Etat qui se serait rendu compte de ces «abus» après plusieurs années ?
 
Au plan politique, des interrogations demeurent également. Ces restitutions de biens immeubles à l’ancien président et à son fils sont-elles le résultat de «l’apaisement» survenu entre Macky Sall et Abdoulaye Wade après «l’affrontement» des législatives du 30 juillet 2017 ? Entrent-elles dans le cadre de «négociations» liées au statut actuel de Karim Wade contraint à l’exil au Qatar depuis son exfiltration de prison dans la nuit du 23 juin 2016 ?
 
S’il est peu probable que Wade-fils soit judiciairement «réhabilité» en vue d’une participation hypothétique à la présidentielle de 2019, est-il envisageable que Me Wade, qui vient de démontrer sa capacité politique de nuisance, revoie à la baisse l’intensité de la stratégie de tension promise contre le régime dans les prochains mois ? Son refus récent de présider la séance inaugurale de la nouvelle assemblée nationale, avec les prérogatives qui l’auraient accompagné notamment celle relative à une évolution de la situation de Khalifa Sall, était-il un signal envoyé à Macky Sall et destiné à «faciliter» leurs discussions ?
 
Le mystère reste donc entier dans ce magma de dossiers enchevêtrés les uns aux autres et sur lesquels il sera difficile d’obtenir des explications crédibles. Mais une constante demeure: Macky Sall est plus que jamais le chef suprême de la Justice dans notre pays. Abdoulaye Wade ne dira pas le contraire.
 
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