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Législatives : Google et Apple accusés d’avoir «censuré» l’opposition russe

Vendredi 17 Septembre 2021

Législatives : Google et Apple accusés d’avoir «censuré» l’opposition russe
Les soutiens d’Alexeï Navalny critiquent les géants du numérique d’avoir banni une application censée organiser le vote contre le parti du président Vladimir Poutine.
 
Le mouvement de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny a accusé vendredi Google et Apple d’avoir cédé au Kremlin en supprimant l’application mobile permettant d’organiser le vote contre le parti du président Vladimir Poutine, au premier jour de législatives en Russie.
 
Cette annonce intervient après des mois de répression qui ont de facto écarté les détracteurs du président russe de ces élections. «Aujourd’hui, à 08H00, heure russe (07H en Suisse), Google et Apple ont supprimé notre application Navalny de leurs boutiques d’applications. C’est-à-dire qu’ils ont cédé au chantage du Kremlin», a annoncé sur sa chaîne Telegram Leonid Volkov, un responsable en exil de l’opposition.
 
Comme aucun candidat anti-Kremlin ou presque n’a été autorisé à se présenter aux législatives qui se déroulent du 17 au 19 septembre, les partisans de Navalny ont mis sur pied une stratégie dite du «vote intelligent» destinée à soutenir le candidat -- bien souvent un communiste -- le mieux placé pour mettre en difficulté celui du parti au pouvoir, Russie Unie.
 
Son application permettait aux utilisateurs de savoir pour quel concurrent voter dans leur circonscription. Par le passé, cette approche avait rencontré un certain succès, notamment à Moscou en 2019. Vendredi matin, cette dernière n’apparaissait plus dans les «boutiques» de Google et Apple en Russie, ont constaté des journalistes de l’AFP. Les géants américains n’ont pas réagi dans l’immédiat.
 
Banni pour «extrémisme»
 
Moscou multiplie depuis des semaines les admonestations  aux géants de l’internet refusant de supprimer des contenus jugés illégaux, notamment les publications du mouvement de Navalny banni pour «extrémisme» depuis juin.
 
Des représentants d’Apple et Google ont en outre été convoqués jeudi devant une commission de la chambre haute du Parlement, le Conseil de la Fédération. Des responsables russes avaient évoqué des poursuites pénales contre les plateformes refusant de se plier aux injonctions russes.
 
Plusieurs réseaux sociaux, Facebook en tête, ont déjà été condamnés à de nombreuses amendes, et le fonctionnement de Twitter est considérablement ralenti en Russie depuis des mois par le gendarme des télécommunications.
 
«Supprimer l’application de Navalny des plateformes est un acte honteux de censure politique. Le gouvernement autoritaire et la propagande russes seront ravis», a dénoncé sur Twitter Ivan Jdanov, qui fut le directeur de l’organisation de Alexeï Navalny, le Fonds de lutte contre la corruption, jusqu’à sa dissolution. «L’État russe tout entier et même les grandes entreprises de la tech sont contre nous, mais cela ne signifie pas que nous pouvons baisser les bras», a indiqué sur Telegram la chaîne de l’équipe de Navalny.
 
Quelque 108 millions de Russes sont appelés aux urnes de vendredi à dimanche pour élire les 450 députés de la chambre basse du Parlement, la Douma. La moitié est désignée au scrutin proportionnel de liste, l’autre au mode majoritaire uninominal.
 
Ne pas baisser les bras
 
La Russie étant étendue sur onze fuseaux horaires, le coup d’envoi a été donné dans les régions du Kamtchatka et de Tchoukotka, dans l’Extrême-Orient, à 08H00 locales (22H en Suisse jeudi). Les résultats seront connus après 20h (heure en Suisse) dimanche.
 
«Je n’attends pas grand-chose des élections, mais je suis venu exprimer mon opinion», a indiqué à l’AFP Alexander Chirokov, chauffeur de 55 ans à Vladivostok, en Extrême-Orient. «J’aimerais que les choses n’empirent pas», a indiqué pour sa part Irina Kochkaréva, retraitée de 76 ans. «J’aimerais que quelque chose change pour que nos enfants et petits-enfants puissent travailler».
 
L’essentiel de l’opposition a été bannie du scrutin, apogée de mois de répression entamés avec l’arrestation de sa figure de proue, Alexeï Navalny, alors qu’il rentrait en Russie en janvier après un empoisonnement dont il accuse le Kremlin.
 
Impopulaire, sur fond de scandales de corruption et de baisse du niveau de vie, Russie Unie compte moins de 30% d’opinions favorables selon les sondages. Mais la formation devrait néanmoins s’imposer, faute de concurrence réelle, les autres partis représentés à la Douma – communistes, nationalistes et centristes – étant dans l’ensemble dans la ligne du Kremlin. (AFP)
 
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