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Les Libanais aux urnes pour les premières législatives en neuf ans

Dimanche 6 Mai 2018

Les élections législatives ont débuté dimanche au Liban, les premières en près d'une décennie, mais le scrutin ne devrait pas bouleverser le fragile équilibre politique des partis au pouvoir, malgré des candidats de la société civile tentant une percée.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (04H00 GMT) pour accueillir les quelque 3,7 millions d'électeurs. A la mi-journée, le taux de participation s'élevait modestement à 24,5%, selon le ministère de l'Intérieur.

Le Parlement (128 députés) devrait être dominé par les partis traditionnels, parmi lesquels le puissant Hezbollah chiite, un allié de la Syrie et de l'Iran qui pourrait renforcer son emprise sur la vie politique.

Ces dernières années, le pays a connu des crises à répétition, évitant, souvent de justesse, l'engrenage de la violence malgré une situation géographique sensible, entre la Syrie en guerre et Israël.

Entre 20.000 et 30.000 policiers et soldats ont été déployés pour sécuriser le vote, dans un pays frappé ces dernières années par des attentats meurtriers.

Avec une classe politique accusée de corruption et de népotisme, incapable de relancer une économie brinquebalante, la population aspire à un changement.

Guy Farah, venu voter avec sa mère dans un quartier de Beyrouth, se veut positif. "Ces 30 dernières années, on n'a rien réussi changer, quand est-ce que ça va se passer?", s'interroge le trentenaire. "Je ne vais pas rester assis à la maison, en disant que la situation est mauvaise".

Dans la montagne libanaise, de nombreux électeurs mettent un bulletin dans l'urne pour la première fois. "J'ai 36 ans et je n'avais jamais voté. Cette fois, je sens que ma voix peut avoir un impact", affirme à l'AFP Toufic, devant un bureau de vote dans le district du Chouf (centre).

- Hezbollah -

Les dernières législatives au Liban remontent à 2009. Le Parlement a ensuite prorogé à trois reprises son mandat, invoquant notamment des risques pour la sécurité du pays liés au débordement de la guerre en Syrie.

Indépendamment de l'issue du scrutin, le Hezbollah, seule formation à ne pas avoir abandonné les armes après la guerre civile (1975-1990), devrait continuer à dominer la scène politique.

"Le nouveau Parlement ne sera pas une source de nuisance pour le Hezbollah. Il bénéficiera de l'absence d'une large coalition face à lui", confirme Imad Salamey, professeur de sciences politiques à l'Université libanaise américaine (LAU), à Beyrouth.

Malgré les divergences et parfois l'animosité, les décisions politiques majeures sont souvent prises par consensus entre les forces politiques rivales, le Hezbollah, le Premier ministre Saad Hariri et le président Michel Aoun orchestrant le jeu.

Quelque 597 candidats répartis en 77 listes sont en lice, pour des législatives organisées pour la première fois selon un mode de scrutin proportionnel.

Mais la répartition des sièges est aussi régie par un subtil partage confessionnel, entre les différentes communautés religieuses, et respecte une parité islamo-chrétienne.

Les 1.880 bureaux de vote fermeront à 19H00 (16H00 GMT) et les résultats pourraient être annoncés dès le lendemain dans les 15 circonscriptions.

"Nous faisons une évaluation très positive jusqu'à maintenant, pas de grave incident, un bon déroulement de la journée", s'est félicitée la chef de la mission d'observation de l'Union européenne Elena Valenciano.

- Dossiers épineux -

La nouvelle loi électorale adoptée en 2017 a encouragé des candidats de la société civile à se présenter.

C'est le cas notamment de la coalition "Koullouna Watani", qui appelle les électeurs à se mobiliser contre l'establishment politique traditionnel.

Une de ses candidates, Rima Hmayyed, a été violemment prise à partie dans un bureau de vote de la localité de Sarbine (sud), a rapporté Koullouna Watani.

Le Liban, qui accueille 1,5 million de réfugiés venus de la Syrie voisine, n'échappe pas aux répercussions du conflit.

Le Hezbollah intervient militairement au côté du régime syrien, et même si cet engagement divise la classe politique, les candidats se sont abstenus d'évoquer la délicate question de son arsenal militaire.

Son grand rival, le Premier ministre Hariri, soutenu par l'Arabie saoudite, devrait conserver son poste, même si sa formation, le Courant du Futur, risque de perdre plusieurs sièges.

Les prochains élus devront se pencher sur des questions politiques, mais aussi économiques et environnementales, dans un pays habitué aux coupures d'électricité quotidiennes, aux pénuries d'eau et à une crise de gestion des déchets ménagers qui perdure depuis trois ans.

Le Liban doit par ailleurs se lancer dans ses premières explorations d'hydrocarbures en Méditerranée, une possible manne financière pour un pays qui croule sous une dette publique culminant à 150% du PIB, le troisième taux le plus élevé à l'échelle mondiale.
 
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